MUSIQUE

« C’est bien d’être unique non ? Tous les artistes veulent être uniques » – Rencontre avec Selah Sue

J’imagine que tu n’es pas stressée par le concert de ce soir ?
Non, si je stressais pour chacun des concerts que je fais, je n’aurais pas une vie très heureuse. Je ne suis pas quelqu’un de stressé.

Tu as choisi de promouvoir ton nouvel album Reason d’une manière un peu différente, en jouant dans des gares, des aéroports, comment as tu fait ce drôle de choix ?
J’ai pensé que c’était une bonne chose parce que tout d’abord c’était un bon test, pour essayer les chansons, savoir si elles fonctionnaient. J’aime la pureté des réactions des gens aussi, parfois ils ne te reconnaissent pas, certains si, d’autres s’ennuient. Pour beaucoup de raisons j’ai pensé que c’était une bonne chose à faire.

Quels sont les artistes, groupes, que ce soit en musique mais aussi ailleurs qui ont pu t’influencer dans ta musique ?
Quand j’ai commencé à faire de la musique, plus jeune, c’était vraiment des artistes que j’aime beaucoup comme Lauryn Hill, Erykah Badu, Les Fugees, Damian Marley, FKA twigs, Flying Lotus et d’autres.

Ce n’est globalement pourtant pas le même style de musique que le tien ?
Oui c’est vrai, c’est drôle. J’ai entendu dire que la fille de The XX écoute Rihanna, je pense que c’est représentatif de cette différence (rires), mais je vais encore faire beaucoup d’albums et ce sera vraiment éclectique, je suis sûre de ça. Par exemple, il est vraiment possible que je me mette au rap dans le futur.

Reason est un album un peu moins noir que le précédent, bien que les thèmes principaux restent la recherche de soi, le bonheur, mais aussi évidemment la solitude, ça correspond à quelque chose qui t’es personnel ?
Oui, tout est à propos de l’apprentissage à accepter qui l’on est, trouver le bonheur, mais c’est aussi à propos d’amour, ce qui est également positif. Dans le premier album tout cela n’était pas encore venu à moi, et ça l’est désormais, donc c’est une grande part de la musique que je fais.

Tu t’es entourée de producteurs de renom pour ce nouvel album, à savoir Robin Hannibal et Ludwig Goransson, comment ça s’est fait ?
Je cherchais des producteurs, et je savais que Robin avait fait un très bon titre avec Kendrick Lamar, c’était donc un peu hiphop mais avec des notes très belles et très douces, comme RYE. Ludwig, il est très rapide et très bon pour le rap, j’ai pensé que la combinaison des deux, pour un tout plus organique et plus électronique pourrait fonctionner et ça l’a fait ! Après, vous devez toujours faire un peu de compromis parce que ça prend trop de temps, tout le monde finit par être triste et énervé à la fin. Dans le fond, un album doit toujours être votre bébé à la fin, j’ai dû me battre pour ça.

Le résultat respecte donc de manière authentique tes choix ?
Oui, pas à 100 % mais ça ne l’est jamais ! C’était la même chose pour le premier, pour autant, je peux vraiment dire que c’est mon album.

Est-ce que tu peux choisir parmi tous tes titres celui que tu préfères, que tu places au-dessus des autres ?
Pour ce second album, je pense que ce sera Always Home parce que c’est une chanson que j’ai écrit à 100 %, seule, avec ma guitare. Elle est très intime, c’est une sorte de puzzle qui se forme avec cette chanson, elle est très proche de moi.

Tu commences une grande tournée européenne pour ce nouvel album, comment tu te prépares ?
Je fais attention, je veux être sûre d’avoir un bon set pour les festivals, et un bon set pour les salles, c’est la grande différence, la seule grande différence que tu peux avoir quand tu es en tournée. Je ne prépare pas grand chose, mais je me mets en conditions pour me reposer assez parce que ma voix est très fragile, je dois me taire, avoir une bonne hygiène de vie. C’est un très très beau travail mais bien entendu il faut travailler pour ça.

Tu vas également tourner hors d’Europe ?
Oui, c’est pour l’année prochaine. Cette année on va se concentrer sur l’Europe et en effet l’année prochaine ce sera l’Australie, le Japon et les États-Unis.

Quelles sont les choses que tu fais juste avant de monter sur scène ?
Je me chauffe la voix à fond, puis on s’assoit ensemble avec tous les musiciens, on s’embrasse et on boit tous un peu de vodka.

La tendance semble être à l’électro-pop, avec ton blues, ta soul, tu es un peu unique, tu le ressens comme ça ?
Oui, je pense que c’est vraiment cool, je suis vraiment fière de ça, je ne suis pas perdue dans la masse. C’est bien d’être unique non ? Tous les artistes veulent être uniques. Pour moi c’est une grande surprise, c’est vraiment bon d’être si bien accueillie en France, c’est fantastique, j’espère que ça va rester comme ça pour le reste de ma vie.

Est-ce que tu as des projets de collaboration avec d’autres artistes ?
Oui ! Quand ce n’est pas confirmé je ne préfère pas en parler, ce sont des choses qui vont et qui repartent, c’est oui puis c’est non. Quand ce n’est pas à 100 % certain, confirmé, signé, je ne dis rien. Pour autant, si il y a bien quelqu’un avec qui je veux travailler, c’est Flying Lotus, un producteur fantastique.

Si tu avais un conseil à donner à quelqu’un comme toi qui aimerais commencer la musique ?
Le succès n’est pas la partie la plus importante. Bien sûr tu as besoin d’argent pour vivre, mais je pense que le plus important c’est de rester sincère, de rester fidèle à soi même et à ce que l’on veut. Il faut être fort, et s’entourer de personnes en qui on a confiance.

Co-fondateur, directeur de la publication de Maze.fr. Président d'Animafac, le réseau national des associations étudiantes. Je n'occupe plus de rôle opérationnel au sein de la rédaction de Maze.fr depuis septembre 2018.

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