MUSIQUE

Rencontre avec Pale Grey

A l’occasion de la sortie de leur album « Best Friends » dans les pays proches de la Belgique, j’ai décidé de rencontrer Pale Grey, groupe belge gagnant à être connu, et de le faire découvrir aux Français, friands de musique fraîche mais néanmoins pleine de sens que nous propose ce jeune quatuor Liégeois.

D’où vient le nom Pale Grey ?

Pale grey est avant tout un nom visuel. C’est une couleur qu’on apprécie, mais ça symbolise en même temps l’absence de couleur. La genèse du nom vient de notre région natale, Malmedy, dans la province de Liège. C’est une ville qui est toute l’année baignée par le brouillard. On a débuté la musique dans une cabane un peu éloignée, toujours dans cette région, et ce brouillard a bercé nos débuts.

Comment vous êtes-vous rencontrés ? Quelle est l’histoire de votre groupe ?

On est tous originaire de Malmedy comme dit précédemment, et c’est la musique qui a orchestré notre rencontre. C’est une région reculée et ç’a été difficile de trouver des personnes appréciant la même musique. On s’est vite rendu compte qu’on écoutait les mêmes disques, le même style, et Dieu sait si ç’a été compliqué de rencontrer des gens dans le même mouvement que nous. On a d’abord commencé à deux il y a un bon bout de temps déjà. Le groupe Pale grey est lui arrivé aux alentours de 2008-2009. A la base on n’était qu’une guitare et un ordinateur. Ça nous a permis de tourner pendant un certain temps mais on en restait frustré parce qu’il ne nous permettait pas de faire ressentir ce que l’on voulait à notre public. C’est là qu’un clavier et une batterie se sont ajoutés à nous. Ça fait actuellement trois ans qu’on tourne à quatre. Il y a une excellente osmose entre nous. On est un vrai groupe, on travaille à quatre, avec les personnalités de chacun, les goûts musicaux de chacun.

Comment décririez-vous votre musique ?

Le terme technique est Inditronica, un mélange d’Indie et d’électro. Mais tout ça est très technique, on se rend bien compte qu’en donnant ce mot à quelqu’un, il ne signifie pas grand-chose. On préfère se décrire en croisant nos influences.

Qui écrit les paroles de vos chansons ?

Principalement Gilles au chant et Jan au clavier. Nos chansons ne sont pas nécessairement des histoires vécues. Ce sont souvent des sujets qui nous ont touchés, qui nous ont fait et nous font encore beaucoup réfléchir, à propos desquels on se pose énormément de questions. Très souvent on aborde des thèmes de société, mais toujours en romançant le tout.

En parlant de thème de société, le clip de votre chanson Shame, sorti il y a quelques mois, traite entre autres du harcèlement et des rêves brisés. Est-ce qu’en écrivant la chanson vous aviez directement pensé à cette interprétation en particulier ?

Le clip de Shame est une interprétation libre des réalisateurs, on n’avait pas du tout pensé à cette optique en l’écrivant. On a été très content du résultat, le partage avec d’autres artistes comme ceux du septième art était important pour nous. On a fait appel à des gens en qui nous avions confiance, ils ont laissé libre cours à leur imagination, pour qu’ils se fassent une idée personnelle du message délivré par cette chanson. On ne souhaitait pas trop s’immiscer dans leur travail. Tout ce qu’on a fait c’est donner quelques lignes conductrices sur la manière dont on voulait que les images soient perçues. Après, au niveau de l’histoire et de la mise en scène, c’est exclusivement leurs idées et leur façon de voir les choses. Donc évidemment, quand leur proposition est arrivée, on l’a respectée.

Quand on écrit une chanson, on fait toujours attention à ce qu’une histoire soit racontée, certes, mais il faut aussi laisser une grande part d’interprétation au récepteur de notre musique. Surtout, on évite de contextualiser et de donner des noms, ou ce genre de choses qui bloquent l’imaginaire. Les gens peuvent ensuite en faire ce qu’ils veulent, se l’approprier.

De quoi parle votre dernier single Wolf ? Quel style a-t-il par rapport au reste de l’album ?

En expliquant dans les grandes lignes, sans livrer une interprétation particulière et en restant vague, on peut dire que c’est un orateur, symbolisé par un loup, qui s’adresse à une foule et qui tient des propos assez violents. Au bout d’un moment la foule le suit et scande les mêmes paroles. Sauf qu’après quelques instants, cette foule se rend compte que ce qu’elle crie est horrible, mais ne peut sortir de ce piège et y reste empêtrée.

Au niveau de la musique, c’est un morceau un peu plus sautillant, un des morceaux les plus pop de l’album. D’ailleurs ça peut paraître drôle, puisque la musique la plus entraînante est aussi celle qui renferme les paroles les plus graves et tristes. C’est ce qu’on aime, contrebalancer, créer le contraste entre paroles et mélodie.

Est-ce une volonté pour vous d’écrire en Anglais ?

L’essentiel de la musique qu’on écoute est anglo-saxonne, donc quand on a commencé à en faire, c’était tout à fait naturel de nous tourner vers cette langue-là. Et la grosse difficulté avec le Français est de conserver une musicalité dans la chanson. Quand on ne maîtrise pas, le sens des paroles et directement projeté vers l’avant, ce qui rend difficile pour favoriser de la mélodie. C’est la raison pour laquelle on préfère l’Anglais, on aime que les gens appréhendent d’abord la voix de notre chanteur, puis la musicalité et enfin, le sens des paroles. L’histoire racontée ne doit pas plomber la manière qu’aura le public d’apprécier la chanson comme il le souhaite. Il doit être libre de choisir sa façon de consommer le morceau.

Avec quoi rimera 2014 pour vous ?

Notre disque va sortir en dehors des frontières belges dans des pays comme la France, la Suisse, l’Italie, l’Allemagne, l’Angleterre et les Pays-Bas. On sera donc beaucoup en tournée pour le défendre dans tous ces pays qui ne nous connaissent pas encore, c’est ce qui va majoritairement nous occuper. A côté de ça, on va aussi bosser sur de nouveaux morceaux, on a chacun des maquettes chez nous, il faut qu’on se mette à les améliorer tous ensemble pour en faire de nouvelles chansons.

Directrice de la communication, tout droit venue de Belgique pour vous servir. Passionnée de lecture, d'écriture, de photographie et de musique classique.

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