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Fracture numérique et enclavement des seniors : quelles solutions ?

De plus en plus présents dans notre quotidien, le numérique et les objets connectés font doucement mais sûrement leur place au sein de nos vies. Mais comme tout nouveau phénomène sociétal, il a des conséquences, à commencer par ce qu’on appelle la fracture numérique.

La fracture numérique : késako ?

Le phénomène de numérisation étant lui-même relativement récent, le terme de fracture numérique l’est encore plus et requiert alors quelques éclaircissements. On observe en effet depuis quelques années un véritable fossé se creuser entre les utilisateurs et les non-utilisateurs des technologies informatiques. En cause : les inégalités d’accès à ces nouvelles technologies, qu’il s’agisse des ordinateurs, des smartphones, des tablettes ou de tout autre objet connecté. S’opposent alors deux groupes distincts. D’un côté, ceux qui se sentent intégrés à cette société nouvelle dite « de l’information ». Celle-ci se caractérise par un accès constant et quasiment immédiat à l’information, et la facilité d’accès à cette dernière passe par l’équipement. Etre connecté grâce à un ordinateur ou une tablette favorise ce sentiment d’inclusion dans cette société de l’information. D’un autre, on trouve ceux qui en sont exclus de par leur accès restreint ou inexistant aux outils connectés.

Les facteurs de cette fracture numérique sont nombreux : le sexe, l’âge, la catégorie socio-professionnelle, les revenus, le niveau d’études ou encore le nombre d’enfants sont autant d’éléments qui jouent un rôle majeur dans l’apparition de ce fossé. L’âge, notamment, semble avoir une influence significative.

Un fossé qui touche tout particulièrement les seniors

Selon l’enquête « Conditions de vie et aspirations des français » réalisée par le CREDOC, en 2014, seulement 45 % des 70 ans et plus disposaient d’une connexion Internet à domicile, contre 96 % des 12-17 ans et 90 % des 18-24 ans. L’âge semble ainsi s’imposer comme un critère révélateur de la fracture numérique. En effet, les seniors sont l’une, si ce n’est la catégorie de la population la plus isolée en ce qui concerne l’accès aux technologies du numérique. Pour quelles raisons ? Parce qu’ils ne ressentent pas l’utilité de s’équiper par exemple, ou encore parce qu’ils ne savent pas les utiliser. Si le fossé est si creusé entre les plus jeunes et les seniors, c’est également parce que les plus jeunes générations sont ce qu’on appelle des digital natives ; en d’autres termes, les technologies numériques existaient déjà lorsqu’elles sont nées, et elles ont par conséquent été à leur contact dès leur plus jeune âge. Savoir utiliser un ordinateur ou posséder un smartphone devient alors presque quelque chose de naturel chez les digital natives. C’est très différent pour les seniors, qui ont assisté à une digitalisation de la société et qui n’ont pas nécessairement fait la démarche d’apprentissage et d’adaptation de leurs pratiques en fonction de cette digitalisation. Autant de facteurs qui viennent illustrer et expliquer la barrière entre jeunes et seniors en ce qui concerne le numérique.

Des associations s’engagent pour amoindrir cette fracture

Si ce phénomène d’’enclavement numérique semble surtout se démarquer chez les seniors, des associations s’engagent pour tenter d’amoindrir la fracture. C’est par exemple le cas de l’association Au Cours des Âges qui s’engage, grâce à une formation adaptée, à apporter aux seniors les compétences nécessaires pour l’usage des nouvelles technologies : « A travers une pédagogie adaptée, l’association ACDA se propose de mettre au service des seniors ces nouvelles technologies. Qu’il s’agisse de rompre l’isolement ou de s’approprier les usages que l’on croyait réservés aux plus jeunes, les seniors peuvent ainsi continuer de faire rimer retraite avec dynamisme et activité ». Une bonne initiative pour réduire une fracture de plus en plus marquée, et permettre aux 70 ans et plus de percevoir l’utilité des NTIC et ce que ces dernières peuvent leur apporter au quotidien : bénéficier des services d’assurance et de banque en ligne ou faciliter les formalités administratives comme les déclarations d’impôts par exemple, mais aussi avoir accès à des services plus basiques comme le e-commerce, la recherche d’informations ou même les jeux interactifs connectés. Ce sont les arguments qu’a choisi de mettre en avant l’association E-seniors, qui s’engage également à faciliter l’approche des technologies du numérique aux 70 ans et plus, grâce notamment à un cyber salon de thé réservé aux aînés. Une initiative innovante qui permet d’allier formation et convivialité.

La fracture numérique entre seniors et digital natives, si elle est indéniablement présente, n’est donc pas une fatalité grâce à l’engagement d’associations de plus en plus nombreuses pour rendre accessibles l’accès et l’usage des nouvelles technologies numériques aux 70 ans et plus. De quoi réduire voire enrayer, dans les années à venir, le fossé intergénérationnel ?

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