Annoncée courant juin, la sortie du quatrième album de Foals “What Went Down” a suscité bien des attentes et espérances chez les fans du groupe Anglais. D’abord avec des teasers d’une vingtaine de secondes, une pochette et tracklist, puis avec un premier single éponyme, suivis du très accessible Mountain At My Gates, du magistral A Knife In The Ocean et finalement d’une session semi-acoustique du morceau London Thunder, cet album était annoncé comme un retour aux sources pour le groupe, leur projet le plus simple, direct et sauvage. Le 28 Août dernier, ce quatrième opus sortait donc, mettant fin à l’attente.
Cet opus s’ouvre donc sur What Went Down, premier aperçu qui avait été donné de cet album. A peine l’orgue donne le ton, le morceau explose, entraîné par une section rythmique déchaînée, tandis que Yannis répète frénétiquement que “quand il voit un homme il voit un lion”. A peine le temps de comprendre ce qu’il se passe que Mountain At My Gates démarre, offrant sûrement le tube potentiel de cet opus. Le morceau est agréable à écouter mais la structure et la progression nous rappelle sans cesse un My Number revisité. Heureusement l’explosion finale donne sa touche d’originalité au morceau et le rend intéressant. Après ces deux morceaux déjà connus, Birch Tree ouvre réellement la découverte pour cet album. Avec son rythme disco, et son atmosphère froide, ce morceau nous rappelle l’ambiance du précédent album du groupe “Holy Fire“. Normal pourrait-on dire, le morceau avait été travaillé une première fois durant l’enregistrement de l’album sortit en 2013, comme il est possible de le voir dans le documentaire réalisé pour l’occasion “Nothing Left Unsaid“. La balade Give It All commence, aux accents bleus et mélancoliques, évoquant le souvenir lointain des expérimentations de “Total Life Forever“. La douce montée et les voix aiguës nous bercent tout le long de ce titre étrangement beau. Albatross fait de nouveau monter la pression avec sa progression constante et lente. L’espace se remplit peu à peu avec les différents arrangements et le jeu de batterie. Si bien que les quelques secondes à la fin du morceau paraissent affreusement vides et nous ramènent à la réalité. Albatross confirme alors le talent du groupe pour faire planer, donnant l’envie d’aller plus loin dans cet album.
Malheureusement la suite n’est pas à la hauteur des attentes. En effet, le groupe nous lance à la figure Snake Oil, sorte de délire de groupe de garage cliché visant à “faire du bruit”. Limite hard rock, on se demande bien ce que fait ce titre ici. Night Swimmers prend difficilement le relais, et pourtant ce titre avait attiré notre attention dans le sampler que le groupe avait mis en ligne peu avant la sortie de l’album. Toujours avec cet esprit disco dans la rythmique, les croisements des guitares avaient réveillé en nous des souvenirs de l’époque lointaine de Antidotes (2008). Ce fut encore une fois une déception. En effet, le mix final noient les éléments les uns dans les autres, donnant un résultat bordélique. Étrange pour un groupe qui avait refusé un premier mix de leur album en 2008 à cause de l’écho qui donnait un résultat trop brouillon. London Thunder se lance. Malgré des accords basiques, on se laisse enchanter par la voix douce et mélodique qui nous conte des souvenirs de voyages anciens. La production du morceau est semblable aux “CCTV Sessions”, mini album où le groupe jouait leurs morceaux avec un minimum d’arrangements, ce qui donne une vraie force au morceau. Lonely Hunter commence et se termine, sans provoquer aucune réaction. On ne sait trop quoi penser. Il n’y aucune idée, les arrangements sont pauvres. Arrive le dernier morceau : A Knife In The Ocean. Sept. Sept minutes. Alors que résonnent les premières notes de guitare, on ne sait à quoi s’attendre. Les roulements de batterie commencent et on est happé par une sorte de force mystique. Yannis Philippakis expliquera que ce morceau n’était pas prévu dans l’album et est né durant l’enregistrement, naturellement, comme une évidence. Cette sincérité ressort incroyablement, prenant possession de notre esprit dès le premier refrain dans lequel la voix de Yannis semble venir du plus profond de lui pour nous transmettre sa désillusion face aux choses qu’il espérait. Voix qui ne cesse de s’intensifier jusqu’à atteindre le zénith, semblant sortir du tourbillon de guitares et de synthétiseurs, donnant une force émotionnelle rare dans un morceau de musique…
Malgré de très bonnes surprises, “What Went Down“, qui était censé être le meilleur des quatre albums car le plus éclectique, se somme par une déception. A force de vouloir capturer l’énergie brute, le groupe semble avoir oublié ce qui faisait leur identité et leur force. Où sont passés les arrangements si math-rock que le groupe chérissait tant ? Cet album n’est pas mauvais mais néanmoins pas à la hauteur pour l’un des groupes les plus influents de notre époque. On retiendra Birch Tree, Albatross et l’épopée A Knife In The Ocean, ainsi que le chant de Yannis qui s’est grandement amélioré. On essayera au contraire d’oublier Snake Oil et Lonely Hunter. Les Anglais signe là le moins bon de leurs albums, le moins intéressant, sorte de patchwork des trois précédents. On se demande alors si Foals aura encore la capacité de nous surprendre dans le futur…