LITTÉRATURE

À la rencontre de Carina Rozenfeld

Photo de Stanislas Kalimerov

Carina Rozenfeld, auteure de romans pour la jeunesse centrés sur l’imaginaire, revient pour Maze sur ses premières réussites, son expérience personnelle et le problème de la littérature fantastique ou pour la jeunesse, trop souvent dénigrée.

Carina Rozenfeld a commencé à écrire vers huit ans. Elle a dans la tête des histoires d’autres mondes et ne cherche qu’à les raconter. Entre elle et les livres, ça a toujours été une grande histoire. Elle a cependant attendu d’avoir une trentaine de bougies sur son gâteau pour publier son premier livre pour la jeunesse, Lucille et les Dragons Sourds, en 2004. Entre 2008 et 2012, les sorties s’enchaînent avec deux tomes uniques et deux trilogies : La Quête des Livres-Monde et Doregon. La duologie Phænix (septembre 2012 et avril 2013) est sa première série de young-adult, genre littéraire en pleine expension notemment depuis la fameuse saga Harry Potter. Grâce à Phænix, de nouveaux lecteurs adolescents, jeunes adultes mais aussi moins jeunes la découvrent et elle écume les salons du livres aux quatre coins de la France. Le 13 février 2014, Carina Rozenfeld fête son anniversaire mais aussi la parution du premier tome de La Symphonie des Abysses, dans la même collection que Phænix. Une histoire se déroulant dans un monde clos et étouffant, mêlant émotions, histoires personnelles et une musique : la symphonie des abysses. Pour la parution de son quinzième roman, elle a accepté de répondre à nos questions pour une interview exclusive revenant sur son parcours …

La Quête des Livres-Monde, tome 1
Éditions L’Atalante
2008

Avez-vous eu du mal à faire publier votre premier livre ? 

Je ne parle pas souvent de ma quête d’éditeurs parce que je sais que c’est, en réalité, difficile de se faire publier. J’ai eu beaucoup de chance, car dans mon cas ça a été très simple. Ça s’est passé tout seul pour Lucille et les Dragons Sourds et pour le Mystère Olphite, j’ai envoyé mon manuscrit par la poste chez l’Atalante. J’ai appelé l’éditeur quelques semaines plus tard (en bégayant, tellement j’étais impressionnée !). On m’a directement passé Mireille Rivalland, l’éditrice, car elle était justement en train de le lire. Elle m’a tout de suite dit qu’elle trouvait l’histoire très bien, le temps que la collection jeunesse de l’Atalante se monte et c’était signé … Pour la suite, j’ai eu encore une fois beaucoup de chance. On est venu me trouver et je n’ai plus eu à « chercher » un éditeur. Tout s’est enchaîné avec une telle facilité … C’est une histoire de belles rencontres. Tout d’abord l’équipe de l’Atalante, puis Denis Guiot chez Syros, Constance Joly-Girard chez Intervista, Glenn Tavennec chez Robert Laffont et je suis certaine que ce n’est pas terminé ! Une belle aventure humaine. Parfois, la vie nous montre un chemin qu’il ne faut pas hésiter à emprunter, même si on ne sait pas vraiment où il nous mènera. Il faut saisir sa chance. C’est ce que j’ai fait et je ne regrette aucun moment de mon parcours.

En tant qu’auteur, comment vivez-vous la classification de la littérature : celle dite “pour adultes” et celle souvent dénigrée “pour enfants” ou “pour adolescents” ?

Le Mystère Olphite Éditions L'Atalante  2008

Le Mystère Olphite
Éditions L’Atalante
2008

Je le vis bien dans le sens où je n’ai pas l’impression d’être privée de lecteurs. Ceux qui aiment mon genre de littérature (et je suis considérée doublement en sous-genre, puisque j’écris pour la jeunesse ET pour l’imaginaire !) savent me trouver et me lisent. Mais je trouve ça dommage pour ceux qui ne vont pas spontanément vers ce genre et qui se retrouvent privés de nombreuses belles et bonnes histoires. Car jeunesse ou imaginaire ne veut pas dire « mal écrit » ou « bébé ». Il y a une différence entre Oui-Oui (que je lisais en Bibliothèque Rose quand j’étais petite !) et ce que l’on peut trouver de magnifique et inventif aujourd’hui. Ce que je peux dire aux lecteurs réfractaires ? Essayez. Juste une histoire ou deux, et on ne sait jamais quel beau voyage vous finirez pas faire !

Avez-vous des sujets sur lesquels vous aimez écrire ?

Je n’ai pas un sujet en particulier sur lequel j’aime écrire. Je pense que les lecteurs qui ont parcouru plusieurs de mes livres savent que je change d’univers à chaque fois. Ni le même lieu, ni la même époque … J’ai besoin de visiter des univers différents à chaque fois. Je crois que j’ai la bougeotte, je ne peux pas me limiter à un genre, un monde, un genre de personnages. Bien sûr, on va retrouver des éléments communs entre mes livres, mais je ne pense pas m’arrêter à un sujet, et j’espère pouvoir en explorer d’autres !

Phaenix

Phænix : Les Cendres de L’Oubli
Éditions Robert Laffont
Collection R
2012

Entre Lucille et les dragons sourds, votre premier livre sorti en 2004, et La symphonie des Abysses, ressentez-vous une évolution dans votre manière d’écrire ? 

Entre Lucille et les Dragons Sourds et La symphonie des abysses  ? J’espère avoir progressé dans mon style et je compte bien continuer à m’améliorer ! J’ai aussi changé de tranche d’âge de lecteurs, mais j’ai aussi très envie de revenir vers les plus jeunes. Chacun de mes livres est une part de mon identité d’auteur, et même si j’aimerais parfois corriger tous les défauts que je peux trouver à mes premiers romans, je me dis aussi que c’est aussi bien car ça fait partie de mon parcours et de mon évolution.

Quel accueil vos lecteurs réservent-ils à vos livres ?

Pour mes romans, l’accueil est en général bon. J’ai de la chance, j’ai de super lecteurs. Entre les messages qu’ils me laissent sur Internet et les rencontres que je fais en salon, ce n’est que du bonheur, un enrichissement inouï du point de vue humain. Je n’aurais jamais pensé rencontrer autant de monde, échanger des histoires, celles que je raconte mais aussi celles que les lecteurs partagent avec moi, leurs vies, leurs émotions. C’est très enrichissant.

Pour terminer, avez-vous cinq raisons pour convaincre les potentiels lecteurs de ne pas acheter vos livres ?

– Parfois, ils provoquent des émotions et ça peut être dangereux.

– C’est de la jeunesse ET de l’imaginaire. Ouille, ouille, ouille.

– Si on n’aime pas voyager dans d’autres mondes, d’autres époques ou alors dans un monde qui ressemble au nôtre mais qui ne l’est pas tout à fait … Alors il vaut mieux éviter.

– Il y a beaucoup de mots, ça pique les yeux.

– C’est moi qui les ai écrits.

La Symphonie des Abysses

La Symphonie des Abysses
Éditions Robert Laffont
Collection R
13 février 2014

Pour suivre l’actualité de Carina Rozenfeld, c’est :

– Sur sa page Facebook : Carina Rozenfeld 

– Sur son blog : http://carinarozenfeld.wordpress.com

Grande lectrice et blogueuse littéraire. Avis sur un grand nombre de livres, interviews d'auteurs mais aussi de personnages sur Les Mondes de Clèm : http://lesmondesdeclem.blogspot.fr/

You may also like

More in LITTÉRATURE