MUSIQUE

Le classique, une valeur sûre

Quand on nous parle musique classique aujourd’hui, les esprits se braquent, les dents grincent, les visages se crispent. En effet, cette musique si longtemps adulée a perdu de son cachet, tant auprès de la jeunesse que des générations adultes. On tend même à croire que ce style musical est réservé à une élite. Mais c’est totalement faux. A travers une suite d’articles, vous allez découvrir qu’il est non seulement agréable mais également nécessaire de s’intéresser à ce passé musical pour comprendre la musique actuelle.

Musique classique, trop sérieuse ? 

Il faut d’abord clarifier la signification du mot « classique ». En langage courant, la musique classique désigne toute l’ancienne musique accordant divers instruments et parfois accompagnée de chants d’opéra. En réalité, l’ensemble de ces morceaux est qualifié par les historiens et autres spécialistes de musique « savante » ou « sérieuse » parce qu’il est le fruit d’une élaboration technique importante et de respects de règles théoriques imposées.

Le mot « classique », quant à lui, ne désigne dans le milieu qu’une période musicale. En effet, comme en littérature ou en peinture, la musique a traversé plusieurs courants tels que le baroque, le classique, le romantisme et le contemporain.

Les premières théories savantes

La musique savante a été pendant plusieurs siècles très libre et dénuée de sens ou de règles de conduite. Ce n’est qu’au début du XVIIème siècle que l’on posa les premières bases d’écriture et que l’on créa, sans vraiment le savoir, le premier style sérieux.

Le baroque, qu’est-ce ?

Le baroque est chronologiquement le premier style musical reconnu par les spécialistes de la musique savante. Il apparaît au XVIIème siècle en Italie mais conquiert rapidement toute l’Europe et trouve son compte dans tous les pays dits « de culture » à l’époque, comme la France et l’Allemagne.

Le mot « baroque » était au départ une appellation péjorative donnée par les influents de l’époque à cette musique qui sonnait faux à leurs oreilles. Baroque vient de barocco en portugais, ce qui signifie « perle irrégulière ». Les influents culturels de l’époque n’avaient donc vraisemblablement pas beaucoup d’estime pour ce renouveau musical qui contrastait avec leurs habitudes artistiques. Ce n’est qu’au cours du XXème siècle que l’on redonna ses lettres de noblesses au terme baroque dans le domaine musical.

Le baroque se distingue par plusieurs éléments :

Tout d’abord il y a la basse continue. Ce terme désigne en fait une technique d’improvisation chiffrée. Les compositeurs ont décidé à l’époque de placer une série de chiffres sur les partitions de leurs morceaux pour indiquer aux musiciens les endroits où ils pouvaient laisser libre cours à leur imagination tout en suivant quelques directives indiquées par ces différents chiffres. C’est à partir de cette basse continue et des ces chiffres apposés que l’on voit naître les harmonies. la basse continue était généralement interprétée par le clavecin de l’ensemble instrumental, mais on pouvait aisément y ajouter l’orgue ou le luth.

Les harmonies désignent communément une juxtaposition de notes qui sonnent très bien ensemble et qui donnent un effet  de connivence parfaite entre toutes les voix qui jouent ces notes. Voilà pourquoi elles deviennent si importantes à l’époque baroque : chaque musicien ne pouvait pas partir dans une improvisation sans tenir compte du reste de l’orchestre avec lequel il jouait. Les règles harmoniques sont donc devenues indispensables à la construction d’un morceau.

Le baroque voit aussi naître l’ostinato, qui est une sorte de basse obstinée. On la dit obstinée parce qu’elle n’est qu’un motif simple, répété durant toute la durée du morceau. C’est donc cette fameuse basse que l’on retrouve dans presque tous les morceaux electro et techno actuellement.

Voici la pièce la plus représentative de l’ostinato. Le même thème se répète inlassablement à la basse durant toute la durée du morceau. Il s’agit du Canon en ré majeur de Pachebel.

Les formes innovent et se réinventent

En plus de ces innovations techniques, le baroque se distingue en créant de nouveaux types de morceaux.

On voit tout d’abord apparaître en Italie le concerto, qui est une pièce musicale composée de trois mouvements : un rapide, un lent et un deuxième rapide. Le style d’abord italien se développe un peu partout en Europe. Un concerto est un dialogue entre tout l’orchestre et un soliste ( les plus connus sont les concertos pour violon ou piano ). On retient de la période baroque les concertos quasiment virtuose de Jean Sebastien Bach comme celui-ci.

Le baroque donne également naissance aux sonates. Elles comptaient quatre ou cinq mouvements suivant leur portée religieuse ou festive.

Le chouchou du Baroque : Jean Sebastien Bach 

Il est évident que le baroque regorge de grands compositeurs dont il est indispensable de mentionner le nom. Ne serait-ce que Vivaldi pour ses Quatre saisons, Charpentier pour son Te Deum, Haendel pour son Messie, ou Pergolese pour son inoubliable Stabat Mater.  Mais j’ai aujourd’hui choisi de vous parler du plus savant compositeur baroque à mes yeux. Il s’agit de Jean Sebastien Bach.

Ce compositeur allemand de souche a vécu durant toute son existence dans une famille de musiciens réputés. Il n’a rien inventé, aucun style, aucune technique, aucune amélioration d’instrument. Il a même refusé de composer des opéras pour se concentrer sur la musique sans voix qu’il adorait. Autodidacte, il a sans cesse voulu copier le style de ses compositeurs favoris. Mais, par son génie, il a dépassé de très loin le niveau de ses morceaux préférés pour aboutir à une musique savante à l’écrit et très douce à l’oreille.

Toute la fin de son existence a été consacrée à l’élaboration de méthode d’apprentissage pour ses élèves particuliers et plus globalement pour tous les apprentis musiciens qui tomberaient sur ses livres un jour. Demandez à n’importe quel élève  de conservatoire ou d’académie aujourd’hui, il vous dira que jouer un morceau de Bach est la hantise de tout élève qui se respecte. Mais le résultat est là, la technique s’améliore significativement. A chaque niveau d’étude, Bach prévoit une difficulté supplémentaire. On commence doucement avec des menuets ou des petites valses, puis on entre dans les polyphonies à deux voix qui consistent en un dialogue entre deux tessitures. Viennent ensuite les polyphonies à trois voix qui sont également un dialogue entre trois tessitures mais jouées seulement avec deux mains (c’est ici que les ennuis techniques et que les casse-têtes commencent.). Pour finir, on trouve des préludes & fugues, également polyphoniques mais centrés sur la beauté du son et surtout la rapidité de jeu.

Je ne résiste pas à l’envie de partager avec vous un des plus jolis prélude & fugue de ce compositeur. Si simple et pourtant si compliqué.

Bach, une renommée de père en fils

Le nom de Bach était déjà célèbre avant que Jean Sébastien ne naisse mais il a perduré encore ensuite, notamment grâce à plusieurs de ses fils qui se sont lancés dans la composition, eux aussi.

Même s’ils ont tous essayé de se forger leur propre style, on ressent l’emprunte du génie héréditaire dans toutes leurs compositions.

Encore une fois, c’est un avis personnel, mais voici selon moi le petit bijou que l’un des fils de Bach, Carl Philippe Emmanuel Bach, a composé en étant largement influencé par l’opposition du simple et de la complexité dont raffolait son père.

Directrice de la communication, tout droit venue de Belgique pour vous servir. Passionnée de lecture, d'écriture, de photographie et de musique classique.

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