LITTÉRATURE

Les résultats du concours “Sur les chemins, l’été…”

A l’heure des départs en vacances, en juillet, Maze lançait son premier concours de création littéraire avec pour thème « Sur les chemins, l’été… ». La rentrée venue, nous remercions vivement les participants qui ont tous fait preuve de créativité et de sensibilités différentes.

Après concertation, le jury vous dévoile enfin les noms des 3 gagnants :

Le 1er prix revient à Charlie Chepansky, pour son texte intitulé « Sur les chemins, l’été… ».

Le 2ème prix revient à Leslie Munar, pour sa nouvelle « Une pause hors du temps »

Le 3ème prix revient à Laetitia Charrault pour sa nouvelle « Sur les chemins l’été »

Comme convenu, Charlie Chepansky gagne la publication de son texte dans le 32ème numéro de Maze ainsi que le livre de son choix parmi les 3 lots proposés ci-dessous. Leslie Munar et Laetitia Charrault remportent de même chacune l’un de ces livres après concertation avec le choix du premier et du second gagnant.

concours

Nous vous remercions encore une fois pour ce beau moment d’inventivité et de partage littéraire !

Le texte gagnant : Sur les chemins, l’été….

C‘est une manière de voir les choses, un angle où l’incidence ne se perd plus dans sa propre réflexion mais pénètre bien un espace autre, une conscience adjacente. C’est dans cette nuance, à première vue minimale, que se déploie notre conception de l’importance. Placez un solide d’une couleur quelconque sur une surface plane et voyez les variations de son ombre sans cesse repensées par celle lumineuse de l’espace qui l’abrite. Imaginez maintenant une simple imperfection sur l’une des faces de l’objet, minime, elle aussi, et dessinez mentalement son pendant d’ombre grandissant et se métamorphosant selon l’inclinaison de la source lumineuse. Ce peut-être un détail, une accroche dans la linéarité de la matière tout comme ce peut-être une obsession immatérielle, une irrégularité qui soumise à une surveillance étroite, s’affirme et se révèle de plus en plus envahissante. Tout n’est qu’une question d’angle de vue et d’ombre. C’est dans une telle posture d’observation de l’évolution de ce presque rien que la conscience peut alors réellement s’éveiller, car elle sent s’organiser en elle des possibles et leur contraires, tirant par là un ensemble de loi qui lui semble justes. Puisqu’il faut encore des indices et des données, pensez maintenant à l’incidence d’une lumière franche, définissant les contours d’une manière presque réelle, sur cet objet et son imperfection qui trônent en témoins. Ne se fondant pas dans la semi-pénombre d’un soir, elle s’offre au contraire au halo presque impossible d’un de ces jours d’été, violent d’être égal en lumière et souverain d’un ciel sans obstacles. Ces jours sont ceux de la vraisemblance, de ceux qui sans copier, figurent une réalité, sorte de mimesis sincère, de postulat lancé aux récepteurs de ces éclats presque qu’intimes et absolument étrangers. Il n’est plus alors question de vérité mais de l’agencement de ce qu’on appelle l’imaginaire. C’est ainsi que penché sur la surface plane et sans accroches, l’écrivain scrute sans discontinuer les variations de sa lumière intime pour en saisir sans le déformer, le rayon juste éclairant l’un des pans d’une réalité à la fois fuyante et omniprésente. Socle de cet imaginaire en construction, la page blanche attend, prête à accueillir tous les possibles. Une seule incohérence de ton peut faire dévier la réflexion de l’image première de l’écrivain, faussant ainsi la perception du récepteur, c’est pourquoi l’angoisse sourde pointe et s’intensifie à mesure que prennent corps les idées premières. Cheminant dans un labyrinthe de faux semblants et d’images faciles, hérités de ce qu’on appelle la conscience collective, le scripteur tel un géomètre patient, s’emploie à délasser le faux du vrai, et tel un rayon brisé par une surface plane, part à la recherche de ses origines, de son rayon premier. L’instinct lui permet alors de traverser les apparences et de toucher à l’essence même de ses pensées, que le langage, tout maladroit qu’il est, tente de restituer à sa mesure. Se perdre dans cette entreprise de mise à nue de la primarité est l’un des risques que se doit de prendre tout bon écrivain. Avancer lentement, agripper à pleine main et la terre et le ciel de son monde imaginaire, voilà ce à quoi doit se résoudre le faiseur de prose pour espérer rendre une image fidèle de ce qui le traverse. A la fois explorateur et artisan de son œuvre, il doit appréhender toutes les variations lumineuses et leur équivalent d’ombre pour que la vraisemblance nimbe son effort. C’est pourquoi, dans la saison intemporelle qu’est l’été intérieur, il convient de marcher beaucoup sur les chemins…

                                                                                                                 Charlie Chepansky

 La Rédaction Littéraire.

Maître ès lettres. Passionnée par la littérature et les arts | m.roux@mazemag.fr

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