CINÉMA

Les héritiers : “oublier l’Histoire, c’est se condamner à la revivre”

Un film juste sur un projet fou mené par une prof avec sa classe de seconde. L’émotion est à son comble.

Rentrée scolaire. Lycée Léon Blum, Clichy. Anne Gueguen arrive dans sa classe de seconde 2. Classe compliquée, les élèves ont chacun leur personnalité, leur caractère, le bordel est roi. Les scènes s’enchaînent, plantent le décor d’un lycée de banlieue, tels qu’ils sont montrés et remontrés à chaque fois. Le film semble s’enliser dans les clichés. C’est inquiétant.

Puis survient ce projet proposé par Gueguen à sa classe. Un rebondissement qui pourrait sauver la classe, comme le film. La prof ne voit pas en ses élèves des problèmes, mais des êtres humains avec leurs motivations, leurs sentiments, leurs approches des choses. Elle s’imagine pouvoir les lancer dans le grand concours du centre national de la résistance. Le sujet concerne les enfants et adolescents dans les camps nazis.

Dès lors, le film se focalise sur le projet. Comment les élèves l’appréhendent ? Pourquoi le faire quand on se sent « nul » ? Gueguen rétorque que c’est à force d’être montrés du doigt qu’on en arrive à penser cela, mais que c’est l’occasion de prouver le contraire. Les élèves, d’abord peu convaincus, se plongent dans le sujet. Ils découvrent l’Histoire, une Histoire qu’ils méconnaissaient. Ils découvrent des destins, des destins de juifs français, allemands, hollandais. Ils découvrent l’horreur, celle qu’on connaît partiellement et celle qui est racontée par ceux qui l’ont vécue. Et puis ils rencontrent un ancien déporté. Envoyé à 15 ans à Auschwitz, Léon leur raconte son histoire, ce qu’il a enduré. Il retrace tout un pan de la Seconde Guerre mondiale, dans une incroyable scène au final bouleversant.

On dira ce qu’on veut de la forme, des plans quelconques de lycée, des quelques scènes cliché d’élèves qui refusent puis qui acceptent, du proviseur qui se persuade que c’est une perte de temps. La forme s’efface totalement pour laisser place au fond, fort de sens et d’émotion. Et le mérite revient aux acteurs, tous incroyablement justes, Ariane Ascaride (la prof) en tête.


Alors non, ce n’est pas un énième film sur la Seconde Guerre mondiale. C’est un film sur la mémoire, sur ce qu’il reste de ce pan dramatique de notre Histoire, sur ce que l’on ne doit pas oublier. C’est un film sur l’héritage qu’en ont les jeunes aujourd’hui et notamment les jeunes de banlieue. C’est un film qui donne la parole à ceux qui ne l’ont pas assez. Et c’est un film sur le vécu, des enfants d’hier et d’aujourd’hui, tiré d’une histoire vraie. 

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