MUSIQUE

Rencontre avec Minor Victories à la Route du Rock : “C’est vraiment un de nos festivals préférés”

C’est sous un soleil écrasant qui s’était fait plutôt rare ces dernières années à la Route du Rock que l’équipe de Maze Magazine a eu la chance de rencontrer Minor Victories. Petite discussion décontractée avec le supergroupe le plus passionnant de 2016, qui comprend en son sein Stuart Braithwaite (Mogwai), Rachel Goswell (Slowdive), Justin Lockey (Editors) ainsi que son frère, James Lockey (Hand Held Cine Club).

Comment est-ce que ce projet a commencé ?

Stuart : Le groupe a commencé avec Justin, qui n’est malheureusement pas présent. Il n’est pas mort, c’est juste qu’il n’est pas là (rires). Il a pris contact avec Rachel et ils ont commencé à écrire de la musique ensemble, et puis il a embarqué James dedans. Et puis je m’en suis mêlé. Ça n’est pas une histoire si intéressante en soi.

James : La première chanson que l’on a écrite ensemble c’est Out To Sea. C’est en fait le premier morceau qu’on a fait ensemble qui apparaît sur l’album.

Rachel : Oui, c’est Justin qui m’a envoyé de la musique.

Vous n’étiez pas ensemble à l’époque. J’ai lu que vous avez dû travailler à distance la plupart du temps. C’est difficile à mettre en place ? Vous avez peut-être déjà eu l’occasion de travailler comme ça dans vos groupes respectifs ?

Stuart : Ça m’est déjà arrivé un petit peu avec Mogwai mais ça se limitait surtout à des démos. J’imagine que ce qui est différent ici, c’est que certains d’entre nous ne s’étaient jamais rencontrés auparavant. Mais ça n’était pas vraiment difficile. C’était même plutôt facile.  

James : C’était vraiment sympa (se fait couper). Je me souviens plus de ce que j’allais dire… quelque chose de très intelligent en plus ! J’ai trouvé que cela se faisait très facilement. C’était bien parce qu’il n’y avait pas la pression de faire un album, pas de délais à respecter pour les autres, qui faisaient d’autres choses à côté. Justin était en train de faire un album, Slowdive était bien occupé et puis Mogwai, eux, sont toujours occupés. Donc moi j’essayais de m’accorder avec eux quand je pouvais et ça m’a empêché de ressentir une pression sur le résultat. Je pense que si on s’était mis la pression dès le départ, je ne suis pas sûr de ce qui en serait ressorti. Je ne sais pas si on aurait vraiment pu faire un album.

Maintenant que vous êtes partis en tournée et que ce projet s’est transformé en un groupe à part entière, vous pensez vouloir continuer à faire de la musique ensemble ? Ou est-ce que c’est juste l’histoire d’un été et cela s’arrêtera là ?

Stuart : Non, je pense que l’on va continuer. On va faire un nouvel album, continuer à faire plus de concerts encore cette année. J’imagine que l’année prochaine sera plus calme puisque Slowdive et Mogwai vont sortir des albums mais je pense qu’on aime beaucoup ce que l’on fait ensemble, donc je ne vois pas pourquoi on ne devrait pas continuer… à part si quelqu’un nous en empêche. Par la force (rires). 

Sur votre album, Mark Kozelek s’est retrouvé à chanter sur la chanson For Always. Comment c’est arrivé ? C’est vous qui l’avez contacté ou l’inverse ?

Rachel : Je connais Mark depuis plus de vingt ans, donc on peut dire que c’est un ami à moi. On cherchait des gens pour collaborer avec nous sur cet album donc on lui a juste envoyé, enfin, Justin lui a envoyé ce morceau de musique, et il a écrit toutes les paroles. Deux ou trois jours plus tard il me l’a renvoyé avec toutes les paroles et il avait surligné tous les passages qu’il voulait que je chante dans la chanson. J’ai une démo de cette chanson avec lui qui chante toutes les paroles sur mon ordinateur. Mais oui, on avait vraiment envie d’avoir quelqu’un d’autre sur l’album pour faire quelque chose d’un peu différent, donc on l’a laissé faire ce qu’il voulait et il est revenu avec ce morceau.

À quel moment vous êtes vous rendu compte que ce n’était plus simplement une collaboration amicale entre trois groupes mais quelque chose de plus important ? Que cela ne serait pas juste un side project mais un nouveau groupe ?

“C’est devenu très vite évident que ça allait au-delà d’un simple EP”

Rachel : Personnellement, je pense que cela a été après que Stuart ait enregistré une bonne partie des guitares l’été dernier.

Stuart : C’est quand j’ai commencé à dépenser de l’argent…

Rachel : Oui !

Stuart : Donc à partir de ce moment là il fallait qu’on sorte un album !

Rachel : Oui c’est ça ! Stuart est le seul à avoir dépensé de l’argent ! Nous, on travaillait depuis chez nous. Tu sais, je pense qu’une fois que Stuart s’était occupé des guitares et que les voix étaient posées, c’est devenu très vite évident que ça allait au-delà d’un simple EP, ce qui est plutôt ce que l’on pensait faire au départ. On faisait plus ça pour déconner en vrai, mais une fois que l’on a commencé à enregistrer les voix, les chansons ont commencé à prendre forme, et on s’est rendu compte que ça nous passionnait vraiment de le faire. Stuart a été le premier à suggérer que l’on fasse des concerts. Moi je n’y avais même pas pensé ! À ce moment là, on s’est dit : “Ouais, il faut qu’on le fasse !”. C’est quand il a dit ça que l’on s’est décidé, en septembre dernier. C’est à ce moment là que le projet a vraiment pris forme, n’est-ce pas James ?

James : Ouais, on avait l’air d’un vrai groupe, avec de vraies chansons, beaucoup de chansons.

Mogwai et Slowdive ont déjà joué à la Route du Rock. Slowdive il y a deux ans et deux fois pour Mogwai, non ? C’est spécial pour vous d’y revenir avec un nouveau projet ?

Rachel : Oui, bien sûr ! Slowdive avait fait un super concert ici il y a deux ans, on avait vraiment adoré donc je suis super contente d’être de retour, avec en plus Minor Victories à faire découvrir.

Stuart : Oui, c’est un de mes festivals préférés à faire en tant qu’artiste. Je sais que cela fait vraiment le genre de truc que tu dis partout où tu vas mais en fait, je ne le dis pas partout, je le dis vraiment parce que je le pense (rires). C’est vraiment un de mes festivals préférés. J’ai toujours aimé venir jouer ici. J’y ai vu beaucoup de groupes faire de très bons concerts. Et c’est bien, parce que ce soir on joue après Belle and Sebastian, qui sont des amis à moi. On connaît beaucoup de gens qui travaillent sur leur tournée donc on va passer une très bonne soirée… Ça va être dur de rester sobre jusqu’à 23h, mais bon, je vais me débrouiller (rires) ! 

Vous avez une identité visuelle assez forte, et je sais que vous travaillez beaucoup les clips de vos chansons. C’est toi James qui t’en occupes avec ton frère, non ? C’est une idée que vous avez eu dès le départ ou bien c’est venu en composant ?

James : Je pense que lorsque l’on a commencé, Justin et moi, nous avons beaucoup échangé sur ce que l’on pourrait faire avec ce groupe, car pour le coup on était personnellement lié à la musique. On en a profité pour lancer des idées que l’on n’aurait pas pu réaliser avec nos jobs principaux, et par conséquent la possibilité de les utiliser pour faire des vidéos pour le groupe. C’était vraiment intéressant d’essayer d’aborder les choses sous cet angle là, avec un point de vue personnel. Je pense que c’est de là que nos vidéos viennent. Par exemple le premier clip, et le deuxième avec le skateboard, ainsi que le fait d’utiliser des plans d’ensemble reflètent des choix plutôt personnels. Le lieu est toujours Doncaster, qui est la ville où Justin et moi on a grandi. On aime bien le noir et blanc aussi.

Stuart : Oui mais est-ce que vous avez des couleurs à Doncaster ? Elles ont pas encore été inventées (rires) ?

Rachel : Heureusement que je n’ai pas grandi là bas !

James : Wow ! C’est une très jolie ville ! Pleine de gens magnifiques (rires) !

Le fait de bosser sur Minor Victories vous a donné de nouvelles idées pour vos groupes respectifs ?

Rachel : Personnellement non. Slowdive marche d’une manière totalement différente, donc je l’envisage séparément.

Et pour Mogwai ?

Stuart : Je ne sais pas trop en ce qui concerne le groupe… Rachel et moi on est certainement trop vieux pour changer désormais !

Rachel : On a nos propres identités.

Stuart : Mais dans une autre mesure, la façon dont le groupe fonctionne est très différente de celle de Mogwai. Il y a des choses que l’on a beaucoup aimé et qui nous ont fait réfléchir. Je pense que toutes les expériences changent la façon dont tu poursuis ta vie, donc je suis sûr que ça a eu un effet tout simplement parce qu’on a rencontré et travaillé avec de nouvelles personnes. Tout cela paraît logique.

James : Je ne suis ni dans Slowdive ni Mogwai !

Stuart : Pas encore (rires) ! 

Oui c’est vrai ! Mais dans tes projets personnels ?  

James : Mes autres projets musicaux ? Je n’en ai pas eu depuis un moment. Donc c’était bien de recommencer à en faire. J’ai surtout eu des projets vidéos ces derniers temps.

Les vidéos que tu as faites pour Minor Victories représentent un travail différent de ce que tu fais d’habitude ?

James : Oh oui complètement ! On peut mettre des idées en application, essayer d’autres choses. Par exemple c’est ce qu’on a fait pour les titres Folk Arp et Breaking My Light. Il n’y a aucune chance qu’un commanditaire de vidéos soit d’accord pour faire un clip avec un plan séquence dans une pizzeria de Doncaster. Mais les gens ont trouvé ça fascinant, et c’est intéressant. Cela représente juste une tranche de vie. Mais cela serait impossible de faire ça ailleurs ! C’était pas si bon que ça en fait, c’était surtout à propos du personnage ! (rires). Et le restaurant !

Qu’avez-vous retiré de ce processus particulier, du fait de créer de la musique à distance par rapport à vos autres projets ? Que représente la sortie de l’album et cette tournée pour vous ?

James : Je pense que je suis à un moment dans ma vie où quand il s’agit d’écrire… je pense que cela a joué une part importante dans la façon dont je peux mettre en commun des idées. Et ce que l’on peut faire en concert, la manière dont cela peut être transposé et retravaillé en concert. Donc je peux dire que j’en retire beaucoup pour cela. En ce qui concerne l’écriture, ça m’a juste obligé à travailler, à partir de zéro et construire quelque chose que je devais envoyer par mail aux autres !

Rachel : De mon côté je pense que Minor Victories m’a probablement donné plus confiance en moi. C’est plutôt différent de Slowdive en ce qui concerne les concerts, notamment le fait d’être à la tête du groupe vu que Neil (Halstead, de Slowdive) n’est pas là donc je suis la seule chanteuse. Cela a été une très bonne chose pour moi. Et j’ai beaucoup apprécié la façon dont on a composé la musique pour cet album. C’était juste génial d’être avec des gens différents, avec qui on n’a pas de passé, même amical, en commun. Travailler avec de nouvelles têtes a été plutôt enthousiasmant.

Stuart : On se croirait dans un groupe de soutien (rires) !

James : Dis moi tout Stuart !

Rachel : Oh et maintenant je suis obsédée par Pokémon Go !

Stuart : Ça m’a fait réaliser que j’arrive à me débrouiller avec un seul pédalier (rires). Je ne sais pas, c’était juste génial… quand tu as passé vingt ans dans un groupe tu te dis “Oh je créerais bien un nouveau groupe” ! Je suis pas le premier à me dire cela mais quand c’est arrivé c’était génial donc peut être que je vais commencer à rejoindre des tas d’autres groupes (rires). Non, non, deux c’est le maximum ! Je suis vraiment fier de cet album, j’ai hâte d’en faire un deuxième. Donc oui, cela a été une bonne chose pour moi.

Si vous repensez à ces derniers mois, voire à ces dernières années, y a-t-il quelque chose que vous auriez fait différemment ?

Stuart : Pour moi non, pas avec cet album, je suis très content de ce que l’on a fait. Ça aurait pu être mieux peut être si Londres n’avait pas été notre premier concert… des trucs du genre, qui concernent plus la planification en fait, rien de très important… On aurait vraiment dû commander le merch un peu plus tôt (rires) ! 

Une dernière question pour Rachel : on t’a vue il y a deux ans avec Slowdive à la Route du Rock, où en êtes-vous avec le prochain album ?

Rachel : Et bien contrairement aux rumeurs, on n’a pas tout à fait fini (rires). C’est tout ce que je dirais. C’est en voie d’achèvement et je dirais qu’il devrait sortir au printemps prochain.

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