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MaMA Festival 2018 – Un éventail d’émotions

Samedi 20 octobre, les premières lueurs du jour sont encore lointaines mais les lumières de la Machine du Moulin Rouge s’effacent et annoncent la fin des nuits sonores du MaMA Festival. Après trois soirs de folie musicale, Pigalle retrouve son calme passé. Mais si on tend l’oreille, on peut encore entendre dans l’air les souvenirs des dernières notes jouées, dans ces douces nuits d’automne.

Mercredi : voyage électrique

Premiers pas à la Centrale de la Machine du Moulin Rouge, dans l’univers apaisant de Walter Dean qui nous offre un spectacle tant sonore que visuel. L’ombre des trois artistes s’activant sur leurs instruments est découpée par des faisceaux lumineux qui bercent la salle obscure. On nous embarque dans un tableau poétique où jouent avec délice ombre et lumière. Les dernières minutes coupent brusquement le balancement étourdi du public et le trio termine sa performance avec vivacité et justesse.

 

© Alexandra Bon , Walter Dean

Alors que nous nous dirigeons vers Folie’s Pigalle pour rencontrer l’artiste canadien Larry Kid, un décalage nous confronte au rappeur Obia le Chef accompagné de son DJ. A coup de “Soufflez” et de “Lasagne” balancés entre les punchlines, le rappeur ne parvient pas malgré lui à nous embarquer dans son univers et nous sortons de la salle quelque peu déconcertés.

La suite de la soirée se déroule à La Boule Noire avec le DJ Azur. Elancé sur sa table, la grande silhouette du musicien travaille avec grâce et nous emmène un instant dans son paysage électro aux nuances exotiques. Les faisceaux lumineux illuminent encore une fois la fosse et ses visages conquis, au regard perdu vers un ailleurs qui reste secret, enfermé dans les murs sombres de la salle.

 

©Alexandra Bon, Azur

C’est Apollo Noir qui prend le relais, toujours sur la table surplombant une foule de plus en plus électrique. A notre grande surprise, la musique qui résonne est apaisante et nous entraîne dans une odyssée planante. Le temps se faufile et la Boule Noire est, quelques instants, loin de Pigalle et flotte dans le rêve nocturne que produisent les mains habiles de l’artiste.

La fin s’annonce et nous rencontrons l’atmosphère atypique d’Amnar 808. La Centrale du Moulin Rouge est plongé dans un étonnant mélange de musique et danse traditionnelle arabe et musique électronique. Le groupe provoque un élan de chaleur que souligne les derniers rayons lumineux de la scène. La nuit se termine sur les sourires amusés des festivaliers qui n’attendent que le lendemain.

Jeudi : patchwork musical

Cette seconde soirée se démarre en douceur car nous avons rendez-vous avec le violoncelliste Peter Gregson pour un concert intimiste. En effet ce denier nous émerveille au phonomuseum, musée à part entière dans lequel  l’artiste intègre entièrement le décor. Ce soir, il vient nous interpréter son dernier album Recomposed by Peter Gregson : Bach – The Cello Suites, un hommage à Bach joué avec d’autres violoncellistes préenregistrés pour l’accompagner sur scène. Le but étant de percevoir des émotions et sensations nouvelles sur une œuvre qu’il s’est réapproprié. Après le morceau 6.2 Allemande, on peut dire que le pari est réussi.

Après une entrée émouvante nous continuons notre lancée dans la salle des Trois Baudets que l’on retient pour son allure théâtrale. Nous entrons quand le concert commence, l’ambiance est très reposée car tous les yeux sont fixés sur le personnage sur la scène. Il s’agit de Martin Kohlstedt, un jeune pianiste et compositeur allemand. On comprend alors la fascination qui s’opère auprès de ce dernier, qui ne fait qu’un avec son instrument. La musique est un langage et il l’a très bien compris tant il parait naturel pour lui d’effleurer les touches du piano comme de trouver ses mots. Pas étonnant alors qu’il demande aux ingénieurs du son si il lui reste du temps pour une dernière improvisation. Le public devient très vite friand de ses fables musicales qui, pour certaines, sont inspirées de souvenirs d’enfance.

©Peter Runkewitz, Martin Kohlstedt

Nous passons par le Carmen avant de nous rendre au prochain concert. Ici, le rappeur Comme1Flocon commence son concert dans cette salle très chic et baroque. Les fans sont venus de Suisse pour l’acclamer et l’artiste se retrouve très vite au plus près de son public. Si tout le monde commençait à danser sur son titre Salsa, nous devions partir pour retrouver un artiste d’un genre très différent.

Notre première réaction en entrant dans le Bus Palladium fut la suivante « il doit être attendu  ». En effet, l’artiste Adam Naas a su faire parler de lui car ce night-club de taille moyenne avait atteint sa capacité maximale. Le chanteur arrive sous une acclamation et sa voix a la pouvoir dès ses premières paroles, de charmer toute une salle. L’artiste maîtrise son chant comme il maîtrise la scène : de manière sensuelle et envoûtante sous une musique de pop soul. Le concert est alors très apprécié car c’est même la première fois qu’il y a un rappel depuis le début de la soirée. Un seul bémol pour nous, la présence du bar près de la scène à côté duquel quelques consommateurs ont oublié le sens du respect. Ont-ils été intimidés par l’artiste ou serait-ce tout simplement les effets de l’alcool ? A méditer.

Enfin une chanteuse et pas des moindres ! Nous nous sommes vite rendues au dernier concert de la soirée dans la salle du Backstage by the Mill qui a déjà vu passer de nombreux artistes à l’avenir prometteur. Ce jeudi soir, c’est Blu Samu qui prend le relais. C’est une rappeuse/compositrice belgo-portugaise accompagnée de sa DJ, très bonne partenaire, qui a toujours été là pour l’aider à faire face à quelques petits contretemps vestimentaires. Et on lui pardonne car elle sait se donner sur scène et nous faire rentrer dans son univers multilingue dans lequel il est plus facile de s’exprimer. Difficile pour elle comme pour nous de quitter la salle pour achever cette deuxième soirée. Son cadeau : la mise en place d’un pogo dans la fosse pour se défouler sur ses sons hip hop, soul et funk ; une manière symbolique de resserrer le lien qui unissait un public à sa musique.

Vendredi : la transe

La soirée du vendredi commence par le concert d’un des artistes les plus attendus du MaMA festival. Il s’agit de Gaël Faye qui -à peine le premier morceau entamé- électrise le public de la Cigale. La salle est pleine à craquer et comme le dirait l’artiste, la température monte d’un cran à chaque morceau. Rythmes dansants et mélodies endiablées se succèdent comme la promesse d’un album ensoleillé et chaleureux dont le chanteur nous fait l’honneur d’en dévoiler quelques extraits.

Puis vient le tour de Miel de Montagne qui se produit ce soir là dans la salle des Trois Baudets. D’ailleurs, on regretterait presque la configuration du lieu composé uniquement de places assises. Il faut dire que nous avions envie de nous abandonner au son de ses douces et poétiques chansons. Le paroxysme est atteint lors de son titre Slow pour mon chien où il invite même des spectateurs à monter sur scène pour effectuer une danse sensuelle. On ressort du concert rêveuses, le sourire aux lèvres.

©Alexandra Bon, Miel de Montagne

Le moment de grâce continue avec l’énergie communicative du groupe Bobun Fever. Le mot d’ordre est annoncé dès le début par la chanteuse du quatuor : fête permanente. Et pourtant nous étions loin de nous imaginer ce que nous allions vivre. Nous rentrons dans une véritable transe qui ne nous quittera que bien plus tard dans la nuit. En effet, le concert que le groupe propose ne ressemble en rien à ce que nous avons déjà vécu. Une véritable communion se crée entre les musiciens et le public. Les spectateurs montent sur scène et la chanteuse descend dans la foule entre deux bénédictions : une marque de rouge à lèvres et des paillettes pour devenir membre de la communauté Bobun à laquelle nous étions déjà conquises.

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