MUSIQUE

Rencontre avec Betty, l’instigatrice des Bonus Stage

Photo : © Hélène Feuillebois


Après avoir dansé toute l’année et foulé le sol de bon nombre de clubs parisiens avec nos plus vielles sneakers, il est certainement temps de la clôturer par une soirée qui s’annonce des plus chaudes. Jeudi prochain et pour sa 11ème Bonus Stage, Betty invite le talentueux et fondateur du label Hyperdub, Kode9. On retrouve également les jeunes pousses de la club music française Retina Set et DJ Ouai ainsi que Orlando Volcano, du label Escape From Nature.

Les Bonus Stage sont nées à la Java dans le cadre des Jeudi Minuits. Se déroulant tantôt à Paris tantôt à Londres ; ce sont des rendez-vous réguliers mettant en valeur la scène club music française peu représentée. Ces soirées rythmées par une programmation toujours explosive et  variée sont à l’image des sets de son instigatrice. Betty est l’une des DJ françaises les plus talentueuses, ses sets sont si progressifs et dansants qu’il est impossible de ne pas se prêter au jeu. Capable de balancer un MHD suivi d’un Zini pour notre plus grand plaisir.

En plus de la programmation régulière de ces soirées, Betty a plus d’une corde à son arc. Elle est membre de la House of Mizrahi, l’un des crew les plus actifs de la scène ballroom / vogue parisienne et présente un show mensuel sur la radio Rinse France où elle nous passe ses plus belles pépites. Avec deux Boiler Room à son actif, des bookings dans tous les clubs de la capitale et un peu partout en Europe (dont récemment le prestigieux Outlook festival), rencontre avec l’instigatrice des Bonus Stage pour nous parler de sa 11ème édition.

Artwork par Studio Jimbo

Betty, tu organises ta prochaine Bonus Stage le 22 décembre et pour la toute première fois au Batofar,  un vrai rendez-vous autour de la musique de club. Pourquoi ce nouveau lieu ? 

Salut François ! Tout à fait, après deux ans passés à la Java, ma soirée Bonus Stage prend ses quartiers au Batofar. J’ai eu une révélation en jouant à la soirée Polaar en octobre dernier, je m’y suis sentie vraiment à l’aise et j’ai réalisé que le sound system se prêtait particulièrement à la musique que j’aime.

Au programme, tu invites le talentueux fondateur du label Hyperdub, Kode9. Tu nous-en dit un peu ?

Je suis tout simplement extrêmement fan d’Hyperdub. La majorité des disques qui sortent chez Hyperdub sont importants, que ça soit du footwork, des suds africains qui font une sorte de kwaito expérimental, ou l’album de Scratcha DVA qui ne sonne comme rien d’autre, ce sont des disques dont je ne me lasse pas. Je réécoute des vieux Ill Blu, Funkystepz ou Rashad et je les aime toujours autant. Les sets de Kode9 sont vraiment emprunts de cette richesse et à chaque fois que je le vois jouer c’est un vrai évènement ; ça fait un moment que je veux l’inviter à ma soirée, c’est vraiment cool de pouvoir enfin le faire dans de bonnes conditions.

On retrouve également à la programmation, les français Retina Set et DJ ouai, c’est important de mettre en avant les jeunes pousses de la club music ?

Ca me paraissait logique de me tourner vers les français qui repoussent un peu les limites de la club music à Paris. Retina Set fait partie du crew Bye Bye Ocean, c’est le roi des edits club et de la superposition ; DJ Ouai est membre de TGAF, c’est la rencontre entre la musique expérimentale et la musique décomplexée. Tous les deux ont une approche hyper fraîche du deejaying et je suis ravie de les avoir à mes côtés.

Tu conçois comment ton line-up pour une Bonus Stage ?

Qu’il s’agisse de Teki Latex, Ikonika, Riz La Teef ou Parris, les gens que j’invite sont tous d’excellents DJs, qui tout en ayant une approche pointue du djing, ont un vrai sens de la fête et font tout pour rendre le club accessible et inclusif.

Tu représentes un sous-genre musical relativement peu connu, n’est-ce pas trop dur de faire face à la multitude de soirées techno et house à Paris ? Tu penses qu’un jour on peut espérer une nuit parisienne équivalente à celle de Londres par exemple ?

Je ne pense pas qu’il faille essayer d’être Londres ou Berlin, Paris n’a pas la même histoire que Londres ou les mêmes espaces que Berlin. Je fais mes évènements de mon côté, il y a de plus en plus de collectifs comme Bye Bye Ocean ou Resources qui proposent des choses différentes, les choses évoluent vite, les clubs et les festivals n’auront pas d’autre choix que de co-opter les mouvements qui rassemblent.


Bonus Stage n°10 / © Axel Kpatinde

La dernière Bonus Stage où tu as invité le londonien Riz La Teef était carrément explosive et le public très réceptif. C’est valorisant de voir pour toi que le public parisien commence un peu à s’ouvrir à d’autres styles ?

C’est vraiment cool de voir de plus en plus de gens aux Bonus Stage car il n’y avait que mes potes aux premières. Construire une scène prend du temps et il faut être patient.  Mais il se passe plein de trucs, Paris a maintenant une des scènes voguing les plus actives d’Europe, on a Rinse France une radio qui nous offre une liberté totale, pleins de producteurs se rassemblent et une club music à la française commence à se dessiner, tous ces trucs-là m’excitent et je suis confiante.

Tes sets sont à la fois très progressifs et très dansants. Comment les construis-tu ? 

Merci pour progressif et dansant car c’est ce à quoi j’aspire et ce que j’ai en tête lorsque je construis mon set. Je passe énormément de temps à écouter de la musique, sélectionner des morceaux, et à les essayer entre eux, les superposer. C’est assez jouissif de créer un bon blend.

On retrouve dans tes sets de la bass music, du grime, de la uk bass mais aussi d’autres influences comme la ballroom ou du footwork, comment pourrais-tu définir ton style ? N’est-ce pas parfois un exercice périlleux de mélanger autant les genres ?

On peut être tenté d’utiliser les mots bass music/club music pour définir ce que je fais et à la limite pourquoi pas si ça permet aux gens de s’y retrouver. Tout DJ set digne de ce nom se doit d’être périlleux à mon avis.

Tu as récemment joué à l’Outlook Festival en Croatie, l’un des plus gros festivals de la bass music. T’as vécu comment cette expérience ? 

Outlook festival est un des meilleurs festival auquel je sois allée ; les meilleurs sounds systems et les meilleurs artistes “bass music” sont réunis sur des boats parties la journée et le soir sur les bords de plage en Croatie. C’était une expérience dingue d’y jouer et de profiter du festival pendant deux jours.

Pour finir, j’ai lu que tu bossais sur tes propres morceaux, c’est toujours d’actualité ?

C’est toujours d’actualité. Je préfère prendre mon temps et être satisfaite avec ce que je fais que de sortir un truc à tout prix ; ça fait pas longtemps que je fais des morceaux, j’ai encore tout à apprendre.

Propos recueillis par François Leclinche 

Retrouvez Betty & sa programmation explosive le 22 décembre au Batofar pour sa 11ème Bonus Stage, toutes les infos sont à retrouver ici !

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