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Rencontre spontanée avec Myd : production plurielle

Depuis la sortie de son EP All Inclusive, Myd est devenu un DJ emblématique du label Ed Banger Records. S’il se veut artiste pluriel, il conserve cependant cette identité artisanale dans la musique qu’il produit. Nous avons eu l’occasion de le rencontrer, juste avant son entrée en scène, lors du Festival Cabourg Mon Amour fin juin.

Maze magazine : Tout d’abord comment ça va ?

Myd : Ça va trop bien, regarde où on  est ! Je suis venu avec Alice (Alice Moitié la photographe à l’origine du visuel d’All Inclusive) et Gaspard de Justice, on se fait une petite équipe de chez Ed Banger et de potes surtout en fait ! J’essaye de ramener le plus de potes possibles sur les festivals, car si t’arrives tout seul t’es là dans ton coin, t’arrives tout seul vraiment, puis t’as plus qu’à pleurer et à bouffer des Curlys !

 

Tu es passé du collectif Club Cheval à une carrière solo bien plus concrète qu’auparavant. Comment s’est passé la transition de Bromance à Ed Banger ? 

Il y a deux sujets ici : donc d’abord Club Cheval qui existe toujours c’est toujours une bande de potes, c’est un groupe de musique. Le fait de partir en solo c’est différent, on a toujours eu nos carrières solos en parallèle on a fait des gros trucs ensemble, l’album, le live, on a passé énormément de temps ensemble ce qui a permis d’apprendre les uns des autres, on devient super forts en prod’ en studios pour bosser à plusieurs, et donc on s’est dit que peut-être que tout ce qu’on a appris ça vaudrait le coup de le mettre en oeuvre en solo plutôt que de se mettre à quatre. Donc dès qu’on a terminé nos un an et demi de tournée on s’est dit qu’on allait prendre un moment où on va faire chacun nos carrières solo à 100 % comme ça on va pas se détester. Car c’est ça aussi, c’est 24/24h pendant quatre ans avec les mêmes gars, c’est faire de la promo, finir un album, être en studio. Tu te dis ça vaut le coup d’essayer seul et c’est génial. C’est comme quand tu finis le bac et t’arrives et tu connais pleins de trucs et t’es trop excité ! Moi ça m’a permis de rejoindre Ed Banger, les autres terminent des albums, écrivent des films, ils finissent des trucs chacun de leur coté et ça permet de créer des trucs vraiment mortels. Et pour Ed Banger, en parallèle de ça j’ai commencé à faire ma carrière solo j’ai fini un EP, Bromance ça se terminait et j’étais sans famille en fait.

 

C’est vrai que c’était assez rude et imprévisible la fin de Bromance l’année dernière.

Oui c’était très soudain ! En fait ils ont fait une énorme fête et ils ont dit “Hop c’est terminé”. Je t’avoue que nous on était au courant, mais je me suis dit vas-y il faut que je trouve quelque chose de français, car je me sens très français dans la musique que je produis et quelque chose de familial, car j’adore l’esprit de famille et bosser en équipe que ce soit avec Club Cheval, que ce soit avec mes potes avec Bromance. Et du coup j’ai eu la chance de croiser la route de Pedro quand j’ai terminé mon EP. Tu vois des fois je vois cet alignement des planètes “Je finis un EP, je croise Pedro [NDLR : Pedro Winter, fondateur d’Ed Banger], Bromance se termine, plus trop de taff avec Club Cheval ” et là bam voilà : All Inclusive.

 

Ce coté très français dans tes musiques, comment se développe-t-il ? Peux-tu nous parler de tes influences ?

En fait, on parle de french touch ce qui veut tout dire et rien dire. Soit Daft Punk première époque, soit un truc plus large et je verrais ça plutôt comme ça. Ça commence à Michel Berger et ça ne s’arrête pas car c’est un mélange de techniques. La musique dansante ça demande une certaine technique, utiliser une boîte à rythme et en même temps très mélancolique et qui parle à tout le monde, Michel Berger c’était déjà ça tu vois, La groupie du pianiste c’est mélancolique et dansant, Daft Punk c’est pareil mélancolique et dansant, comme dans Around the World par exemple, Justice, D.A.N.C.E. même schéma, et aujourd’hui The Sun c’est mélancolique et dansant, c’est une sorte de tradition française romantique et technique qui raconte beaucoup de choses.

 

 

Tu parlais de tes camarades de Club Cheval qui faisaient du cinéma à coté et justement toi tu as produit la bande originale de Petit Paysan d’Hubert Charuel que tu as connu à la FEMIS. Comment s’est construit ce projet ? 

Je n’ai pas monté ce projet avec lui car je le connaissais. C’est arrivé car je le connaissais, mais en fait c’est arrivé à un moment où je terminais mon EP et lui il m’a écrit, il m’a dit voilà je termine mon long-métrage, alors que ça faisait plus de cinq ans qu’on s’était pas parlés parce qu’on bossait et il écrivait son film. C’est très très long d’écrire un film, et il me dit “J’ai envie de faire une BO spéciale, est-ce que ça te brancherait de la faire car on me propose des gars un peu plus old school, je sais que t’en as jamais fait mais est-ce que ça te brancherait ?” Et moi dès qu’on me propose un truc que j’ai jamais fait que ce soit du rap, une BO de film ou n’importe quoi, il y a toujours un moment dans ma tête où je me dis “A voir”. J’ai testé quelques morceaux pour voir comme ça se fait et si je trouve ça cool on y va. Et il s’avère que dès les premières démos il y a eu un engouement de la prod’, de lui, de moi aussi et du coup on a fait le film ensemble. Et après il y a eu le succès du film. Il y a eu la nomination aux César et j’ai gagné le prix à Angoulême, enfin il y a eu pleins de choses comme ça !

 

C’est une expérience assez excitante, tu te verrais renouveler cela ?

Comme je te dis s’il y a un autre film qui me plait que je trouve excitant, si ça arrive ça peut être cool !

 

 

Sans transition par rapport à ton nom, quelle en est la signification ?

Myd c’était le nom de mon grand-père en fait, du coup je l’ai repris car il me plaisait bien !

 

Mieux que Quentin c’est ça ?

(rires) Mieux ou pas mieux, enfin tu sais quand tu commences à faire de la musique tu te dis jamais “Ce nom je vais l’utiliser et il sera sur des flyers partout un jour !”. Quand tu commences tu te dis faut juste que j’ai un nom, c’est comme Club Cheval tu te dis pas “Putain Club Cheval ce sera une marque et on ferra des vinyles”, tu te dis jamais ça. Tu trouves un nom et tu te dis que ça fera le taff !

 

Tu parlais notamment de rap tout à l’heure et tu as beaucoup bossé dans ce milieu, avec DJ Kore par exemple, mais il y a aussi ce que t’as fait avec Club Cheval, et là tu te retrouves dans un registre plus pop, plus dansant, dans quel milieu tu te plait le plus ? Est-ce que tu te retrouves partout ?

Je me retrouve dans mes envies en fait. Faire ce que je veux faire au moment où j’ai envie de le faire. Ces musiques je les ai toujours faites de manière artisanale, même quand je bossais avec Theophilius London ou avec des artistes plus internationaux, à aucun moment je me suis retrouvé à me dire il me faut 30 musiciens, des cigares, plein d’argent. Moi je me vois comme un artisan, j’essaie de faire un truc en particulier assez français, ce qui est très excitant pour des américains, car il y a des accords auxquels ils pensent pas, des musiques ou des mélanges, et là ils appellent un artisan. C’est comme quand tu contactes un ébéniste car t’aime bien son motif, en même temps ta grand-mère peut le trouver mortel, en même temps l’ambassade de Turquie peut le vouloir pour orner tout son jardin. En fait je sais que les gens viennent me chercher pour ça.

 

Avec 10LEC6 vous êtes devenus les derniers artistes phares d’Ed Banger, tu t’es retrouvé projeté là-dedans très rapidement, comment c’était d’être notamment dans la soirée des 15 ans ? 

Ca fait plaisir évidemment et ça prouve un truc,  je me dis au fur et à mesure, il y a des gens qui me connaissent pour plein de trucs différents ! C’est ce que je disais à un mec avant : “C’est quoi le meilleur conseil que tu puisses donner à un mec qui débute ?” et bien c’est faire de la musique ! Tu peux faire des plans sur la comète, sur ton marketing, mais tout ce qui compte c’est ta musique. Si la musique est cool elle parle, à un moment The Sun les gens ils la trouvent cool. Moi ce que je me demande c’est “Est-ce que les gens ont envie d’appuyer sur play, est-ce qu’ils pensent à toi en se disant j’ai envie d’écouter ça ?” Evidemment que si All Inclusive avait été moins cool, je l’aurais pas tourné malgré tout ce qu’on peut dire sur le streaming, les festoches, les nouvelles possibilités, au final si tu fais de la zik et qu’elle est cool, il va se passer un truc forcément !

 

Par rapport à la pochette de ton EP comment ça s’est passé ?

C’était plutôt un délire, on a passé une semaine sur un bateau de croisière avec Alice Moitié et on avait décidé de prendre des photos pour le clip, et on savait que la pochette découlerait de tout ça. On s’était jamais dit que ce serait celle-ci, alors que maintenant ça parait évidant : All Inclusive, Myd, le gars avec le cul nu ! Mais en fait elle adore foutre les gens à poils, et à un moment elle me fait ça, “Vas là-bas, fous toi à poil !” Il y avait du monde partout qui se foutait de ma gueule, la photo est fantastique. Il y a la blague d’un coté mais elle est aussi bien, il y a un bon coté comique mais en même temps elle est super belle !

 

 

Justement pour All Inclusive tu as récemment publié une version remixé de ton EP avec des artistes comme Moodoïd,  comment ça s’est produit ?

C’était un échange pour toutes les tracks. J’aime bien ce truc d’échange de remix, car t’as moins ce rapport d’argent mais plus ce rapport d’artiste, c’est à dire que si je fais un remix cool à Moodoïd et que lui doit m’en faire un après il se dit qu’il doit faire un truc cool. Alors que quand il y a un rapport d’argent on prend moins de plaisir à le faire. C’était ça pour Cassius, aussi c’était ma première sortie officielle sur Ed Banger, et pour Canblaster pareil. Et pour l’anecdote le dernier c’est un remix 8 bit en mode jeuvidéo, c’est un fan il me l’avait envoyé sur Twitter, et j’ai dit à Pedro “Celui-là faut qu’on le sorte !” Car les accords sont sont un peu chauds et tordus, et il a tout retrouvé et c’était assez cool !

 

Ce qu’on peut te souhaiter à présent ? 

Et bien que ça continue, écoute je fais la musique que j’aime, je suis avec mes potes près de la mer au soleil et je joue dans 25 minutes (rires) c’est trop bien !

 

Du cinéma et de la musique - Master Métiers de la Culture

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