CINÉMA

La Stratégie Ender – Éclosion d’un enfant soldat

28 ans après la sortie de la Stratégie Ender d’Orson Scott Card et face à un marteau de chez Disney dont on ne citera pas encore le nom, l’adaptation cinématographique a du mal à s’épanouir en ce mois de novembre ; les racines de ce récit en avance sur son temps étaient pourtant bien solides.

Andrew Wiggin, alias Ender, jeune garçon surdoué dans futur proche, testé jusqu’à la sève par le gouvernement, est sélectionné par l’Ecole de Guerre. Ainsi, il sait écraser ses adversaires, comme de vulgaires insectes. L’espèce humaine est en guerre contre un peuple extraterrestre : les Doryphores. Le comportement de ce garçon interprété par Asa Butterfield, vraie tige toute en jambes de 16 ans, intéresse particulièrement le Colonel Graff, incarné par Harrison Ford. Ender est accepté dans l’Ecole, entraîné et conditionné pour gagner toutes les guerres.

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Asa Butterfly dans le rôle d’Andrew “Ender” Wiggin

Des mains de Gavin Hood, réalisateur du premier Wolverine et de Mon Nom est Tsotsi, le rêve de l’écrivain de ce best-seller devenu classique de science-fiction devient réalité : ses mots sont portés à l’écran.
Son titre original Ender’s Game (à ne pas confondre avec Hunger Games) nous immiscait déjà dans un jeu, pour une nouvelle partie. A peine aux germes de son parcours et de son apprentissage, notre personnage ne se plie pas à la discipline militaire et supporte très peu la hiérarchie. Manipulé par ses supérieurs afin d’être isolé pour être mieux façonné, il ne doit pas recevoir d’aide de l’extérieur. L’amour qu’il porte pour sa soeur et la rage inspirée par son frère sont le terreau de sa réussite. Depuis l’entraînement stratégique en apesanteur au jeux conçus exclusivement pour lui en passant par la lutte au corps à corps, il devient le meilleur, trouvant des solutions de génie. Suite à ses victoires, il est pris en main par le héros passé de cette guerre contre les Doryphores, joué par un Ben Kingsley tatoué : Mazer Rackham . Un stress grandissant nous envahit. L’identification au héros est semblable à celle que nous procurait l’oeuvre originale. Mais d’un roman captivant, nous passons à un long-métrage ni transcendant ni décevant.

Les descriptions offertes par l’auteur dans le roman rendent les effets spéciaux du film, pour lesquels nous sommes de plus en plus exigeants, un peu timides. Le film est l’occasion de belles retrouvailles : le duo Asa Butterfield et Ben Kingslay déjà présent sur le plateau d’Hugo Cabret de Scorcese. Des clins d’œil à la Guerre des Etoiles, avec la présence d’Harrison Ford, du design des vaisseaux spatiaux et d’un hologramme, sont disséminés. Alors un sourire complice est esquissé, comme une “private joke”, mais ça ne suffit pas. Comme pour rattraper un manque de relief de certaines images de synthèse, la bande originale est rare mais agréable. A voir en VO pour le jeu des acteurs et éviter une dénaturation de l’œuvre par la traduction à l’instar des relations des personnages et de scènes de violences.
Ce dont on peut être certain, c’est que Bonzo, chef de la seconde équipe d’Ender à l’Ecole de Guerre est si petit et si caricaturé qu’il est loin du vraisemblable voire du rationnel. Le jeu de la remarquable Abigail Breslin dans Little Miss Sunshine n’a pas survécu. Pour anecdote, les combinaisons colorées du film ressemblent à des pyjamas … La construction du film ne laisse pas place pour autant à l’ennui. Nous sortons de la salle des questions plein la tête ; une véritable expérience didactique pour jeunes et vielles pousses, qui vous cueillera sur la mousse de vos sièges.

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