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Beauregard 2012 – Do you know John ?

6 juillet, on y est ! Enfin ! Après plusieurs mois à rêver des concerts promis par la programmation que “John” nous réservait, j’arrive dans les jardins du château de Beauregard munie de mon bracelet en plastique bleu. Juste à temps pour apercevoir le chanteur fou de Killing Joke : Jaz Coleman. Mais pas le temps de s’attarder, il me faut une bonne place pour aller applaudir Selah Sue. 20h30. On y est, la voilà. La belle blonde commence à nous envoyer au septième ciel avec sa voix inimitable. Pas de doutes, elle est parfaite  ! 22h45, les déjantés Shaka Ponk et leur emblématique singe envoient la sauce. Je suis persuadé que la plupart des gens ayant vu Shaka Ponk en concert pourront vous assurer que d’être dans la foule, c’est mortel.

Même avant que le concert commence, les gens sont fous, pogo à volonté, le fameux “tous à gauche, tous à droite”, des slameurs fous. Bref, un vrai concert de festival ! Ensuite, direction la scène A – la plus grande- pour applaudir The Kills. Un fond léopard en lumière violette, des batteurs synchronisés tapant sur des tonneaux et les voilà : Alison et Jamie. Et là c’est l’extase. 2h00 :  place aux british Metronomy. La soirée du samedi commence pour ma part à 18h30 pour voir la “fille de”, la tordue : Izia. En concert, elle est l’excentricité parfaite. Une répartie de fer et une voix en or. Certains ont même dû être vexés par ses réflexions, plutôt cocasses. Un strident “A pooooooooiiiiiiil Iziiiiiia“, elle répond un magique : “Ta gueule jeune homme imberbe à la sexualité inexistante“. On aime ! 19h30 place à Kaiser Chief, et sans mentir, ils sont bons ces petits anglais ! C’est à partir de ce moment précis qu’un invité -presque- surprise s’est mis à squatter le festival : la pluie.

Hugo Simon – Samedi

Et hop, ni une ni deux, j’enfile mon k-way. “John is wet with you” qu’ils disaient. Et puis, la pluie, la boue et l’alcool donnent des réactions plutôt bizarres chez les gens. Ainsi, j’en ai vu se rouler dans la boue. On rigole un bon coup en les voyant et puis direction Jean-Louis Aubert. J’ai d’ailleurs été vraiment surprise par la diversité du public à ce concert, et d’autant plus de voir à quel point il tenait la forme. Chapeau bas ! Surtout quand en plein milieu de “Ça c’est vraiment toi“, Jean-Louis et ses musiciens font des folies en jouant la relique de Led Zepplin “Whole Lotta Love“. Puis direction le monde en bleu de Sébastien Tellier, pour ensuite se diriger -toujours dans la boue et sous la pluie- vers Gossip et la déjantée Beth Ditto. 1h00. Un Caenais sur scène : Orelsan. Le vilain petit canard du rap sort de son trou et nous proposes un show exceptionnel. Maintenant, il est 2h00. Le duo masqué entre en scène pour un DJ set de deux heures. Sur les grands écrans, on voit la foule déchaînée et les slameurs passer. On danse, malgré la pluie et la boue. Les Bloody Beetroots en concert, une fois dans sa vie il faut les voir ! Le dimanche était plus calme, et le soleil était présent. Alors, la boue de la veille avait laissé place à de la paille pour que les festivaliers évitent de glisser. Mais l’odeur était, comment dire… sympathique. On commence par Thomas Dutronc, entouré de ses guitaristes, les sons manouches nous emmènent ailleurs. Ensuite, le duo des belles Brigitte, vêtues de robe argentées et entourées d’une chèvre et d’un mouton, nous font rêver avec leur désormais mythique reprise de “Ma Benz” du groupe NTM. En quelque mots, le festival Beauregard, c’est un festival à faire. Et avec depuis 4 ans une programmation digne d’un Glastonbury !

Baptiste a passé le festival du côté Presse, pour vous, et il a rencontré Orelsan et Sébastien Tellier, et a également pu se mettre à l’abris lors des intempéries, et cela n’a pas de prix !

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Rencontre avec Sébastien Tellier

Comment as-tu écrit cet album ?

J’ai écrit l’histoire de ma vie quand j’avais 20 ans, et j’ai mis les albums que je voudrais faire, je suis allé chercher l’inspiration dans la transe, la transe me fascine. J’ai bu des potions magiques et j’ai fait des rêves bleus, j’ai compris plein de choses alors que je ne voyais rien de spécial, je me suis mis à composer en pensant à ce rêve bleu, et c’était vraiment une rivière de musique.

Ta devise ce serait : Sexe, Politique, Religion ?

Ce que j’aime c’est ce qui me domine, j’aime les sujets qui nous surpassent, on est l’esclave du sexe, on est l’esclave de la politique car il faut bien vivre ensemble et de sa famille, dieu c’est pareil, c’est ça qui me plaît, me sentir dominé, je fais une introspection, comme un enfant, là par exemple, en m’intéressant à dieu j’ai compris au fur et à mesure ce qu’étais la foi. Par exemple là on se balade en ville, on fait les magasins, et puis on arrive devant une église, et on rentre dans l’église et ce n’est plus du tout pareil, c’est ce que je voulais faire.

Le studio c’est ton église ?

Le studio c’est plus mon refuge, c’est là où je prévois tout, et puis après je considère que la scène c’est mon temple, moi face aux autres, je délivre mon message, c’est sur scène que ça se passe.

Qu’est-ce que tu aimerais voir sur le festival ?

Il y en a beaucoup que j’aime bien. J’aime bien Gossip, ils passent après moi donc ce sera facile de les voir, j’aime bien Shakaponk aussi, et puis j’aime bien Franz Ferdinand, ainsi que The Kills évidemment.

S’il y avait une « Radio » Sébastien Tellier, qu’est-ce que tu passerais dessus ?

Moi je passerais Steevie Wonder, Elvis, le king de tous les king, Bernard Ilous, un vieux chanteur des années 70, j’aime bien aussi, ah, je ne sais plus comment ça s’appelle, mais aussi Giorgio Brother, je pourrais passer toutes les musiques, à part les chants nazis, je n’aime pas les chants nazis.

Qu’est-ce que tu aurais envie de dire à dieu aujourd’hui ?

De me prouver qu’il existe, je lui dirais « Mec, on est en train de faire n’importe quoi, c’est l’enfer sur terre », je supplierais Dieu qu’on puisse être vite ailleurs, aujourd’hui c’est une société factuelle, qu’est-ce qu’on en a à Foutre, il faudrait changer le monde, moi je n’ai pas le temps, les Hommes n’ont pas le temps en une vie, il faudrait tout repeindre en bleu, faire des colloques, des meetings.

Quel est l’avenir de « l’alliance bleue » ?

Le but de l’alliance bleue c’est de créer un parc d’attractions pour adultes pour que les adultes puissent s’amuser, moi quand je rentre dans une boulangerie j’ai envie de voler des bonbons, c’est juste ça la finalité, si il y a des gens qui vivent assez longtemps dans le domaine j’ai envie de filmer la liberté, personne n’est libre aujourd’hui. Aussi je crois que la meilleure façon de réflechir c’est en rigolant, c’est quand on s’amuse qu’on réfléchit mieux, et je veux que les adultes s’amusent pour qu’on puisse s’amuser.

Si tu étais dans Secret Story quel serait ton secret ?

Je n’ai pas vraiment de secret, peut-être des petits frottis frottas avec des potes à l’adolescence, quand je fais de la musique je suis sincère, je n’ai pas vraiment de secret, je ne serais pas vraiment un bon candidat dans la boite à secrets, pardon, le machin à secrets.

(Sébastien Tellier commence à se rouler un joint, NDLR)

Tu te trouves subversif à fumer un joint en conférence de presse ?

Pas réellement, comme j’ai pas eu le temps de le faire en loge, je le fais ici, je suis plus moi-même quand je fume que quand je ne fumes pas. Si encore je me faisais un trait d’héro là on dirait tiens il se la joue Pete Doherty, mais fumer un joint franchement… C’est comme si je cueillais une fleur ou que j’embrassais un papillon.

En bref dieu est un fumeur de havanes ?

Moi je fume des joints mais je ne conseille à personne de le faire, je suis tombé dedans, j’avais peur du monde, quand je fume j’ai une vision plus troublée, je me sens protégé, comme dans un vêtement tout doux, ça me permet d’être confortable dans une situation inconfortable.

Que faut-il faire pour rentrer dans ton alliance bleue ?

Acheter mon disque, et plusieurs par personne, et puis il y a des tests de personnalité, et pour monter dans la hiérarchie, faire du prosélytisme et faire des dons d’argent, c’est quelque chose qui est aussi basé sur un rendement financier qui est important.

Tes lunettes bleues c’est en hommage à Michou ?

Si tout le monde était comme Michou, la terre serait beaucoup mieux. Bon bien sûr il y aurait peut-être un peu moins de reproduction. Je le connais parce que j’ai enregistré mon deuxième album juste à côté de son cabaret. C’est un mec qui invite les clodos et les petites vieilles à venir manger dans son cabaret donc si tout le monde était comme ça la vie serait fabuleuse.

Tu as mis pratiquement deux ans pour cet album.

C’est important de changer, si nos gouts, nos amours n’ont pas évolué, à quoi ça sert de faire un disque. Je hais le cinéma français, je me suis forcé à en regarder, et une fois que j’ai aimé ça, je me suis dit : « j’ai changé », j’ai des petites techniques personnelles, des repères.

Le dépassement de soi, l’excellence, la beauté, sont-elles encore des valeurs artistiques ?

Quand on se donne beaucoup, personne ne le remarque, quand on se donne à mort, c’est pareil, il faut se surpasser, aller là où personne n’est jamais allé, en revenir et dire : « c’était comme ça », il faut des sujets intenses. La beauté, je ne pense pas que ce soit ce qui qualifie la musique actuelle. L’excellence, on est obsédés par ça, je n’aime pas quand ça sort du cadre, je suis obsédé par la perfection, que je n’arrive pas à atteindre, ce sont comme des luttes. Mes buts c’est ceux-là : trouver la beauté ultime, être un mec génial.

Comment être idéaliste quand on est marginal ?

Ca va souvent de paire, quand on est idéaliste on est marginal. Il n’y a pas de place pour la poésie, je ne le suis pas vraiment, je ne dis pas que je veux changer le monde, je veux juste faire un parc d’attraction pour adultes, ce que je propose est petit.

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Rencontre avec Orelsan

Es-tu fier de représenter la ville de Caen ?

Oui carrément, ce n’est même pas une fierté, c’est peut-être plus une indication pour que les gens comprennent d’où l’on vient, quand je parle de Caen c’est pour parler de toutes ces villes de province entre 100 et 500000 habitants.

Est-ce que tu te définis comme Geek ?

Non, pas vraiment, ça veut tout et rien dire Geek. A partir du moment où on aime l’intérieur de l’ordinateur et pas les fonctionnalités, on l’est, je sais installer une carte son *rires* j’aime vraiment internet, c’est quelque chose que j’aime bien, sans vraiment me forcer.

Qu’est-ce que tu écoutes habituellement ?

J’écoute de tout, du rap, du R’n’B, beaucoup de classique évidemment, beaucoup de soul, de l’électro, je n’ai pas de goûts fermés.

Que penses-tu du fait d’être venu à Beauregard ?

C’est la quatrième édition, c’était un peu un objectif de venir ici, la programmation est mortelle.

L’un des slogans de Beauregard cette année c’est « Be the person your mum thinks you are », qu’en pense tu ?

Je ne suis pas sûr que ce soit l’objectif de tout le monde, est-ce que le succès m’a responsabilisé ? Oui, des gens vivent grâce à ma musique.

Tu es un peu le porte-parole d’une génération ?

Ca je ne m’en occupe pas, c’est plutôt à titre personnel, je fais de la musique pour fuir mes responsabilités mais au final ça ne marche pas.

Autographe d’Orelsan

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Autographe de Joseph Mount et Oscar Cash – Metronomy

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Rédigé par Baptiste Thevelein et Chloé Tridera.

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