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Fashion Week parisienne, l’heure du bilan

Corbis via Getty Images

Suite et fin de la Fashion Week parisienne. Superpositions, confusion des nuances, éco-responsabilité et, évidemment, fin d’un règne chez Chanel. Retour sur une semaine de la mode pleine de surprises.

Entre ombre et lumière

Si l’on avait remarqué un festival de couleurs en première partie de cette fashion week, les créateurs ne se sont pas tous mis d’accord sur les nuances à adopter pour la prochaine saison Automne/ Hiver. Notamment les Japonais, qui ont opté pour des balances sombres et des nuances plus sobres. Les mannequins du créateur Yohji Yamamoto se drapaient de noir, le vendredi 1er mars. Jeu de matières, drapés et tombés épais, la collection rendait hommage à la tapada limeña, la femme péruvienne qui se drapait de noir et ne laissait apparaître qu’un oeil. Une tradition durant l’époque coloniale espagnole, qui promettait aux femmes l’anonymat tout en créant une forme de jeu de séduction.

Chez Comme des Garçons cette fois, la tendance était au volume. Jupes boules, épaulettes, superpositions excessives, coupes parfois médiévales, parfois baroques, l’enseigne japonaise ose l’extravagance, comme toujours, tout de noir vêtu, évidemment. L’hiver prochain, il faudra donc choisir entre les pièces lumineuses, presque flashy, de chez Jacquemus, Saint-Laurent ou Talbot Ruhnof, et les collections plus obscures de Yohji Yamamoto, Sacai ou Comme des Garçons.

Model wears an outfit , as part of the women ready-to-wear winter 2019 2020, women fashion week, Paris, France, from the house of Yohji Yamamoto ©PIXELFORMULA/SIPA

Green is the new black

Parce qu’elle est particulièrement polluante et dévastatrice, l’industrie de la mode se veut parfois militante. La semaine de la mode parisienne a donc été marquée par des initiatives de créateurs avec, notamment, l’habituée des grandes causes Stella McCartney et son défilé mettant en lumière la déforestation de la forêt tropicale de Sumatra. Végétarienne et anti-fourrure et cuir affirmée, la créatrice a choisi d’alerter sur la destruction de la forêt indonésienne où la faune s’y trouve menacée. Dans une logique éco-responsable, le défilé, faisant suite à sa campagne instagram #ThereSheGrows, présentait une collection utilisant chutes de tissus, invendus et cuir végétal. Même technique d’upcycling pour Andreas Kronthaer, mari de Vivienne Westwood, et créateur de la dernière collection de l’enseigne. Le créateur a cherché à revenir à l’essence de la mode en s’interrogeant sur la surconsommation, et a décidé de bâtir son défilé sur des tissus collectionnés pendant 30 ans. Une mode éco-responsable qui laisse espérer une réelle démarche indémodable.

Une nouvelle ère Chanel

Le 19 février dernier, disparaissait Karl Lagerfeld, figure emblématique de la haute couture. Directeur artistique de Chanel depuis 1983, le créateur avait su allier héritage de la maison Chanel et modernité. Si la maison ne portait pas son nom, elle en gardera inévitablement son empreinte, et la fin de son règne au sein de l’enseigne française signe un réel bouleversement dans l’histoire de la mode. Il s’agissait donc du dernier défilé supervisé par le créateur allemand. Une collection sous la neige entre les chalets d’un village de montagne. Défilé de mannequins et égéries emblématiques de la maison, l’émotion était réelle pour ce dernier hommage. Une charge émotionnelle qui n’empêche pas d’apprécier les pièces de la collection : du tweed indémodable, des motifs pied-de-poule et de la fourrure, le tout sur des coupes modernes et élégantes. Un véritable échantillon du travail considérable de Karl Lagerfeld pour Chanel. Mais le créateur n’aura pas laissé la maison orpheline très longtemps puisque Virginie Viard lui succède. Membre de l’entreprise Chanel depuis 1987, en charge de la broderie puis directrice du studio de création mode, la créatrice connaît la maison et n’aura pas de mal à faire perdurer l’héritage laissé par Gabrielle Chanel et Karl Lagerfeld.

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