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Fashion Revolution : un collectif d’experts pour une mode éthique et responsable

“IT’S TIME FOR A FASHION REVOLUTION”

Fashion Revolution a été crée après la triste catastrophe du Rana Plaza en 2013. L’effondrement d’ateliers textiles a causé la mort de 1133 personnes et fait plus de 2500 blessés à Dhaka, au Bangladesh. Depuis l’année dernière, le collectif commémore cet événement, durant une semaine entière. A cette occasion, le collectif sensibilise sur l’importance d’une mode meilleure, plus éthique et responsable.

Fashion Revolution : un collectif qui veut faire bouger les choses.

Fashion Revolution, fondée par Carry Sommers, une créatrice de mode engagée, est une commémoration qui se déroule dans plus de 130 pays. Le crédo de l’organisation est “We love fashion, but we don’t want our clothes to come at the cost of people or our planet”. Pendant une semaine, des conférences, des films, des rencontres et des ateliers sont organisées autour de la mode ; le but est d’informer les consommateurs sur une mode plus durable et éthique mais aussi d’informer les marques sur les conséquences sociales et environnementales  de la production. La pédagogie, l’information, la bienveillance et l’échange sont les maîtres-mots de la Fashion Revolution Week, explique Hélène Sarfati-Leduc, fondatrice et associée du french bureau, les experts de la mode durable. C’est elle qui a organisé les événements sur Paris avec d’autre bénévoles. Toutes les personnes participantes sont bénévoles et toutes les animations sont gratuites, le but n’étant pas de faire du profit mais bien d’informer et de sensibiliser les consommateurs, les professionnels mais aussi les pouvoirs publics.

En plus d’organiser une commémoration pendant une semaine, Fashion Revolution c’est aussi un collectif d’experts qui, toute l’année, conseille et accompagne des marques et donne aussi des cours dans des écoles de mode. Hélène Sarfati-Leduc anime des conférences et des formations auprès de professionnels et d’écoles en plus de donner des cours.  C’est tout un écosystème de créateurs et de designers qui existe avec Fashion Revolution. C’est grâce à ce réseau que les organisateurs trouvent des créateurs pour animer des ateliers. Mais lors de la Fashion Revolution Week, on n’oublie pas que c’est avant tout un événement mode, ainsi un défilé était organisé dimanche 29 avril à la fondation GoodPlanet. Toutes les marques présentes lors du défilé sont engagées au respect de l’humain et de la planète sur toute la chaîne de production ; la plupart n’ont utilisé que des matières recyclées. Pour voir le défilé et pour plus d’informations vous pouvez le retrouver sur la page Facebook de l’organisation, Instagram ou encore Twitter. Sur le site du collectif on peut notamment trouver des supports pour des cours et des guides pour les marques et des guides d’actions pour les consommateurs (en anglais). Ces guides proposent à la fois des alternatives pour les marques et des nouvelles manières de d’acheter pour les consommateurs.

Un hashtag pour questionner les marques.

Fashion Revolution propose aux consommateurs d’interroger les marques sur la fabrication des vêtements. Tous les jours, chacun est invité à  prendre une pièce de son dressing, à se prendre en photo, avec l’étiquette apparente, pour interpeller la marque sur les réseaux et leur poser la question « Who made my clothes ? », #whomademyclothes. Le but est d’inciter les consommateurs à se questionner sur la chaine de production du vêtement ; depuis le cultivateur de la matière première jusqu’au confectionneur et enfin au distributeur. C’est la curiosité des consommateurs qui peut faire réagir les marques et ainsi changer les choses.

Le collectif n’oublie pas les marques. Elles sont aussi encouragées à prendre la parole et à afficher plus de transparence, explique Hélène S-L. Désireux de favoriser l’humain, le collectif espère pouvoir ainsi découvrir le visage et entendre les histoires des fabricants et des producteurs. Les marques peuvent apporter des réponses aux consommateurs avec le hashtag #imadeyourclothes. Hélène S-L est elle-même convaincu que l’on peut changer les choses. Pour prendre d’autant plus conscience du phénomène elle propose notamment de visionner le documentaire River Blue, un film anti fast-fashion. Présenté au festival du film de Vancouver en 2016, le documentaire suit  Mark Angelo un expert en eau mondialement connu dans divers pays Inde, Bangladesh et l’Indonésie.  Le film montre l’industrie textile comme la deuxième industrie la plus polluante au monde en mettant en évidence les désastres écologiques provoqués par l’industrie et les conséquences sur l’environnement et la santé des populations.

Les ateliers, comprendre la confection d’un vêtement.

S’il y a autant d’ateliers lors de la Fashion Revolution Week c’est parce que c’est le meilleur moyen de comprendre la vraie valeur d’un vêtement. La confection est longue et minutieuse, sans parler du processus créatif qu’il y a en amont. A l’heure de la délocalisation massive des grandes multinationales, qui se sont presque toutes installées en Asie, on oublie le temps qu’il faut pour faire un vêtement. Pour Hélène S-L, cela permet de rapporter la valeur du savoir-faire de la main de l’homme. Les ateliers permettent de rencontrer des créateurs passionnés qui nous sensibilisent aux problématiques du monde de la mode aujourd’hui. À Paris, il y avait des activités variées, notamment un atelier couture avec Louis-Antoinette, un atelier tricot avec WoolKiss, un atelier broderie avec Diana Salvidar et un atelier petite maroquinerie avec Madame Chat.

Nous avons assisté, samedi 28 avril, à l’atelier broderie organisé par Diana Salvidar. Avant de commencer à broder, elle nous demande ce que l’on vient faire là, nos attentes, nos motivations. Ensuite. elle explique ses propres motivations,  nous sensibilise au travail de la broderie. Venant du Mexique, la créatrice nous a expliqué l’importance de cet art dans le pays, notamment pour les populations indigènes. La broderie est liée à la nature, à la culture et aux croyances de ces populations. Derrière la broderie, il y a des émotions et une histoire que l’on oublie dans ces productions de masse. La créatrice avait préparé deux modèles à broder, deux modèles importants pour la culture mexicaine et pour la planète ; ils représentaient deux espèces en voie de disparition. L’une était une plante (un cactus) l’autre était un petit animal vivant dans un lac, un ajolote (voir ici).

La confection n’était pas une mince affaire. L’atelier devait durer une heure et demi et, même prolongé, personne n’a eu le temps de finir sa broderie. D’après la créatrice, il faut un peu plus de 5 heures pour finir une broderie comme celle-ci, en tout cas au début. La broderie est un travail de longue haleine. Participer à un atelier de la sorte permet de réaliser, même quand on est manuel, qu’il est normal qu’un vêtement avec de la broderie soit plus cher car derrière il y a  un véritable savoir-faire. La réalisation est longue, précise et minutieuse, la main de l’homme est nécessaire. Il y a tout une question d’histoire derrière la broderie. Diana Salvidar en a profité pour rappeler qu’il faut toujours faire attention en voyageant au Mexique d’acheter des broderies de confection équitable. En plus d’en avoir appris plus sur la confection de vêtement, les participant.e.s sont rentré.e.s chez eux avec la satisfaction d’avoir créé quelque chose de leurs propres mains.

C’est en réunissant tous les acteurs de cette industrie que l’organisation pense rendre ce changement possible. De plus en plus de monde se rend compte aujourd’hui de l’importance de changer nos modes de consommation, et la mode est d’autant plus touchée grâce aux réseaux sociaux. Plus les initiatives telles que Fashion Revolution prendront de l’ampleur, plus nous pourrons espérer entrer dans une nouvelle ère de la consommation ; responsable, cette fois.

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