MUSIQUE

La vie en “Bleu Noir” de Georgio

Après trois EP et deux nettape, Georgio nous a délivré son premier album Bleu Noir sorti le 16 octobre.

Révélé au grand public en lâchant un couplet sur le titre Voyous extrait du premier album de Fauve Vieux Frères, Georgio n’est pas un inconnu pour quiconque suit la scène rap hexagonale. On l’avait quitté en mars 2014 avec Nouveau Souffle. Un projet fruit d’un fonctionnement inédit. Sur son site officiel, Georgio avait durant sept semaines, laissé le choix des productions aux internautes. Résultat une nettape avec pour invités Nekfeu ou encore Vald, qui deviendront plus tard les phénomènes que l’on connaît désormais.

Pour son premier album solo, le rappeur du XVIIIe arrondissement de Paris a de nouveau choisi de faire participer sa fanbase. Non pas en leur demandant encore une fois de choisir les prods mais en finançant le projet via un site de financement participatif. 35 000€ c’était le montant fixé pour « pour faire des morceaux de qualité, bien mixés, des clips sérieux et payer un peu de pub » comme il le disait au moment du lancement de la participation. En 45 jours, le montant visé a totalement été dépassé grâce aux 1 821 participants. Georgio a récolté 52 389€ pour ce projet. Alors, l’investissement en a-t-il valu la peine ?

Après plusieurs écoutes, force est de constater que Georgio continue à grandir musicalement. Les productions sont variées mais toujours guidées par une idée directrice tournée vers un public plus large (Jeudi GrisBercé par le ventDépressionHéros, RêveurMalik, La Celle Saint-Cloud) faisant penser même parfois à du Fauve à l’écoute. Ceci dit, Georgio n’en oublie pas de placer des instrus sur lesquelles le boom bap se fait plus entendre (Les Anges Déchus, Les Gens Déçus ; Bleu Noir ; 6 Avril 1993  ; Belmont Sur Lausanne, Indomptable).

© ernest et faustine

© ernest et faustine

Appel à la révolte avec Iron Sy en featuring fait office d’OVNI dans l’album de par son côté égotrip et surtout par sa production plus électro et plus rythmée que les autres. La voix du rappeur du 93 en invité spécial colle parfaitement à l’ambiance.

Par rapport à ses précédents projets, Georgio a évolué dans le choix des productions qui jalonnent son album c’est un fait. Concernant les paroles qui viennent se poser délicatement sur chaque morceau, Georgio fait ce qu’il sait faire de mieux : rapper la rue et lui. En effet sur la majorité des tracks qui composent l’album, Georges se livre, se raconte. Il le dit lui même sur Bercé par le vent  : « L’album aurait pu s’appeler Je ».

Sur Dépression et sur Faut tenir, Georgio se dépeint comme un solitaire, l’un de ses thèmes récurrents dans ses différents projets :

« La solitude est belle, tel un cheval au galop un soir de pleine lune / Oui, j’en suis accro… un peu comme à la thune ». « Mes potes peuvent pas comprendre à quel point j’aime me retrouver / (Seul…) comme un gosse de troisième qui vient de redoubler ».

Sur Malik, Georgio reprend avec brio la méthode du story-telling qu’il avait déjà utilisée sur A l’abri avec Le Gardien. Sur cette track, le rappeur issu du quartier Marx Dormoy raconte le triste épisode d’un ami qui a fini derrière les barreaux après avoir conduit sans permis.

Sur la dernière track du CD 1 de l’album, Georgio se livre à l’une des « Trois femmes de (sa) vie » comme il le dit dans A l’abri, titre éponyme de l’EP. Salomé est en effet celle à qui s’adresse Des Mots Durs Sur Des Bouts De Papiers. Sur cette piste, Georgio lâche une participation rendue sombre par cette instrumentale mélodieuse et qui finit par devenir oppressante.

Mention spéciale à Rêveur et Héros. Les deux derniers morceaux clippés qui peuvent toucher un public plus large avec leur refrain chanté, n’en déplaisent aux puristes. Dans Rêveur, Georges s’adresse à Anatole, son frère, qu’il pousse à poursuivre ses rêves. Sur le second, on sent un rappeur inquiet de ce succès qu’il obtient.

« Est-ce que j’dois faire le grand pas ? Au risque de m’perdre, de plus aimer ma musique. »

Pour conclure, en réponse à cette phrase issue de Héros  « J’suis un bad boy mais j’veux pas affronter l’échec du premier album », sois en sûr Georges, ton album n’est en rien un échec mais une superbe réussite.



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