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EA, un géant en décadence

On ne présente plus Electronic Arts, célèbre éditeur de jeux vidéo américain fondé il y plus de trente ans, présent dans (presque) toutes les ludothèques avec des titres tels que Battlefield, FIFA, les Sims ou encore Need for Speed. Mais depuis quelques mois, la société est sur le déclin, ce qui entraîne des relations de plus en plus difficiles avec ses joueurs. Enquête sur les différents problèmes entachant la réputation de l’éditeur.

Electronic Arts a été fondé en 1982 par un jeune diplômé de Harvard, Trip Hawkings. Rapidement, la société s’est imposée comme pionnière de l’industrie vidéo-ludique, portée par des franchises telles que SimCity. Justement, c’est par celle-ci que les ennuis ont commencé. En effet, EA avait pour projet de créer un véritable cinquième opus pour la série, après l’échec de SimCity Sociétés, successeur de l’excellent SimCity 4. L’attente était grande chez les joueurs pour ce « SimCity 5 » d’autant plus que Will Wright, créateur des premiers épisodes, était très enthousiaste tout comme la majorité des sites spécialisés dans le jeu vidéo. Hélas, tous ces espoirs retombèrent finalement le jour de la sortie du jeu, le 7 Mars 2013.

La taille limitée des villes, la présence d’innombrables bugs et surtout l’obligation d’une connexion Internet pour jouer ont entraîné une déception générale. Le jour du lancement, les serveurs surchargés d’EA ont empêché la grande majorité des joueurs de télécharger le jeu pour ceux ayant opté pour la version digitale, mais plus embêtant encore, ne permettaient pas le démarrage du logiciel et ce même pour commencer une partie solo. À ce moment-là, les mêmes sites que ceux qui avaient donné un avis enthousiaste sur les nombreuses démonstrations de SimCity lors de nombreux salons spécialisés ont finalement retourné leurs vestes, le jeu recevant la désastreuse note moyenne de 2/10 de la part des joueurs sur le site Metacritic, JeuxVidéo.com le jeu de « déception du début de l’année 2013 », GameBlog disant qu’il était « trop facile, trop limité, vite oublié ». Will Wright a également fait savoir son mécontentement  en déclarant qu’il était « inexcusable que l’on fasse payer à quelqu’un un jeu 60$ et qu’il ne puisse pas y jouer ». Si EA a tenté de corriger le tir depuis en offrant un jeu à ses clients et en publiant pas moins de 9 mises à jour, consistant en grande partie à corriger des bugs, le mal était déjà fait. Maxis, le développeur du jeu a fait savoir début janvier qu’un mode hors-ligne était en préparation et serait disponible avec la mise à jour n°10, dans les mois à venir.

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On aurait pu légitimement penser qu’Electronic Arts, après ce fiasco, aurait appris de ses erreurs et soignerait à l’avenir les lancements de ses jeux. Pourtant, près de huit mois plus tard, rebelote : autre jeu très attendu, autres problèmes, j’ai nommé Battlefield 4. Cette fois-ci, c’est sur plusieurs aspects du jeu lui-même que l’éditeur a échoué. Cela ne signifie pas que le titre est médiocre, au contraire, recevant des notes plutôt bonnes de la part de la plupart des sites spécialisés, bien que la campagne solo soit jugée trop courte. Mais cette fois encore, le jeu est littéralement truffé de bugs très variés, allant de problèmes d’affichage à des crashs réguliers du jeu en passant par un mode multijoueur très ralenti du fait de serveurs ne suivant pas la charge de joueurs. Là aussi, EA a réagi en publiant des mises à jour et en mettant en ligne un outil permettant aux joueurs de signaler les problèmes qu’ils rencontrent en jouant. Cependant, force est de constater que cela ne suffit pas, certains bugs pourtant connus depuis le lancement du jeu n’étant à ce jour toujours pas corrigés. Face à la réaction de DICE, le développeur du jeu filiale d’EA, qui a simplement déclaré qu’ « alors que des millions de joueurs apprécient Battlefield 4, nous sommes conscients que certains joueurs rencontrent des problèmes avec le jeu », ainsi qu’à l’absence d’excuses et de remise en question d’EA, des joueurs américains ont engagé une class-action à son encontre, arguant notamment sur le fait que l’éditeur ne pouvait pas ne pas être au courant que son jeu était rempli de problèmes, certains affirmant même qu’EA a consciemment vendu un jeu inachevé simplement pour coïncider avec le lancement de la PS4, de la Xbox One et de Call of Duty : Ghosts. Certains joueurs n’ont d’ailleurs pas hésité à annoncer leur départ pour ce dernier jeu.

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droits réservés

Ces deux jeux sont représentatifs de la crise qu’Electronic Arts traverse, que l’on peut également constater par le départ du PDG de la société en Mars dernier, deux semaines après la sortie de SimCity, et plus récemment de Jeff Brown, directeur de la communication depuis 14 ans. Mais heureusement pour l’éditeur, il peut compter sur des franchises à succès comme FIFA, Need for Speed, Madden NFL (simulation de football américain, très populaire aux États-Unis) mais aussi sur des jeux mobiles tels que Plants vs. Zombies. La sortie en automne des Sims 4, continuant l’une des franchises parmi les plus célèbres de la firme, pourra également être bénéfique. Cela suffira-t-il  cependant à EA pour remonter dans l’estime des joueurs et récupérer sa place de leader des entreprises vidéo-ludiques ? Rien n’est moins sûr.

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