MUSIQUE

Un voyage en clair obscur avec Rhum For Pauline

Après plusieurs années d’absence, 2015 marque le grand retour des Nantais de Rhum For Pauline. Après Miami en 2010, Reach The Top en 2012 et When Endless Ends mi-juin 2015, ils sortent enfin leur premier album tant attendu, Leaving Florida, paru sur le label FVTVR Records.

Même s’ils nous ont fait patienter, cette fine équipe nantaise a pris de la bouteille et nous offre un album d’une maturité et d’une beauté débordante. Depuis ses premiers pas, Rhum For Pauline a changé. D’abord le line-up qui s’est offert une nouvelle parure en accueillant Antonin Pierre (Pony Pony Run Run) à la guitare, remplaçant le co-fondateur Pol Tessier, et Raphaël d’Hervez , leader de l’excellent groupe Pegase au clavier. L’équipe est complétée par les membres déjà présents au début de l’aventure : Romain Lallement (chant), Thibaud Van Hooland (basse), Emile Ployaert (batterie).

C’est dans la cour du lycée que les membres de cette marque d’alcool musicale ont monté leur groupe. Plongeant dans une pop épique, les premiers pas du groupe étaient bercés par les désirs d’ailleurs de la jeunesse et ses illusions. Cet album, c’est la prise de conscience d’une croissance vers une plus grande maturité musicale, la perte d’une partie de l’innocence juvénile du début. Cet album est l’aveu, parfois nostalgique, d’un départ du Miami de leurs débuts. Entre spontanéité et sonorités chiadées, ils nous offrent neuf titres colorés, contrastés et élégants, pleins d’inventivité instinctive, nous faisant voyager entre les sonorités 80’s et celles plus contemporaines. Laboratoire musical, cet album part d’une base pop atmosphérique en ne se fixant aucune frontière et explorant différents horizons. Leaving Florida laisse les émotions s’évader, sans se laisser submerger pour autant.

L’album s’ouvre sur When Endless Ends, qu’on avait pu découvrir sur leur dernier EP. La voix de Romain s’épanche dans un écrin de sensualité et de douceur, sur des sonorités mêlant habilement pop et soul. Les guitares prennent parfois de la puissance sans jamais s’envoler, toujours posées, jusqu’à l’envolée finale, en quête d’équilibre. Florida se fait plus rock, plus brute, déployant une énergie salvatrice qui soigne les maux et la mélancolie.

Plus hypnotiques et euphorisants, Alone With Everyone, Camera et Coochie développent une véritable architecture sonore pleine de contraste, nous cognant contre des vagues de suavité qui oscillent entre mélancolie et énergie folle.

Véritable pépite pop, No Hugs vient nous enlacer par sa fraîcheur, son élégance presque rétro et ses refrains enjoués. L’instru finale explosive libère nos pas de danse, dans un tourbillon sans fin. Après cette tempête instrumentale, les captivants Masquerade et Miss viennent installer un univers langoureux et suave, dopé aux boucles euphorisantes.

Sur le mystérieux et ombrageux Pan Peter le groupe clôt l’album en nous emmenant dans un univers fragile et mélancolique où la voix de Romain se mêle avec beauté aux notes glaciales du clavier. Ces mélodies délicates sont excellemment mises en image dans le clip réalisé par Eléonore Wismes pour Carcace Production, véritable appel au voyage dans les terres gelées d’Islande. Le chœur de cette nature sauvage nous guide dans cette errance solitaire introspective, clôturant le voyage introspectif loin de la Florid.

Un véritable adieu à l’adolescence.

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