CINÉMA

Godzilla : le lézard se mord la queue

Tout a commencé au Comic Con de 2013, lorsque la Warner a diffusé la toute première affiche, intrigante, du nouveau film mettant en scène le Roi des monstres : Godzilla. Durant une année, l’attente n’a fait que grandir face à des bandes-annonces d’une efficacité redoutable, faisant espérer des pics apocalyptiques tétanisants. Une chose était alors sûre, en engageant le jeune amoureux des monstres Gareth Edwards, auteur du film minimaliste nommé justement Monsters, Warner était bien décidé à faire oublier à chacun le précédent Godzilla du roi des destructions massives, Roland Emmerich. On était bien décidé à porter en étendard ce nouvel opus, mais contre toute attente, les choses allaient être plus compliquées que prévu. La sortie ce mois-ci du film en DVD et Blu-Ray permettra t-elle de nous enlever l’amertume du premier visionnage ? Rien n’est moins sûr.

La note d’intention de ce Godzilla était claire : réaliser un film de monstres dans le plus grand respect du genre, selon une certaine tradition hollywoodienne. Effectivement, Gareth Edwards prend grand soin d’intégrer le mieux possible ses créatures : un jeu constant entre le premier et le second plan pour rendre perceptible leur échelle, et les dévoiler par petites touches, jamais plein cadre, pour faire monter l’excitation du spectateur. L’envie d’offrir un spectacle intègre, sérieux, qui prend son temps, et donc se démarquant du tout venant, transpire à chaque image. Hélas, mêmes les meilleures intentions du monde ne suffisent souvent pas.

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Godzilla – Droits Réservés

Premier obstacle qui se dresse devant nous : les personnages. Après un couple touchant (Bryan Cranston de Breaking Bad et Juliette Binoche) évacué en moins d’une quinzaine de minutes, le pire est à venir : entre deux pseudo-scientifiques qui servent uniquement à déblatérer un jargon qui sur-explicite les enjeux, la copine du héros qui sert uniquement de point de montage entre deux lieux, et surtout justement un héros à l’incarnation d’un Aaron Kick-Ass Taylor-Johnson d’une platitude confondante, rien ne nous est facilité pour susciter notre intérêt. Comme si cela ne suffisait pas, le scénario au ralenti nous donne l’impression d’une longue phase d’exposition des personnages, de leurs enjeux et du dévoilement de la capacité des monstres d’une durée de… 1h30. Qu’à cela ne tienne, nous pouvons toujours nous rabattre sur les scènes de destruction massive et de combats à grande échelle. Enfin,il faudrait pouvoir. En effet, la mise en scène pleine de promesses finit par imposer au spectateur une mise à distance, telle que lorsque Godzilla finit par apparaître enfin à l’écran (au bout des 2/3 du film, donc) nous n’en avons plus grand chose à faire. S’en suit alors une scène de combat final à la chorégraphie répétitive et sans originalité au milieu d’immeubles s’écroulant comme des châteaux de cartes. In fine, cette scène est à ce point terriblement désincarnée qu’elle n’arrive jamais à nous arracher une quelconque émotion face à l’absence d’implication du spectateur. On pourra toutefois retenir de jolis effets spéciaux, quelques plans percutant comme le travelling latéral des explosions successives d’avions avant qu’entre dans le champ l’énorme pied de Godzilla dans un déluge de feu, ou des idées ludiques telle la pluie d’avions de chasse. Il suffit alors de se remémorer la Pacific Rim, de Guillermo Del Toro, pour se rendre compte que n’importe laquelle de ses scènes est plus généreuse, plus viscérale, plus galvanisante que ce Godzilla tout entier.

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Godzilla – Droits Réservés

Pour revoir du lézard géant, il suffit d’attendre décembre prochain pour le dernier volet du Hobbit avec le dragon Smaug ayant déjà fait ses preuves dans le précédent (la désolation de Smaug) et qui s’apprête ici à livrer l’un des gros morceaux de cinéma de cet opus, parmi tant d’autres.

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