LITTÉRATURE

L’Andromaque de Racine

        Quand l’aimé dédaigne vos regards, vos attentions et se tourne vers un autre qui n’a pour lui aucunes inclinations avérées, c’est une véritable tragédie ! Drame aussi présent dans la mythologie grecque avec les déboires d’Andromaque, Racine décida de reprendre cette trame en 1667 afin d’accompagner le revirement soudain de sa tendre comédienne Mlle Du Parc, s’essayant alors à la nouvelle tragédie après s’être illustrée dans la troupe de Molière. Toujours inscrits dans des triangles passionnels, les héros antiques revisités pour l’occasion se heurtent à la destinée terrible, cette ombre s’ingéniant à ne dévoiler les issues que lorsqu’elles se colorent de cette ardente noirceur appelée fatalité … Succès incontestable de l’époque, Andromaque vous tend ses bras traîtres et la lueur étrange de ses prunelles assoiffées de vengeance pourrait bien réveiller en vous quelques échos. Prenez garde amants éconduits …

Captive Andromache par Leighton

Captive Andromache par Leighton

Rien ne va plus à Buthrot, dans le palais de Pyrrhus ! Les murs dissimulent des ennemis insoupçonnés et les ombres des colonnes sans nombre abritent d’obscurs projets. Jalousie, vengeance et chantage, voici le quotidien nouveau de la cour du roi illégitime, Pyrrhus, qui de ses mains encore sanglantes, convoite avec un œil avide la veuve dont il vient de tuer l’époux. L’insoumise enfermée dans un désarroi extrême se questionne sur le meilleur moyen d’échapper à ce piège dont les mailles se resserrent plus vivement chaque jour. Silencieuse et blême, une jeune femme se tourmente sans répit de son côté. Il s’agit d’Hermione la fille de feu Ménélas qui, promise à Pyrrhus, se voit ridiculisée à mesure que les noces tardent à être annoncées. La belle inhumaine, comme la nomme Oreste, n’est pas sans savoir les penchants dangereux de Pyrrhus envers Andromaque. L’hésitation profonde de ce dernier entre ces deux femmes la rend folle et l’arrivée de son ancien prétendant, ledit Oreste, n’est pas sans lui donner quelques idées … Éperdu d’amour pour cette princesse dédaignée, c’est aveuglément qu’il promet de la combler à n’importe quel prix … Un chatoiement écarlate vient alors baigner les cinq actes de cette tragédie que dédia Racine à Henriette d’Angleterre au XVIIème siècle. S’inspirant grandement d’Euripide qui écrivit lui aussi une tragédie sur la figure d’Andromaque, héritée de la mythologie grecque et dont le premier portrait notable vit le jour dans le chant d’Homère retraçant les mésaventures de Troie, soit l’Iliade, s’inspirant donc de cet antique auteur talentueux, Racine tend à simplifier l’intrigue principale de la pièce en éludant les trois mariages coutumiers connus à Andromaque. De plus, les personnages subissent un travail de fond quant à leurs caractères que le tragédien se presse d’adoucir afin de leur donner un pendant psychologique plus abouti. Pyrhuus par exemple ne sera plus la brute entraperçue chez Virgile dans l’Enéide ou bien dans la Troade de Sénèque. Il deviendra un homme empli de doutes, inconstant et victime de ses choix. Racine déclare d’ailleurs dans sa première préface de 1668, qu’il tend a donner à ses héros « une bonté médiocre, c’est à dire, une vertu capable de faiblesse » afin « qu’ils tombent dans le malheur par quelque faute, qui les fasse plaindre, sans les faire détester.  » En effet il est difficile de détester Oreste, l’amant manipulé ou bien Andromaque qui œuvre afin de préserver la vie de son fils retenu captif par Pyrrhus. Hermione quant à elle retient l’entière tension du drame et derrière son profil sibyllin se dévoilent les faiblesses d’une femme portée aux extrêmes. Le seul dont la conduite peut agacer véritablement le lecteur est sans doute Pyrrhus, dont les revirements incessants appellent l’instant tragique.

Exercice risqué, cette réécriture des aventures d’Andromaque et de ses compères est réussie dans l’optique où Racine arrive à captiver ses spectateurs, puisqu’à l’époque les pièces étaient plus jouées que lues. Y contribuant grandement, ces ajouts et remaniements font de ce texte classique une œuvre à la fois courte et facile d’accès, où seul l’essentiel à sa place.

Pour donner un peu plus de piquant à votre lecture, ou si vous souhaitez tout simplement savoir quel personnage vous seriez le plus susceptible d’incarner dans la pièce, voici un petit test :

1/ Que tenez-vous en plus haute estime ?

Banane : L’honneur

Kiwi : L’amour

Fraise : Vos idéaux

Abricot : Votre rang

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2/ Quelque part, quelque chose vous attend. Qu’est-ce ?

Abricot : Un avenir radieux

Banane : Un monde de Justice

Kiwi : L’âme sœur qui vous manque tant

Fraise : Un gouffre béant

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3/ Le bien et le mal se divisent en vous

Banane : En deux camps bien distincts. Vous ne faites aucune concession.

Fraise : Le bien, le mal ne forment qu’un seul tout, juger les actes n’est pas votre fort.

Kiwi : Ils se nuancent selon les personnes qu’ils concernent.

Abricot : La frontière est mince et fluctuante, vous aspirez à la transgresser mais en redoutez les conséquences.

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4/ Les larmes de votre ennemi mortel

Kiwi : Remettent tout en question.

Abricot : Vous réjouissent !

Fraise : Vous plongent dans un profond mal-être mais ne vous font pas plier.

Banane : Ne vous émeuvent pas le moins du monde.

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5/ Aux côtés d’un autre, il y a vôtre âme sœur

Banane : Impossible, elle est à côté de moi.

Fraise : Va t-elle seulement me remarquer ? Je la veux, je n’ose pas … je vais être brutal …

Abricot : Vous crevez de jalousie et préparez moult stratagèmes pour la récupérer.

Kiwi : Elle vous attire comme un aimant. Vous ne sauriez vous satisfaire d’une autre à présent !

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Réponses : 

Un maximum d’abricots : Hermione

Vous captivez par votre allure flamboyante et avez des conquêtes à la pelle, cependant vous baissez rarement les yeux vers les simples mortels qui brûlent pour vous. Vos attentes en terme d’amour frôlent la démesure. Puisque vous vous sentez reine, il ne vous faut qu’un roi (ou inversement) ! Votre soif de pouvoir pourrait toutefois se transformer en une haine incontrôlable au cas où l’élu ne se montrerait pas à la hauteur !

Un maximum de kiwis : Oreste

Vous êtes un(e) romantique dans l’âme. L’amour est ce qui vous fait avancer dans la vie. Pour préserver l’harmonie vous pourriez cependant vous éloigner de l’être aimé, voire essayer de tuer vos sentiments. Quoique vous tentiez de faire, vous reviendrez toujours à ses côtés, quitte à rester à l’écart en attendant votre heure …

Un maximum de fraises : Pyrrhus

Vous aimez avoir le contrôle sur ce que vous faites, hélas, l’amour vous malmène et vous êtes tiraillé par vos idéaux et ce que la vie vous offre. Jamais totalement investi dans une relation, vous gardez un œil sur l’horizon et changez d’avis à tout moment, ce qui fait de vous quelqu’un d’insaisissable. Faites attention à ne pas viser que l’inaccessible …

Un maximum de bananes : Andromaque

Le mot qui vous caractérise le mieux est « fidélité ». Pour vous l’amour se doit d’être entier et inébranlable. Mort sous les coups de Pyrrhus, Hector, votre aimé vit par delà la mort grâce à votre loyauté sans faille. Vous n’hésiteriez pas à tuer celui qui viendrait briser l’harmonie de votre couple.

Maître ès lettres. Passionnée par la littérature et les arts | m.roux@mazemag.fr

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