MUSIQUE

1995, Paris Sud Minute

Paris Sud Minute, l’album de la maturité ? Après deux E.P ” La Source ” puis ” La Suite ” un.double.neuf.cinq nous sort son premier album. Intimiste, travaillé, fourni -17 pistes- et toujours en indé malgré une collaboration avec Polydor pour la distribution, la galette est l’incarnation de l’évolution du crew. La bande à Nekfeu a-t-elle relevé l’attente, aussi bien des fan-boys à casquette que des guetteurs, reprochant la légèreté de l’ensemble ? Réponse en slam.

Alpha Wann, Areno Jaz, Fonky Flav, Nekfeu, Sneazzy West et le beatmaker Hologram Lo’. Les six jeunes parisiens côté sud sont sur de nombreuses lèvres depuis la création de leur groupe en 2008. A base de freestyles au rap contenders et de prod de plus en plus léchées, 1995 a connu l’ascension qu’on lui connait, largement relayée par YouTube et MySpace. Rappeurs jeunes, beaux, fêtards ils racontent leur vie parisienne sous toutes ses coutures. Selon l’inspiration les tracks parlent de grosses soirées, de cuites ou de leur amour du rap et des galères à panam. Les prod sont propres, le flow nerveux. Le double.neuf.cinq séduit. Tout le monde ? Non.

On leur reproche la redondance des thèmes de leurs chansons, les paroles qui reposent sur des allitérations sans queue ni tête. On les voit comme des jeunes gâtés, casquettes à 50 billes sur le crâne, leur cause volée par les euros faciles. En effet il est difficile de cerner le message des MC. Passée leur histoire personnelle, pas grand chose à se mettre sous la dent. Trêve de blabla place à l’album.

Le nom Paris Sud Minute vient de l’expression “New-York minute” qui désigne un instant très intense. DJ Lo’ a produit 12 tracks, on note la collaboration de Goldie sur quelques instrus.

1995-site

Première piste, Big Bang Théorie. Craquements de vinyles, notes vaporeuses et voix profonde, tendance égyptienne, l’instru nous enveloppe. On est rassuré, le groupe a gardé son identité Old School. Nekfeu, Alpha Wann puis Sneazzy nous accueillent en parlant de leur vision du monde.

Viens ensuite Paris Sud Minute, le morceau éponyme. L’instru est langoureuse, un saxophone nous sussure à l’oreille. Le morceau glisse bien, on entends des extraits de film façon trip-hop. On en sort pourtant en ayant retenu peu de choses niveau paroles.

Bla Bla Bla. Critique des détracteurs. Les MC nous répètent que les critiques ne les atteignent pas mais y consacrent toute une chanson. Cependant ça sonne comme une revanche sous forme de rigolade, c’est de bonne guerre. L’instru est plus sage, plate.

Flingue Dessus commence fort, dès la première seconde on est réveillé.

“J’tolère pas vos rimes nan, avec ma crime team c’est plus d’rimes
Éclair de génie, tonnerre d’applaudissements
La suite, c’est la suite du Carlton.”

Le morceau est énergique, on y croit.

Jet Lag possède l’instru la plus harmonieuse. Entre le côté jazzy et les extraits japonais, l’auto-tune ce morceau est très intéressant. C’est une vraie audace de Lo’, on en voudrait plus.

J’aime ça est effacée. Ni l’instru ni les paroles ne le font vraiment décoller. Un morceau dispensable.

Baisse ta Vitre est une vraie réussite. L’ambiance très West Coast et l’instru limite expérimentale nous entraînent loin. Bravo.

Pute Blanche à la fois fille et poudre, témoigne de la banalisation de la cocaïne au côté de sa pote, pétasse verte. Morceau plutôt sympa, on rentre bien dans leur délire.

103  Interlude. J’adore. Uniquement instrumentale, ça rebondit c’est cool. Juste cool.

Réel Le morceau commercial. Mièvrerie et gaieté, couplé à une instru superficielle. Non merci…

Le passage Une fois encore on croirait avoir déjà entendu ce morceau. Ca nous rappelle les sages poètes de la rue.

J’participe Le morceau est plat. Une minute après rien ne reste, de la musique ou des punch lines…

Flotte Mais Jamais ne Sombre Plus sombre, nocturne, on parle de regrets, d’espoirs. L’instru est propre mais une fois de plus trop sage…

Pleure S*lope Morceau larmoyant. Nos amis rappeurs honnissent des hommes et femmes ayant mal agis et qui se lamentent sur leur sort, qu’ils ont bien mérité.

Ca résonne C’est un peu mou une fois de plus. Peu de convictions, l’instru est convenue… Gros manque de recherche, tout comme pour Souviens-Toi

C’est la fin. C’est Ca Notre Vie coule vers la sortie. Pas ou peu de paroles, sur un fond de jazz…

On sort du LP très mitigé. Les 1995 manquent clairement d’un message à passer et les paroles tournent un peu en rond. Au delà des clichés qui leur collent à la peau, pas grand chose… L’instru bien trop convenue bien qu’agréable ne laisse pas un souvenir marquant. Lo’ manque un peu d’investissement dans son cd. Pareil pour le flow, vous n’aurez pas vraiment de punchline puissante à graffer sur un mur au sortir de Paris Sud. En définitive il reste un ou deux morceaux qui squatteront les mp3 mais pas de révélation au rendez-vous. Il manque une énergie, une conviction que le groupe n’a pas réussi à nous communiquer.

Parallèlement, plusieurs projets solos nous font découvrir plus personnellement les rappeurs. On note entre autres Alias Darryl Zeuja d’Areno Jazz et Le Singe Fume Sa Cigarette de Dj lo’ .

Alors on l’écoute pas ? Les fans de la première heure retrouveront leur groupe bien au rendez-vous, pourtant les MC ont fait le strict minimum et peineront à séduire leur détracteurs.

18 ans. Lille @lepoutr

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