Toutes les deux semaines, les journalistes de Maze vous proposent un tour d’horizon des albums et EP qui ont fait l’actualité musicale.
Alice Phoebe Lou – Glow
La sud-africaine résident à Berlin Alice Phoebe Lou nous délivre un nouvel album tendre et sensuel Glow . La jeune artiste s’épanouie dans la capitale allemande, comme avec son autre projet Strongboi, pour nous délecter de sa douce voix et de sa musique au couleurs jazzy. La chanteuse se met à nu dans cet opus rempli d’histoires d’amour, d’expériences et de remise en question. « Voilà ce que vivre seule en 2020 à créer en moi » nous décrit Alice. Nous sommes comme bouleversé par la vulnérabilité des chansons qui ne donne envie que d’une chose : nourrir le monde de tendresse et de câlins. Alors que la tendance actuelle est à la distanciation sociale, Alice Phoebe Lou nous prend dans ses bras le temps d’un slow extra-terrestre de 45 minutes à la belle étoile. Un voyage cosmique de velours qu’on vous invite à découvrir seul ou surtout accompagné.
Coups de cœur : Glow, Heavy //Light as Air, Dirty Mouth, Lover//Over The Moon, Lovesick
Sortie le 19 mars
Thomas Soulet
CHINAH – Feels Like Forever
Basé à Copenhague, la formation CHINAH est l’une de nos découvertes les plus enthousiasmantes de ce début d’année. Sur Feels Like Forever elle precise le contenu de sa musique qui gravite à 100 a l’heure entre pop, folk, électronique et voix Lo-fi, mais pas que. Un groupe extrêmement contemporain qui gagne à être connu pour ses compositions RnB, comme sur Ideal, qui créent une passerelle superbe vers des sonorités relatives à hyperpop, pleinement tangibles sur le single Mysterious. Des sonorités alternatives et digitales pleines de langueur et de désir qui s’immisceront sans mal quelconque dans vos playlists.
Coups de cœur : What I’ve Become, Someday
Sortie le 19 mars
Caroline Fauvel
Feu ! Chatterton – Palais d’Argile
Trois ans après les fantômes de l’Oiseleur, les Feu ! Chatterton refont surface avec Palais D’Argile. Troisième album studio, produit par Arnaud Rebotini, bien ancré dans son époque. Le passionné de synthétiseurs analogiques produit ici un album qui prend en dérision le monde digital dans lequel nous vivons. Un monde dénué de proximité par le tout connecté, et ce, plus que jamais depuis maintenant un an, “Adieu vieux monde adoré”, “Derrière mon écran, mon écran total, je perdais les pédales”. L’écran qui fut d’ailleurs la toile d’inspiration de Feu ! quand ils foulaient, début 2020, le théâtre des Bouffes du Nord. Invités quelques semaines avant le premier confinement à créer un spectacle original, les Feu ! finiront par y faire émerger Palais D’Argile. Une fresque qui rend hommage à la magnificence de l’homme (le palais) sans omettre son caractère instable (l’argile). Un album qui nous rappellerait après ce chaos qu’un apéro zoom ce n’est pas la norme ; “je caresse ton visage sur mon écran tactile, que reste-t-il de sauvage, dis moi que reste-t-il ?”. À l’accoutumée, Feu ! Chatterton nous happe dans son monde d’entrée de jeu, voguant avec aisance entre les éléments : la poésie, les nappes hypnotiques et toujours ce grain de voix sucré qui baignent ce palais de feu et d’argile.
Coups de cœur : Ecran Total, Cristaux Liquides, Cantique, Monde Nouveau
Sortie le 12 mars
Guillaume Lacoste
Lewis Ofman – Dancy Party (EP)
Que reste-il de nos nuits mouvementées ? Des souvenirs lointains de club obscurs ou de foules déchainées devant une scène. À l’heure où la fièvre attend impatiemment d’animer à nouveau les corps et les âmes, on pourait se dire « la fête est finie » mais détrompez-vous, la fête n’est jamais finie et Lewis OfMan est là pour nous le prouver. Trois ans après son EP furieusement romantique Je Pense À Toi, le producteur parisien (Vendredi Sur Mer, Reijie Snow) revient avec Dancy Party, un cinq titres solaire et dansant pour détendre l’atmosphère anxiogène du monde. Un mini disque raffiné où il y fait bon danser sous la pluie (Rainy Party) ou au bord de la mer (Las Bañistas). Entre disco-house et électro-kitsch, Lewis Ofman fait de chaque titre un tube et se démarque par un style singulier où le synthétiseur est roi. On retrouve au détour de l’EP, deux titres en espagnol dont l’un en duo avec la chanteuse Alicia te Quiero qui déposent un peu de chaleur et de Méditerranée sur cette grande fête électrique qu’on n’aimerait ne jamais quitter. Aujourd’hui, on peut le dire, si un DJ nous sauve la vie, c’est bien lui.
Coups de cœur : Las Bañistas, Siesta Freestyle, Attitude
Sortie le 12 mars
Pauline Pitrou
Thomas Enhco et Vassilena Serafimova – Bach Mirror
Ce deuxième album collaboratif du pianiste jazz Thomas Enhco et de la joueuse bulgare de marimba Vassilena Serafimova, Bach Mirror se veut inspiré de l’œuvre du grand maître allemand, et se compose de treize morceaux – musiques originales et reprises flamboyantes. Dès son ouverture, Avalanche, l’album nous absorbe. Dans un clip dévoilé pour ce morceau, jeux de miroir et de lumière illustrent avec brio le son des deux virtuoses. Bach Mirror est un disque aux états d’âmes changeants : bourrasque mélancolique (Air – After Air on the G String) et souffle d’entrain se mêlent (Vortex). Une association d’instruments qui donne une tout autre dimension, plus moderne et inédite, à ces glorieuses hymnes baroques. Reflets contemplatifs et bain d’émotions à souhait.
Coups de cœur : Miroirs, Vortex, Chaconne, Reflets, Sur la route (on the Name of Bach)
Sortie le 19 mars
Leelou Jomain
VEGYN – Like A Good Old Friend (EP)
Le producteur britannique Vegyn continue de nous surprendre et de nous saisir avec sa musique supra-organique a l’électronique tantôt décousue, tantôt limpide. Au fil de l’écoute les partitions se composent et se décomposent dans de mêmes éclats vibrants. Toute la virtuosité de son travail se révèle comme toujours dans se collaborations rap, et c’est le cas sur le seul morceau de cet EP à reprendre ce schéma : I See You Sometimes en featuring avec Jeshi, qui révèle une vibe sans égal. Difficile de classer cet artiste dans une quelconque catégorie de musique électronique tant celle-ci est démultipliée, à l’image du progressif Sometimes I Feel Like I’m Ruining Songs, ou du plus minimal Mushroom Abolitionnist. Vegyn condense en seulement six titres toute la variété de son talent, un artiste et musicien indispensable.
Coups de cœur : I See You Sometimes feat Jeshi, Like A Good Old Friend
Sortie le 19 mars
Caroline Fauvel
Thérèse – Rêvalité (EP)
Enfin il est là ! La chanteuse Thérèse a dévoilé son premier EP de sept titres – parmi lesquels trois featuring avec Kengo Saito – le vendredi 12 mars. Rêvalité, un néologisme entre le rêve et la réalité donc. À la fois, musicienne, militante mais aussi styliste et modèle, Thérèse mêle dans ce premier enregistrement, ce qui la constitue en tant que femme et artiste : des paroles en français, en anglais, ou en chinois sur Chinoise ?, ses influences musicales de Nicolas Jaar à M.I.A. et ses questionnements face à la période actuelle et à nos identités. Grâce à la musique, elle plonge dans une forte introspection qu’elle nous offre avec le producteur lillois Adam Carpels et ses sonorités flirtant plus du côté du hip-hop. Rêvalité parvient à être en même temps un assemblage de toute cette hégémonie et une première oeuvre hybride, totale et cohérente. Un parfait équilibre sublimant la singularité artistique de Thérèse. Un désir de liberté et d’unité affiché : « Je danserai fière même en enfer. » clame-t-elle sur la chanson Apocalypstick. Nous aussi ! Et dès que les salles de concerts seront ouvertes, on se déhanchera dans la fosse au rythme de cette première bombe musicale.
Coups de cœur : Apocalypstick, Chinoise ?, Private Party.
Sortie le 12 mars
Diane Lestage
À retrouver aussi sur le site, les chroniques de Palais d’Argile (Feu!Chatterton) et de Into the Rest (Woom)