CINÉMA

Dossier : Festival Lumière 2015

Festival Lumière – Journal de bord d’un festivalier

L’édition 2015 du Festival Lumière débutait le 12 octobre. Mais il est bien loin le temps où on commençait à se pencher sur le programme quelques semaines avant. Maintenant il faut s’en préoccuper plusieurs mois à l’avance, subir des heures d’attentes pour enfin avoir des places qui prennent alors une allure de Graal précieux.

Lundi 12 octobre – 19h30 : Cérémonie d’ouverture

On y est, le Festival rouvre ses portes symboliquement avec la cérémonie d’ouverture. Avec ses sept années d’existence la soirée est désormais rôdée. Les clips habituels sont là et agrémentés de nouveaux, notamment un qui interroge les lyonnais sur leur culture des Frères Lumière. Une partie des invités du festival sont présents, mais composés très majoritairement d’habitués. Pour cette soirée, les deux artistes de marque étaient John Lasseter, présent pour les 20 ans de Pixar et Nicolas Winding Refn venu présenter son livre L’Art du regard. Cela fait peu donc on les choie, chacun aura le droit à son moment hommage, et à sa publicité.

Cette année l’invité d’honneur de la cérémonie était Vincent Lindon, ce qui à première vue paraît bien moins prestigieux que Faye Dunaway l’année dernière. Cependant sa passion palpable pour le cinéma et sa franchise (« je vais être honnête [le film que vous allez voir] n’est pas mon préféré ») nous ont très agréablement surpris. Simple remarque, c’était la première fois qu’autant de personnes ont quitté la salle entre la fin de la cérémonie et le début du film (La fin du jour de Julien Duvivier) sous les yeux ahuris des spectateurs qui, eux, avaient bien conscience de la chance qu’ils avaient d’être là. « Putain c’est dégueulasse » murmure une dame, on aurait pas dit mieux.

La Fin du jour de Julien Duvivier en film d’ouverture – © D.R.

Mardi 13 octobre- 19h45 : Les frissons de l’angoisse

Le festival est avant tout le moyen de voir ou revoir des films dans les meilleures conditions, c’est-à-dire sur un écran de cinéma. C’est d’autant plus agréable lorsque le réalisateur lui-même vient le présenter, comme ce fût le cas ici avec Les frissons de l’angoisse de Dario Argento. La maître du Giallo (genre italien de films mélangeant sexualité et horreur) était accompagné de sa fille Asia. Dommage que lors de son intervention il se soit plus consacré sur la (très belle) restauration que sur le film lui-même. Finalement le plus touchant était le témoignage de sa fille qui avait vu le film très jeune alors qu’elle était dans la cabine de projection, et qu’elle avait ainsi été choquée par une décapitation.

Les Frissons de l’angoisse de Dario Argento

Mercredi 14 octobre- 15h : Master class Nicolas Winding Refn

Dans un théâtre rempli majoritairement de jeunes de 20 à 25 ans avait lieu pendant 90 minutes environ une rencontre avec Nicolas Winding Refn. Le réalisateur de la trilogie Pusher, Bronson, Drive ou dernièrement Only god forgives est identique à ses films, calme en apparence mais peut à tout instant se réveiller brusquement. A coup de petite phrases cinglantes (« le nouvelle vague et tout cette merde ») et provocatrices (« just go fuck a lot ! » est son conseil pour les aspirants réalisateurs) l’homme à lui seul méritait le déplacement. Il a passé en revue sa jeunesse, sa passion pour le cinéma, ses débuts, sa conception de l’art, de la violence, du sexe… et son livre, campagne promo oblige. Pour être tout à fait complet il manquait peut-être des précisions sur son approche spécifique de la mise en scène, qui a très fortement évolué au fil de sa carrière, tendant de plus en plus vers un formalisme extrême.

Nicolas Winding Refn au Festival Lumière 2015- © DOMINIQUE JACOVIDES / BESTIMAGE

Jeudi 15 octobre- 16h30 : Hommage à Alexandre Desplat

Fraichement oscarisé pour sa bande originale de The Grand Budapest Hotel, Alexandre Desplat était le compositeur à l’honneur de ce festival. L’hommage, en sa présence, a débuté par un habile aperçu de son travail, entre films intimistes comme The Queen ou Un Prophète, et blockbusters tel que récemment Godzilla, ou comme mis en avant ici, les deux derniers Harry potter. Il s’en est suivi un mini-concert de morceaux composés par Desplat,  joué par des élèves en musique et dirigé par sa femme, Dominique Lemonnier. A noter la venue surprise de Roman Polanski avec qui il a collaboré sur The Ghost Writer et Carnage. Dans un pays qui donne peu d’importance aux compositeurs il était assez surprenant de voir une foule s’accumuler autour de l’homme à la sortie.

Alexandre Desplat, gagnant de l’Oscar en 2015 pour la meilleure bande originale avec The Grand Budapest Hotel était au Festival Lumière – AFP

Dimanche 18 octobre- 14h30 : Cérémonie de clôture

Pour les (nombreux) malchanceux qui n’ont pu le voir lors de sa master class ou de la remise du prix, c’était l’occasion d’approcher l’homme de toutes les convoitises, Martin Scorsese. Après avoir savouré une dernière standing ovation de 5000 personnes il a pris quelques minutes pour aborder le développement délicat du film projeté, Les affranchis. Un moment court certes, mais qui aurait pu penser il y a à peine quelques années, qu’un jour, un cinéaste de cette envergure serait présent dans la ville des gones ?

Martin Scorsese présente Les Affranchis en clôture du festival- © DOMINIQUE JACOVIDES / BESTIMAGE

Nicolas Renaud

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