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Nos ateliers, première marque française de vêtements pour personnes de petite taille

Il peut suffire d’une rencontre pour que tout change. Ça a été le cas de Romain et Marion. Suite à leur rencontre avec Louise, une jeune femme de petite taille, ils ont le déclic, et se lancent dans l’aventure de l’entrepreneuriat avec l’envie de répondre à un réel besoin et de venir en aide à leur amie. C’est sous le doux soleil d’un mardi après-midi que j’ai rencontré ces deux jeunes, de 20 et 23 ans, qui m’ont raconté, des étoiles dans les yeux, ce qui les avait poussé·e·s à créer leur marque, Nos ateliers.

Quel est votre parcours ? Qu’est ce qui vous a mené à créer Nos ateliers ?

Romain :  On est tous les deux étudiant·e·s en droit, on s’est rencontré il y a à peu près trois ans, à la fac, à Paris. On est d’abord devenu·e ami·e·s, puis on a rencontré Louise – femme de petite taille –  avec qui on est devenu·e super ami·e·s.  Tous les trois, on avait cette relation d’amitié, et puis au fur et à mesure des discussions et du temps,  on s’est rendu compte qu’une marque pour les personnes de petite taille, ça n’existait pas. Du coup on a commencé à chercher, on s’est un peu renseigné·e. Ça nous choquait un peu en fait, ça nous paraissait évident que quelqu’un l’avait déjà fait. Quand on a vu que ça n’existait pas, on l’a fait.

Marion : On a rencontré plein de personnes de petite taille qui nous ont raconté leurs difficultés à s’habiller. C’est comme ça qu’on a pu établir la collection, avec des modèles qui étaient vraiment ciblés en fonction des soucis qu’ils avaient.

Un certain attrait pour la mode ?

Romain : Au début non. Ça n’allait pas plus loin que du shopping de temps en temps !

Marion : Oui, au début pas du tout. C’était vraiment pour monter un business, monter une boîte ensemble.

Romain : On avait tous les deux cette soif de créer.

Marion : On est très créati·ve·f·s tous les deux, ça ne nous a pas posé de problème. Mais le vêtement on connaissait pas du tout. Le vêtement, les tissus, les usines, on a appris au fur et à mesure…

Romain : On a appris surtout sur la mode. C’est vraiment le milieu qu’on a eu le plus de mal à intégrer je pense : de l’industrie de la mode à la conception d’un patron… On en a fait quelques-uns pour se marrer mais finalement on a délégué ça à un bureau d’étude parce que ce sont des choses super techniques qu’on a pas apprises à faire.

Marion : On a surtout appris les termes techniques dans la mode pour pouvoir contrôler un peu le travail qu’on donnait, on n’a pas appris à faire, enfin c’est pas notre créneau. Par contre on dessine les vêtements, on a créé notre ligne.

Romain :  Ça, ça nous a bien fait marrer. On a aussi préparé une ligne pour les hommes. Initialement, Marion s’occupait de la ligne pour les femmes et moi de celle des hommes, et c’était marrant de faire ce qu’on a envie de porter mais pour les personnes de petite taille. Finalement, on retarde un peu la sortie de la collection homme, on a envie de voir comment ça marche avec les femmes.

 Comment décririez vous le style de vos vêtements ?

Marion : Hyper simple, classique et épuré. On s’est beaucoup inspiré de COS. On a voulu repenser les essentiels de la garde robe féminine.

Romain : On a vraiment choisi les pièces après toute notre étude de marché, en rencontrant toutes ces personnes de petite taille. On a fait trois pièces : une robe, une chemise et un pantalon.  Ce sont les trois pièces les plus dures à trouver, les plus chères à retoucher. Ce sont des pièces hyper fittées, qui doivent bien tomber. On ne peut pas avoir une chemise avec des manches trop longues, ou une emmanchure trop grande. Il faut que ce soit à ta taille, du coup ce sont ces vêtements-là qu’on a choisis.

Marion :  On a mis en place dans chaque vêtement des systèmes qui s’adaptent aux personnes de petite taille. Par exemple, à l’intérieur du pantalon on a mis un élastique  pour resserrer la ceinture, pour que ça colle bien à la cambrure des personnes de petite taille. Pour la robe, on a décidé de faire une coupe cache cœur, très modulable.

Romain : Le plus gros de travail a été de récolter des mensurations, le plus possible. On en a récolté plein à travers le monde, et on en a fait trois tailles : A, B et C. On a décidé de les appeler comme ça pour changer des S, M, L. C’est ce dont je suis le plus fier.

De combien de personnes est constituée votre équipe ? Comment se déroule la production ?

Marion : On est deux au centre de l’organisation.
Louise Perrotte qui s’occupe de toutes les relations presse, et qui commence petit à petit à s’occuper des réseaux sociaux.
Il y a aussi Louise Parent, notre égérie, mannequin et amie, qui teste avant tout le monde tous les vêtements qu’on fait. Son avis à elle, c’est peut-être le plus important pour nous. C’est à elle qu’on fait tout essayer, c’est avec elle qu’on prend nos photos. C’est une source d’inspiration.
Sinon beaucoup d’amis nous ont aidés pour les photos, le branding et l’image de la marque. Nos frères et sœurs nous ont aidés pour Photoshop.

Romain :  On est aussi en pourparler avec plusieurs usines. On a un devis pour chacune d’elles. Notre choix dépendra vraiment du crowdfunding. On a fait un système de pré-commandes. Du nombre de pré-commandes dépendra le lieu de fabrication !
Et pour le crowdfunding, c’est donc à la fois un système de pré-commandes, pour les personnes de petite taille et un système de budget avec des récompenses pour des personnes qui voudraient investir dans notre projet.
On ne pense pas ouvrir une boutique en dur, ce n’est pas le but, notre relation avec le client va se faire uniquement sur le net. Par contre on envisage vraiment de faire un pop-up store, on est en train d’y penser.

 Où avez vous acheté les matières premières ?

Romain : Pour les premiers prototypes, on est allé au Sentier, au marché Saint Pierre. On a aussi fait le salon Première Vision, c’est là qu’on a vraiment sourcé et vu la qualité qu’on voulait. Finalement, on a travaillé avec chaque usine pour trouver des matières qui correspondaient à nos idées chez leurs fournisseurs.

Le crowdfunding, est pour vous un bon moyen d’estimer la demande ?

Marion : Ça nous permet de tester notre marché. On a pas mal de retours positifs de personnes de petite taille et on a déjà des commandes, qu’on est en train de faire en avant-première.

Romain : Sur instagram, on a 500 abonnés de petite taille, c’est cool, et on en follow encore plus. On a beaucoup plus de followers à l’étranger qu’en France. Du coup c’est cool de voir tous les retours de filles qui sont aux USA, en Australie, en Angleterre et qui nous disent « C’est trop génial ! Quand est ce que ça arrive ? » ou  « J’ai un mariage en avril, est ce que vous pourriez m’en faire une avant ?  ».

Votre diffusion se fait/va se faire beaucoup par les réseaux sociaux ?

Marion : Oui, on est sur Instragram, Facebook et Twitter (depuis peu). On essaie de publier assez souvent, on a pris des ambassadrices, trois filles de petite taille qui nous aident un peu dans leur ville. Louise, notre Community Manager, nous aide aussi beaucoup pour ça !

Romain : On est aussi en relation avec pas mal d’associations, une dans chaque pays. On est en relation surtout avec la France, l’Espagne, le Québec, et le Danemark. La France, on va les rencontrer bientôt, et les trois autres nous soutiennent déjà. Notre objectif, via le crowdfunding et les réseaux sociaux, c’est d’atteindre les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie.

Comment se passe l’aventure de l’entreprenariat ?

Marion : On a eu pas mal de couacs. Nous deux, ça a toujours bien marché donc ça, ça va. Mais après il y a des personnes avec qui on a travaillé avec qui ça n’a pas marché tout de suite… On commençait, on avait jamais rien monté avant, c’est compliqué de travailler avec des personnes qui ont le double de notre âge, surtout dans un milieu qu’on connaissait pas très bien au début. Mais franchement c’est que du plus pour nous, ça nous motive pour les cours, dans notre vie à côté..

Romain :  Là il y a de plus en plus de personnes qui nous aident et c’est trop cool ! Les débuts n’ont pas été faciles mais on s’est bien entouré·e·s et on sent que les choses roulent de mieux en mieux ! Il y a une semaine on a vraiment réalisé que c’était la plus belle chose de notre vie, toute cette création.

Coluche disait : « Dans la vie, il n’y a pas de grands, pas de petits. La bonne longueur pour les jambes, c’est quand les pieds touchent bien par terre. » Cette phrase, qui ne pouvait pas mieux tomber est un slogan de l’APPT – Association des personnes de petite taille, et a été reprise par Patrick Petit-Jean, président de l’association. Chaque jour, il oeuvre pour que les personnes de petite taille – au nombre de 10 000 en France –  soient valorisées et puissent évoluer en toute sérénité dans la société. En créant Nos Ateliers, Marion et Romain ont ajouté leur pierre à l’édifice, et n’est ce pas cela l’entrepreneuriat de demain ?

Retrouvez Marion et Romain : Facebook, Instragramleur site et enfin leur crowdfunding

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