MUSIQUE

Les critiques musique de mars

Petite Noire – The King of AnxietyPetite-Noir-King-Of-Anxiety

Petite noire alias Yannick Illunga a sorti en janvier dernier son nouvel EP composé de 5 titres. Cet artiste sud africain nous présente un ensemble de musiques aux sonorités mixtes, naviguant entre des rythmes pop, indé, rock et africain. The King of Anxiety est le tout premier EP de ce jeune musicien. Avec ces cinq titres, il a réussi son pari en nous y présentant toutes ces influences musicales et ses capacités vocales impressionnantes. Chaque morceau est unique, apportant chacune une pierre à l’édifice. Il nous plonge dans un univers à la fois coloré et mélancolique, comme lui. Cet EP montre une réflexion poussé sur la musique et ses possibilités. C’est une composition intelligente et surprenante, car elle mélange des styles musicaux que l’on a pas forcément l’habitude d’entendre ensemble généralement. Dans ces cinq titres il retravaille et enrichit certains de ces anciens morceaux tel que « Chess » sorti en 2014 avec un clip vidéo rétro et le titre « Till We Ghosts » découvert en 2012.  En clair, ce nouvel EP vaut le coup d’œil pour tous les accros aux jeunes artistes fleurissants aux univers musicaux nouveaux. Petite noire présente un travail intéressant, mélangeant rythmes rocks et africains et nous fascine avec sa voix surprenante qui change à chaque morceau, passant de la voix la plus grave à la voix la plus douce.

Lauranne Wintersheim

kagu-ep-coverKagu – Kagu EP

Oiseau rare, Kagu s’était d’abord fait connaître en tant que chanteur du groupe de Melbourne Snakadaktal. L’australien Sean Heathcliff se consacre désormais avec Kagu à son projet solo qui le conduit vers de nouveaux horizons musicaux. Il vient de dévoiler son premier EP éponyme dans lequel il distille une pop délicate et mélodieuse agrémentée de touches folk et électro. Sa voix douce et sensuelle se mêle à ces sonorités, nous offrant un concentré d’émotions et de sensibilité avec lequel il installe un décor de rêverie et d’escapades oniriques et sauvages. La délicatesse et la sobriété de « Shadow of the Wind » nous plonge d’ores et déjà au cœur d’un décor crépusculaire et électronique, sous une légère brise. Sincérité, intimité et instinct guident ce morceau au tempo lent, où le flot poétique n’entraîne pas l’épanchement. « Human » s’engage dans une escapade rêveuse et sauvage. Instant d’émotion mélodieuse, ce morceau se déploie sur une rythmique langoureuse, des sonorités électro éthérées et un chant épuré, guide dans cette excursion solitaire. Après cette tempête pop, l’accalmie se retrouve avec la folk délicate et intimiste de « The Misunderstood Judgement of Stones » et la navigation aérienne gracieuse de « Jacob ». S’achève alors cette délicate expédition dans laquelle Kagu dresse un panorama lumineux et mélodieux des paysages de l’intime et explore le décor de ses rêves.

Marie-Madeleine Remoleur

KDF – Signal 10406362_950812354937125_6027732916491728167_n

Derrière ces trois lettres se cachent un trio, anciennement quatuor, qui fait revivre les fantômes de la cold wave en y ajoutant une touche plus pop et moderne. Après un premier EP KDF Δ en 2011, ils ont sorti le mois dernier Signal, dont la première sortie avait été fin octobre 2014 sur internet uniquement. Avec un son plus étoffé et chaleureux que KDF Δ, ces deux morceaux relèvent d’une efficacité imparable. Tandis que « The Race » et sa rythmique puissante nous fait danser sans trop réfléchir, « Signal » apparaît comme un morceau plus complexe et torturé, avec ses nappes de guitare lentes qui s’incrustent lentement dans l’esprit. L’évolution instrumentale durant ces cinq minutes semble nous transporter ailleurs, signe de la qualité de composition de KDF.

Jules Gaubert

lapsley_understudyLapsley – Understudy

Douceur électrique, une pluie de sonorités semblant venir d’une autre planète. Voilà les mots qui nous viennent à l’esprit pour décrire le nouvel EP de Lapsley. Cette jeune musicienne originaire de Liverpool a sorti en janvier dernier Understudy, son deuxième EP. Il est composé de cinq titres qui mélangent à la fois la voix naturellement douce et cassée de Lapsley et des sonorités électro. Depuis son dernier EP Monday sorti l’année précédente, Lapsley continue son expérience musicale. Understudy met plus en avant sa voix et la contraste avec des sonorités instrumentales et électroniques. Cette contradiction entre voix et musiques marche étonnement bien, et nous attire vers un univers sans limite. Cette très jeune artiste (Lapsley a 17 ans) est à suivre de très près, car le chemin réalisé déjà depuis son dernier EP est bluffant, nous sommes intrigués par la suite de cette nouvelle aventure.

Lauranne Wintersheim 

3sOmEsiStERs – Cross3610159559341_600

3sOmEsiStERs, malgré les apparences, ce sont d’abord quatre musiciens à l’univers singulier et décalé. Repérés grâce à leur collaboration avec Yael Naïm ou leur travail avec Gush, après quatre années de reprise des tubes des années 90, ils semblent désormais chercher avant tout l’expérimentation musicale et scénique. Sans limites, ils jouent sans cesse sur les frontières, cherchant à passer outre, comme pour leurs costumes où, grâce au soutien stylistique de JC de Castelbajac, ils percent les frontières du genre. Puisant aussi bien dans la pop, la musique du monde que l’électro-polyphoniques, le groupe a dévoilé le 23 février son second EP Cross, réalisé en collaboration avec Gush. Au gré des quatre morceaux, 3sOmEsiStERs nous propose un véritable voyage expérimental qui déconstruit tout canon musical. Avec « Black Hole », le groupe nous plonge au cœur de rythmiques tribales bercées par des voix ondulantes et une polyphonie décapante. Les voix se mêlent et fusionnent aussi sur le très énergique et dansant « Get Up ». Ce morceau nous transporte dans l’univers pop des années 90 et se déploie sur des mélodies cheesy à l’énergie communicative. « Countdown » se pose alors avec délicatesse, distillant des sonorités plus calmes et épurées. La polyphonie se fait ici délicatesse et sensibilité. Mais le morceau explose finalement dans une saturation électronique, revêtant sa loufoquerie d’antan. « Look at me now » achève alors cet EP, avec une introduction digne de Queen, dans une excentricité débordante bercée par des polyphonies hypnotisantes et des rythmiques tribales envoûtantes. Avec 3sOmEsiStERs, la loufoquerie devient élégante et ordonnée, offrant un ensemble musical cohérent, malgré le chaos régnant.

 Marie-Madeleine Remoleur

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