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De retour du MaMa 2016

Il est 20h00, Paris se lève. C’est quand les jours se font de plus en plus courts et que le thermomètre n’affiche plus de double chiffre que sonne l’heure des festivités. Le MaMa festival était à l’honneur du mercredi 12 octobre au vendredi 14 octobre, trois jours où plus de 120 artistes nous ont fait découvrir leurs univers musical. L’événement se tenait le long du boulevard de Clichy au boulevard de la Chapelle avec une douzaine de salles de concert.

La faim du mercredi soir

C’est dans les lumières de Pigalle que se réunissent les festivaliers tous prêts à découvrir l’ensemble de la programmation prometteuse. Les rues sont vivantes le long des salles de concert. L’ambiance est à son comble.  22h15, les portes de la Machine du Moulin Rouge s’ouvrent et nous descendons au sous-sol pour découvrir une salle mystérieuse, dans laquelle se tient l’ancienne chaudière du moulin Rouge. Il n’y a plus de doute, nous sommes dans la salle de la Chaufferie. Les lumières sont à dominante rouge mais le cœur de la pièce où se situent les spectateurs reste dans la pénombre. Après seulement quelques minutes,  une femme venant du public monte sur la scène et prend le micro : la voilà, c’est Fishbach. Dès lors, la scène lui appartient et les spectateurs aussi. Elle prend d’ailleurs le temps d’observer chaque individu. Nous sommes comme elle, mis-à-nu. La première chanson, décisive, démarre et nous vibrons à l’unisson. Elle danse, en transe, ses gestes sont lents et brusques. Tout comme au théâtre, l’artiste investit aussi bien sa parole que son corps. Le résultat est stupéfiant. On est surpris lorsque la chanteuse nous annonce sa dernière chanson alors que la magie opérait pour la majeure partie de la salle. Peut-être trop court ? Ce qui est certain, c’est que nous en demandons encore. Le bilan du mercredi est donc plus qu’alléchant. Nous prenons le métro, plus affamés que jamais.

Je dis musicothérapie

De retour sur le festival pour une nouvelle soirée riche en émotion. L’atout du festival MaMa est de composer et de varier son programme de la soirée. Un jeudi pour réaliser de nouvelles expériences créer son propre mixage. Voyons le résultat :

Le premier rendez-vous est à la Cigale, une grande salle de concert aux allures théâtrales. À 20h30, Youssoupha, très ponctuel, fait son entrée. Il fait partie de la programmation rap du MaMa Festival avec comme autre noms, Token ou encore DJ Fly & DJ Netik présents le mercredi soir au Backstage by the Mill. C’est au MaMa Festival que Youssoupha a réalisé sa dernière date dans un concert où il fut spécialement proche de son public. Avec émotion, ce dernier a privilégié l’échange jusqu’à se retrouver au cœur de la fosse. De sa prestation, on retiendra en particulier son titre Entourage de l’album NGRTD. On sort alors de la salle avec en tête une leçon de partage : « envoie ce son à trois personnes de ton entourage, qui l’enverront à trois personnes de leur entourage … et ainsi de suite ». Une preuve une fois de plus que la musique rassemble et créer des liens.

Il a fallu trente minutes pour métamorphoser la Cigale. Au centre de la scène se tiennent alors les tables de mixages du groupe électro Birdy Nam Nam. L’excitation monte et le public commence peu à peu à se rapprocher. Les trois membres du groupe s’installent et tiennent en main les commandes pour transformer la salle le temps d’une heure. Le pari est réussi car il n’a pas fallu plus de dix minutes pour que la foule s’extase. Le groupe a le pouvoir de faire bouger la salle et trembler le sol. La chaleur monte, maintenant le trio et les festivaliers ne font plus qu’un. Sans coupure, les Dj varient les intensités. L’écran numérique derrière les platines à lui aussi son rôle à jouer dans la mise en scène du concert. Le résultat est stupéfiant. À la fin de la prestation, le public en nage est heureux de découvrir la pluie parisienne. Le bilan à la sortie : « On oublie tout et on danse ».

Pour les couche-tard la soirée continuait jusqu’à 4 heures dans la machine du Moulin Rouge avec un grand choix de DJ comme Art of Shades, Fhin ou encore l’excentrique Jacques. Une soirée chargée d’électricité. Il était possible de retrouver quelques-uns des artistes du jeudi soir venus se détendre auprès du bar. Quoi de mieux que d’échanger avec les groupes ?

C’est quand jeudi laisse place au vendredi que les Parisiens (ou presque) se retirent peu à peu à travers la bruine. Le programme a fonctionné et le remède a fini par œuvrer.

Et le vendredi retentit

La fin de semaine est arrivée et c’est aussi la fin du MaMa Festival pour Paris. Les rues sont de nouveau pleine et les files d’attentes plus longues devant les portes des salles. Commence alors la succession des artistes. C’est l’occasion de découvrir un nouveau lieu unique appelé le Divan du Monde qui accueille ce vendredi soir un quatuor du nom de Samba de la Muerte. L’arrivée se fait en douceur sur le morceau Le vent de l’album Colors. L’énergie du groupe se fait ressentir dans toute la salle et les nombreux morceaux d’un genre électro-pop n’ont pas eu de difficulté à faire danser la foule.  L’énergie et le naturel sont des atouts que les musiciens savent parfaitement maîtriser. On note aussi une très belle harmonie de voix. Le groupe clôture son album et sa performance sur le titre Love Song, une fin qui ne nous laisse pas sans ressenti. L’envie nous prend de réécouter une fois de plus l’album Colors. Un bilan de nouveau plus que positif.

Vient l’heure de la tête d’affiche que tout le monde attend. Christophe se prépare à jouer devant la foule impatiente de la Cigale. Toute génération confondue est présente ce vendredi soir. Installé à l’intérieur, le public se prépare pour un concert d’une heure dans lequel notre chanteur présentera l’intégralité de son dernier album Les Vestiges du Chaos. L’arrivée se fait dans une atmosphère énigmatique : les bruits des interférences et des ondes résonnent. Dans la salle le silence règne ; on frissonne. Il s’agit bien-sûr du morceau Définitivement. Les arrangements sont répétés pour produire un final grandiose. Les musiciens s’accordent parfaitement avec le personnage de Christophe. Une légère faiblesse dans la voix de l’artiste a rendu parfois son texte inaudible. Mais le ressenti est toujours le même. Christophe est aussi contemplatif, il n’hésite pas à prendre le temps de nous présenter son œuvre. Une légère frustration se fait ressentir à la fin du concert quand le public demande un rappel sur Aline. Christophe décide tout de même d’interpréter sa chanson mais avec une part de rancœur.

Les bracelets sont coupés, c’est la fin du MaMa festival. Il est temps de poursuivre les découvertes musicales et bien entendu de continuer de suivre nos coups de cœur. Aujourd’hui les affiches de MaMa ont disparus à Rochechouart mais les pas sur le pavé font résonner les mélodies d’hier. On a alors qu’une seule hâte : entendre celles de demain.

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