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La mode en temps de guerre. Pour vous, mesdames !

« La mode en temps de guerre. Pour vous, mesdames ! » est une exposition temporelle du Centre d’histoire de la résistance et de la déportation (CHRD, situé à Lyon) qui porte un regard nouveau sur la mode Lyonnaise à travers la période compliquée que fut la Seconde Guerre Mondiale. Cette exposition, on ne peut plus vivante, fait l’éloge de la dignité des femmes à travers les vêtements, à l’aide de témoignages bouleversants, attachants et plein d’ingéniosité. Maze Magazine vous emmène au cœur de cette exposition où la coquetterie côtoie l’Occupation.

©Eloïse Prével

L’exposition s’ouvre sur une série de mannequins arborant des tenues de la série télévisée française « Un village français ». Le CHRD a travaillé en étroite collaboration avec les couturiers de la série afin de proposer les diverses tenues des années 40 revêtues par les femmes de la série. Ce clin d’œil télévisé fait office d’introduction à l’exposition elle-même : on comprend que les personnages féminins du village français ont du s’adapter aux conditions de l’occupation allemande. Leurs habits font alors office de vitrine de leur classe sociale, mais plus encore, sont le reflet de leur évolution, à l’image d’un des personnages qui voit ses vêtements s’assombrir au fur et à mesure des épisodes et de sa déchéance.

©Eloïse Prével

Mais l’exposition commence vraiment dans une petite salle souterraine et sombre, où les différentes pièces collectées pour l’occasion (robes, chaussures, magazines, sacs à main …) sont magnifiées par les jeux d’éclairage. S’alternent alors vêtements, magazines de l’époque, explications, anecdotes, bornes interactives afin de plonger le visiteur dans les années 40 à Lyon qui était alors devenue la capitale de la mode avec le repli des diverses maisons de coutures parisiennes dans la ville. On suit au détour du contenu d’un sac à main ou bien d’une robe de mariée, le quotidien des femmes lyonnaises qui ont tenté de s’adapter à la dureté de la guerre. Les magazines de l’époque, à l’image de Marie-Claire, font alors preuve d’une ingéniosité et d’une créativité débordantes afin de proposer à leurs lectrices des moyens simples de recycler leurs vêtements afin de rester coquettes malgré la pénurie de textile. Le témoignage de Jeanne Guillin (alors adolescente Lyonnaise) en témoigne : « J’avais coupé cette jupe dans le pantalon de mon père, j’avais fait ce sac en ficelle, j’avais utilisé de la grosse toile pour faire des chaussures. J’avais deux jupes, une robe et pas davantage, avec ça on arrivait quand même à être élégante. »

©Pierre Verrier

Mais il n’est pas juste question ici de coquetterie, ce serait bien mal comprendre l’exposition et l’enjeu même de l’époque. Les vêtements n’étaient pas juste une manière de s’embellir, mais bien plutôt un moyen de rester digne. Dans un contexte chaotique de pénurie et d’occupation où les tâches élémentaires comme se nourrir ou protéger ses semblables devenaient un défi, la maîtrise de son apparence était la bouée de sauvetage : elle permettait de contrôler le peu de choses qui pouvaient l’être : soi-même, son image. Les vêtements deviennent alors un acte de résistance, une manière de rester digne malgré les évènements extérieurs. L’exposition prend également en compte la minorité de femmes toujours capables de rester clientes des maisons de Haute Couture, comme si ces dernières loin d’un unique besoin de superficialité, entendaient clamer haut et fort l’élégance à la française aux yeux des occupants.

©Pierre Verrier

L’exposition est d’actualité jusqu’au 13 avril 2014 au CHRD à Lyon. Pour plus d’informations, consultez leur site : http://www.chrd.lyon.fr/chrd/sections/fr/expositions/expositions_temporai

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