CINÉMA

Festival Lumière – Jour 1 : En attendant Clouzot

Le Festival Lumière et ses invités. Strass, paillettes et public chic. Mais le Festival Lumière comporte aussi son lot de moments plus ordinaires. Nous nous sommes glissés samedi dans la file d’attente des sans tickets pour essayer d’aller voir Les Diaboliques de Clouzot. Bilan.

9h33 : arrivée devant l’entrée du Hangar du premier film

Dix personnes attendent déjà. Moyenne d’âge, 60 ans. En tendant bien l’oreille vous pourrez presque les entendre rouspéter d’ici. “J’aurais aimé qu’il y ait… Comment ? Robert Redford !”, dit l’une. L’autre pas chauvine pour un sous lui répond que c’est des acteurs et des réalisateurs français qu’elle aurait voulu voir surtout. Toutes les 5 à 10 minutes une jeune femme passe. Désespérément, elle essaye de vendre quatre tickets pour la cérémonie d’ouverture devant avoir lieu le soir même à la Halle Tony Garnier. Tout le monde refuse mais semble convaincu qu’elle parviendra à vendre ses tickets.

10h15 : ouverture des grilles

On se croirait presque à l’entrée d’un supermarché à l’heure d’ouverture. Tout le monde se précipite à l’intérieur du hangar. On est dans un sketch de Groland.

 

Pour les uns, direction le bureau de la billetterie. Pour les autres, c’est file d’attente derrière des cordons de séparation. S’ensuivent 25 longues minutes d’attente. Dans la queue on commence à s’impatienter et à s’inquiéter de ne pas avoir de place. Une dame s’enquiert du genre cinématographique de Guillermo Del Toro. Comme réponse on entend un virulent : “C’est violent”. Une troisième dame approuve “Roh oui, c’est sanglant”. Elles passent à autre chose, se racontent leurs souvenirs de la sortie des Diaboliques de Clouzot avec nostalgie. Aaaaaah, c’était 1954.

10h40 : le verdict

Les six premières personnes ont leur place. Coup de chance nous justement sixième dans la file. Pour les dizaines de personnes qui attendent derrière ce sera soit une place assise dans les escaliers à 4€ soit rien. Les pauvres, tu parles d’un plaisir d’aller au cinéma. Clouzot vaut bien 2h de douleurs musculaires, alors ils s’assoient gentiment dans les escaliers. La salle est comble.

Salle comble pour la première séance à l’Institut Lumière – © Charlène Ponzo / Maze

Des images publicitaires du Festival défilent sur l’écran. Gainsbourg et Bardot entonnent “Bonnie and Clyde” dans ce brouhaha.

10h48 : chut, ça commence enfin !

Sous les applaudissements, un homme arrive devant la toile. “On est tellement à l’heure” commence-t-il avec ironie. Après un rapide speech de quelques minutes sur Clouzot, son œuvre et sa vie, la version restaurée des Diaboliques commence enfin.

Les Diaboliques plus une tête, c’est parti. – © Charlène Ponzo / Maze

 

12h50 : le mot de la fin pour Clouzot

Une restauration au top. Un film à la fois noir et comique comme Clouzot sait si bien les faire. Des dialogues tranchants à la Audiard et une mise en scène moderne avant l’heure. Une Simone Signoret et une Vera Clouzot époustouflantes. On retrouve un Michel Serrault méconnaissable tant il est jeune mais aussi Pierre Larquey ou encore Noël Roquevert, grandes figures du cinéma des années 1950-1960. Impossible d’en dire plus cependant. Les Diaboliques est un film à voir, pas à conter : ce sera le mot de la fin. C’est pas nous qui le disons, c’est Henri-Georges Clouzot :

Requête finale de Monsieur Clouzot – © Charlène Ponzo / Maze

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