MUSIQUE

The Black Keys ou la déception inattendue…

Pas très au fait de l’actualité musicale (un comble, me direz-vous), j’apprends une semaine avant sa sortie l’arrivée en bac le 12 mai dernier du nouveau Black Keys, Turn Blue, leur 8e album, trois ans après El Camino. Disponible quelques jours avant sur iTunes et autres plateformes, je m’empresse donc de l’écouter, impatiente d’entendre le bon vieux blues-rock-garage du groupe. Mais, surprise…

Devant mon ordinateur qui rame tellement qu’on se demande comment cela peut être encore possible à l’heure du 2.0, je clique sur le « full album » mis en ligne sur Youtube. Réaction après les 45minutes d’écoute : j’étais mortifiée, le cœur en miettes.

Petit flash-back pour comprendre ma réaction : j’avais entendu quelques fois à la radio le single « Fever » sans savoir que c’était des Black Keys, jusqu’au jour où j’ai su la sortie de Turn Blue. A son écoute, je n’étais pas loin de vomir mon cassoulet du midi. J’espérais donc de tout mon cœur que l’album soit très différent de cette chanson bizarroïde.

Une spirale rose et bleue tente de m’hypnotiser tandis que résonnent les premières notes de Weight of love. Une guitare acoustique, une espèce de bourdon en fond, des notes gentillettes de synthé, une batterie… Black Keys ? Oui, car arrive alors un solo de guitare sale comme sait le faire Dan Auerbach. Mais l’ambiance est planante, loin de Thickfreakness… La chanson n’est pas désagréable, loin de là, c’est une des meilleures de l’album mais disons que ça déstabilise un peu, quand on a connu les premiers albums très garage du duo ! Seule la guitare solo garde un son identique et cette touche bluesy.

S’en suit In time, où Dan Auerbach s’essaie dans le registre aigu et cela ne rend pas si mal, mais, mais… ça dérange. La chanson est plus pop, à grand renfort de synthé, et la guitare y est en retrait, mais les minis solos font plaisir à entendre.

Le deuxième single de Turn Blue est une chanson du même nom. Les couplets assez bluesy ne sont pas déplaisants, dommage que le refrain pop vienne ternir l’ensemble.

Enfin la chanson maudite, Fever… Faites écouter cette chanson à quelqu’un n’ayant pas entendu les albums précédents des Black Keys, et ce quelqu’un vous dira que cette chanson n’est pas mal (ou pas finalement). Le riff est entêtant, elle est un brin électro, pour coller à l’époque, bref, elle a tout pour plaire.

panicstream.net

Source : panicstream.net

Certes, vous dira l’autre personne ayant écouté les précédents opus du groupe, la chanson n’est pas trop mal, le riff reste dans la tête, en effet, mais pourquoi un riff au synthé ignoble ? Pourquoi un brusque changement de direction musicale ? Où est passé le rock, le blues et le garage ? Les Black Keys auraient-ils vendus leur âme au diable en insérant de la pseudo électro dans leurs compositions, et tout cela pour quoi, vendre plus ? Aïe aïe aïe. Du début des années 1970, nous sommes passés en plein milieu des années 1980. La guitare est quasiment absente, et le synthé omniprésent. Venant des Black Keys, la chanson déçoit considérablement.

Year in review succède à Fever. Maintenant que mon pauvre coeur brisé se remet de cette traîtrise, et que je sais que tout l’album sera autre chose que ce que ce à quoi je m’imaginais, une écoute répétée encore et encore me fait finalement apprécier certaines choses, comme cette chanson. On ne peut plus électro-pop, la guitare étant sur le banc de touche (excepté lors d’un petit solo), la chanson est rehaussée par le chant.

Bullet in the brain est ce que j’aimerai bien subir à l’écoute de l’album, mais c’est aussi le titre de la sixième chanson. Le début est considérablement planant, psychédélique. La chanson continue dans le même registra, puis ça s’arrête pendant un couplet, ça reprend, mais c’est plus pêchu avec la batterie de Patrick.

Un riff de ce dernier et commence It’s up to you now, et une guitare saturée comme on l’aime le rejoint. Le blues-rock-garage est de retour, oui ! L’âme des Black Keys n’est donc pas morte. Le pont donne un  charme à la chanson, c’est magique. On a envie de courir et de crier.

Malheureusement, la fête BRG est (déjà) finie avec Waiting on words. Celle là est tout de même assez réjouissante, dans un autre registre, plus pop et psyché. Et puis la guitare s’énerve un tout petit peu lors du pont récurrent.

Vient 10 Lovers funky et très eighties. La déception (encore plus que les autres je veux dire) avec Fever est la suivante. La guitare encore aux abonnés absents, et un horrible son de synthé se cale sur la voix du chanteur lors du refrain et gâche le solo en faisant la même chose sur la guitare.

In our prime n’est – malheureusement – pas mieux. Un solo de synthé dégoulinant à son heure de gloire, puis vient celui de la guitare qui réplique par un solo très BRG. Ca fait du bien pour finir cette chanson.

Pour finir, Gotta get away. La chanson est certes plus pop que BRG mais elle s’écoute et son refrain donne la pêche.

Il faut reconnaître que les Black Keys, que ce soit dans la pop-funk-psyché ou dans le blues-rock-garage, sont très bons. Turn Blue va forcément contrarier les puristes, qu’ils aiment ou non l’album. Une grande part des Black Keys des débuts s’est envolée, et même si évidemment les groupes évoluent, c’est tout de même une déception de voir un si bon groupe abandonner un registre dans lequel il excellait et se tourner vers du plus commercial… Mais ce n’est pas la première fois que cela arrive alors séchons nos larmes, savourons les pépites peu nombreuses que contient Turn Blue et réécoutons avec nostalgie les anciennes merveilles du groupe.

Par ailleurs, les Black Keys joueront au Main Square Festival d’Arras le 4 juillet, le 6 aux Eurockéennes de Belfort et feront un passage aux Vieilles Charrues le 17 juillet !

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