LITTÉRATURE

Voir avec le cœur

Il est des mots qui restent dans les mémoires. Ce sont souvent des éclats de vérité ou des beautés révélées. Parfois ce sont les deux. Ces belles formules sont souvent saluées, comme leurs auteurs. Antoine de Saint-Exupéry est un de ces prodiges de la formule ; dans son oeuvre incontournable, Le Petit Prince, il écrit : « On ne voit bien qu’avec le coeur. L’essentiel est invisible pour les yeux. ». Beaucoup s’accordent à attester de la vérité contenue dans cette phrase. Pourtant, qui donc en ces heures troubles écoute encore son cœur ?

Aujourd’hui, alors que l’été est là et que ses vacances traditionnelles commencent, je veux vous dire qu’il y a urgence de ressentir. Qu’il nous faut quitter notre attitude de Saint-Thomas pour quelques semaines – ou pour toute une vie – et enfin s’exalter plutôt que se dévorer, sentir plutôt qu’attendre, c’est-à-dire enfin voir avec le cœur plutôt qu’avec les yeux.

Aujourd’hui, je veux modestement vous dire à peu près ce qu’André Breton adresse aux hommes de son temps : « Lâchez tout. […] Lâchez vos espérances et vos craintes. […] Lâchez la proie pour l’ombre. […] Partez sur les routes. ». Oui, partez sur les routes, celles de vos séjours et celles de votre esprit. Empruntez des sentiers que d’angoissants contextes vous ont poussé à délaisser. Osez vous acheminer vers le sensible. La société a souvent méprisé ce monde sensible – sans doute parce qu’elle l’a confondu avec la sensiblerie.

Amis lecteurs, soyez de fiers sensibles. Mais soyez sensibles dans la quête de l’instant présent. Libérez votre cœur de ses entraves et laissez-le vous guider dans la perception du beau éphémère, c’est-à-dire du monde ; et quoi qu’on en dise, dans la vie instantanée, le vrai n’est jamais très éloigné du beau.  Vous trouverez deux compagnons de route pour atteindre cet émerveillement qui vous tend les bras : les émotions, que vous devrez accepter et libérer, et la littérature. Cette dernière ne vous fera jamais défaut, elle est complice de tout homme depuis la nuit des temps.

Les mots sont les clés de votre âme. S’ils ne l’étaient pas, personne n’aurait écrit et personne n’aurait lu. Les mots, la littérature, le sensible sont fondamentalement vôtres.Vous ne trouverez jamais plus touchant et profond qu’un vers, qu’un roman ou qu’une pièce de théâtre. Votre esprit ne sera jamais aussi exalté qu’à l’étude. Jamais. Excepté dans chaque fragment de vie où vous aurez décidé d’être sensible, de voir avec le cœur. Que chaque vue, chaque effleurement, chaque bruit vous réjouisse ! Laissez libre cours aux frissons de votre existence. Dites oui à l’appel de la vie.

« Peuple d’Orphalèse, la beauté est la vie lorsque la vie dévoile son saint visage. Mais vous êtes vie et vous êtes le voile. La beauté est l’éternité se contemplant dans un miroir. Mais vous êtes éternité et vous êtes le miroir. » – Khalil Gibran, Le Prophète, 1923.

Étudiant en classes préparatoires littéraires. Féru d'Histoire et de Littérature. Amoureux de la poésie. Intéressé par la Philosophie et les Arts.

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