CINÉMA

Rencontre avec Max Howard

Max Howard ce n’est pas forcément celui qu’on connaît le plus, mais c’est pourtant lui qui est à la source. Il est à l’origine des studios Disney de Londres, Paris, Orlando et Los Angeles qu’il a dirigés pendant plusieurs années. Il est aussi l’ex-président de Warner Bros animation et également producteur chez Dreamworks. Il a ouvert il y a peu l’Exodus film group ainsi que le Max Howard consulting group pour la réalisation de film indépendants. Vous connaissez sûrement les films sur lesquels il a travaillé à différents niveau mais presque toujours en tant que producteur : Qui veut la peau de Roger Rabbit, Space Jam, Le roi Lion, La belle et la bête, La petite Sirène, Pocahantas, Spirit, La ferme se rebelle, Igor, Aladdin, Le géant de fer, Bernard et Bianca.

Max Howard c’est tout un univers et une pensée du cinéma (et particulièrement du cinéma d’animation) qu’il s’agit maintenant de découvrir au travers de l’interview qu’il a agréablement accepté de partager.

Thibault Comte : Vous êtes passionné par le cinéma d’animation. D’où vous est venu ce goût si particulier ? Quels sont vos films et personnages préférés, ceux qui vous sont chers, les films que vous revoyez sans cesse ? Toutes ces choses qui vous ont façonné …

Max Howard : Par accident … J’ai fait une formation de cinéma à la fois comme réalisateur et producteur. J’ai poursuivi ces études jusqu’à ce que j’ai obtenu le poste de producteur exécutant au studio Disney à Londres pour la réalisation de « Qui veut la peau de Roger Rabbit ? » (de Robert Zemeckis). Je n’avais jamais pensé à une carrière centrée dans le monde du cinéma d’animation et quand les studios Disney m’ont invité à déménager aux Etats-Unis au terme du film, c’est vers un nouveau cinéma que je m’avançais.

Le moment crucial où est né mon intérêt pour l’industrie du cinéma, c’est quand j’ai emmené ma fille voir une re-diffusion des « 101 Dalmatiens », un film que j’avais alors redécouvert comme un enfant, et en fait, probablement l’un des premiers films que j’avais vu. L’expérience pour ma fille fut certainement la même, car c’était sûrement le premier film qu’elle voyait dans une salle de cinéma. Cela remonte à 1991, elle avait alors trois ans et demi. Elle était assise là, sur le bord de son siège, hypnotisée par ce film réalisé en 1960 ! J’ai réalisé à ce moment-là que les films d’animation, contrairement aux films en prise de vue réelle et directe, ont la capacité de transcender le temps. Ils ne peuvent pas se dater de la même manière, tout dans le défilement de l’image et dans l’histoire est un choix du réalisateur, c’est une illusion. Les images viennent à la vie comme par magie. Ce potentiel m’a donné un moment de pure clarté et d’inspiration. Il fallait faire un film d’animation réussi et il résisterait à l’épreuve du temps. J’ai eu la chance d’avoir été associé à un de ceux qui sont en train suivre exactement cette voie. Cela n’a rien à voir avec mes capacités propres mais c’est le pouvoir du moyen d’expression lui-même : il est intemporel.

Dans le cadre de mes fonctions, j’ai l’occasion d’intervenir dans nombre d’évènements à travers le monde, de parler avec des étudiants en l’animation, des professionnels de l’animation, mais aussi à des personnes qui n’y connaissent rien, mais je peux citer des films qui ont jusqu’à 70 ans et la majorité de l’auditoire connaît ces films. Ce qui est vraiment intéressant est qu’ils n’ont aucune idée du moment où ils ont été produit. Ils se référent aux moments de leurs vies où ils ont chacun découvert ces différents films. Bambi, par exemple, a été fait en 1942. Je demande de quel film est tiré cette phrase : « Your mother cannot be with you anymore ». Les mains se lèvent. « C’est Bambi ! ! ». Personne n’est assez âgé dans l’auditoire pour avoir vu ce film à sa sortie, ou, quand ils le sont, ils ont au moins 75 ans ! Jusqu’à ce que je travaille dans l’industrie du cinéma d’animation, j’étais convaincu que Bambi avait été réalisé à la fin des années 50, car c’était la décennie où je l’ai vu pour la première fois, et où j’ai pleuré.

Mon inspiration vient donc de l’idée que ce que nous pouvons créer peut résister à l’épreuve du temps, et à la pensée que ma fille, qui a maintenant 25 ans, peut emmener ses enfants voir un film sur lequel j’ai travaillé et cela non pas comme « devoir », mais simplement pour éprouver une joie et un divertissement purs. Quelle opportunité que de créer des emplois et du travail dont le but pourrait être de résister à l’épreuve du temps.

T.C. : Qu’est ce que serait un « film parfait » pour vous ?

M.H. : C’est une question aussi importante que courte. « Un film qui aurait du succès ! » Un film qui divertirait sur le marché mondial, critique, en même temps que succès financier. Beaucoup plus facile à dire qu’à faire !

T.C. : Qu’est-ce qu’être un producteur de film ? Quand nous ne sommes pas vraiment dans le milieu du cinéma, c’est plutôt difficile de se faire une idée sur cette partie de la création d’un film, pourtant essentielle. Nous avons souvent une connaissance du travail d’acteur, de réalisateur, mais le producteur, nous avons l’idée toute faite bien trop souvent de le ramener à l’argent. Pouvez-nous nous éclairer ?

M.H. : Quand on travaille dans un grand studio, on fait partie d’une machine énorme et incroyable avec des charges de pièces mobiles. Quand ça fonctionne correctement, qu’un projet de film se déroule, c’est incroyable à vivre. Quand on rejoint initialement ces organisations, c’est comme entrer dans un labyrinthe, complexe et difficile de trouver la bonne voie. J’ai eu la chance de travailler sur des films incroyables, et à une période de croissance importante de l’industrie de l’animation. Je suppose que je faisais partie de la création du labyrinthe. Quand j’ai rejoint Disney Feature Animation, il y avait un couple d’une centaine d’artiste dans le département, quand je l’ai quitté une dizaine d’années plus tard, les effectifs avaient dépassé les 2000 personnaes dans trois studios différents.

Il y a toujours beaucoup d’obstacles à franchir, peu importe si vous produisez en ayant recours à un grand studio ou indépendamment. Dans le monde indépendant, il faut essayer d’être un expert dans tant d’autres domaines, non seulement dans la réalisation du film, mais aussi dans la mobilisation de fonds. Il faut également tout apprendre sur le marketing et la distribution … Il s’agissait de domaines dans lesquels je n’avais jamais vraiment été impliqué avec les grands studios et cela a été une courbe d’apprentissage abrupte.

Etre un producteur indépendant a beaucoup de différences. Le mot indépendant, par exemple, est l’emblème de cette différence : « être indépendant du système studio ». Il ouvre des possibilités infinies que l’on est libre de suivre avec une vision plus singulière … sa propre vision par exemple. Mais il s’agit d’une responsabilité beaucoup plus grande. En tant que producteur indépendant, on prend la charge de remplir tous les aspects de la réalisation d’un film. Du développement à la production et enfin à la distribution. Augmenter les fonds de la collecte et tout le reste !

Il n’y en a pas un supérieur à l’autre, mais il existe maintenant une industrie viable et indépendante, ce qui n’était pas possible il y a quelques années. Dans le monde des logiciels, CG software était le principal propriétaire et le coût du matériel complètement hors de portée de la plupart des petits studios. Ils ne pouvaient que rêver à la production de leur propre film, et les défis sont beaucoup trop exigeants pour être facilement surmontés et certainement pas sans un investissement important de la part de la trésorerie.

Dans les faits, si vous vouliez faire un film, vous deviez louez tout ce dont vous aviez besoin. Dans l’animation il fallait construire et cela était un peu trop long pour des jeunes cinéastes inspirés. Cette situation a maintenant changé, les technologies nécessaires sont beaucoup plus accessibles, ce qui est une barrière en moins à lever, et nous voyons de plus en plus de longs-métrages d’animation indépendants atteindre le marché, ce qui ne peut qu’être une bonne chose pour l’industrie. L’année dernière 21 films ont été recensés aux Etats-Unis, un record, mais encore bien en-dessous de ce que j’espère où nous pourrons aller. En moyenne, les Etats-Unis produisent plus de 300 films, ce qui donne à l’animation un tout petit pourcentage sur l’ensemble.

D’un autre côté, nous avons la chance que les animateurs talentueux fassent partie de la plupart de ces films, sinon la totalité, en prises de vues directes – pas toujours appréciés ou récompensés de manière appropriée pour leur service. Mais je m’écarte de la question de l’identification des différents défis d’être producteur indépendant.

L’animation est une méthode merveilleuse pour raconter des histoires. En soi, c’est un art en mouvement mais utilisé dans le but de faire des longs-métrages. C’est un outil unique qui peut inspirer et divertir le public à travers le monde et ces films peuvent devenir intemporels et voyager de génération en génération. Nous avons tous grandi aux côtés des films d’animation classiques réalisé bien avant notre naissance et cette tendance s’est poursuivie, mais nous ajouterons bientôt à cette liste des classiques les films indépendants à savourer longtemps dans l’avenir.

Etre un producteur indépendant a beaucoup de différences. Le mot indépendant, par exemple, est l’emblème de cette différence : « être indépendant du système studio ». Il ouvre des possibilités infinies que l’on est libre de suivre avec une vision plus singulière … sa propre vision par exemple. Mais il s’agit d’une responsabilité beaucoup plus grande. En tant que producteur indépendant, on prend la charge de remplir tous les aspects de la réalisation d’un film. Du développement à la production et enfin à la distribution. Augmenter les fonds de la collecte et tout le reste !

Il n’y en a pas un supérieur à l’autre, mais il existe maintenant une industrie viable et indépendante, ce qui n’était pas possible il y a quelques années. Dans le monde des logiciels, CG software était le principal propriétaire et le coût du matériel complètement hors de portée de la plupart des petits studios. Ils ne pouvaient que rêver à la production de leur propre film, et les défis sont beaucoup trop exigeants pour être facilement surmontés et certainement pas sans un investissement important de la part de la trésorerie.

Dans les faits, si vous vouliez faire un film, vous deviez louez tout ce dont vous aviez besoin. Dans l’animation il fallait construire et cela était un peu trop long pour des jeunes cinéastes inspirés. Cette situation a maintenant changé, les technologies nécessaires sont beaucoup plus accessibles, ce qui est une barrière en moins à lever, et nous voyons de plus en plus de longs-métrages d’animation indépendants atteindre le marché, ce qui ne peut qu’être une bonne chose pour l’industrie. L’année dernière 21 films ont été recensés aux Etats-Unis, un record, mais encore bien en-dessous de ce que j’espère où nous pourrons aller. En moyenne, les Etats-Unis produisent plus de 300 films, ce qui donne à l’animation un tout petit pourcentage sur l’ensemble.

D’un autre côté, nous avons la chance que les animateurs talentueux fassent partie de la plupart de ces films, sinon la totalité, en prises de vues directes – pas toujours appréciés ou récompensés de manière appropriée pour leur service. Mais je m’écarte de la question de l’identification des différents défis d’être producteur indépendant.

L’animation est une méthode merveilleuse pour raconter des histoires. En soi, c’est un art en mouvement mais utilisé dans le but de faire des longs-métrages. C’est un outil unique qui peut inspirer et divertir le public à travers le monde et ces films peuvent devenir intemporels et voyager de génération en génération. Nous avons tous grandi aux côtés des films d’animation classiques réalisé bien avant notre naissance et cette tendance s’est poursuivie, mais nous ajouterons bientôt à cette liste des classiques les films indépendants à savourer longtemps dans l’avenir.

T. C. : Qui étiez-vous quand vous aviez 18 ans ?

M. H. : A 18 ans, je travaillais, ayant arrêté l’école à 15 ans et travaillé comme enfant acteur depuis l’âge de 11 ans. Ma vie était le cinéma, films et programmes télévisés (tout ça en Angleterre). J’ai travaillé sur quelques grandes scènes d’action, des pièces de théâtres et à la télévision, tout en profitant de ce que l’éducation m’a apporté. Donc, à 18 ans, j’ai passé six mois à travailler pour une compagnie de théâtre anglophone à Nairobi, au Kenya. Une expérience incroyable pour un jeune homme. J’ai vécu la transition du colonialisme à l’indépendance. 25 ans plus tard, au nom de Walt Disney Company, j’ai présenté Le Roi Lion à la première à Nairobi. C’était un « cercle de vie » pour moi, un retour au source, pour y avoir vécu plusieurs années auparavant.

T.C. : Quand avez-vous vous su que vous vous destineriez alors à l’animation ?

M. H. : J’avais la gestion d’une reconstitution d’une pièce importante de John Osborne, The Entertainer, et malheureusement, ou heureusement, avec du recul, la production a échoué et fermé au bout de seulement quelques semaines. J’étais sans travail et je me demandais qui pourrait bien être mon prochain employeur, et le téléphone a sonné. C’était un collègue que j’avais rencontré un an plus tôt et qui travaillait maintenant pour Walt Disney, et ils étaient à la recherche de quelqu’un pour les aider à gérer un studio à Londres pour la production de Qui veut la peau de Roger Rabbit. Je me demande souvent où ma carrière aurait pu aboutir si The Entertainer avait été couronné de succès … Disney aurait appelé et j’aurais répondu : « Merci beaucoup d’avoir pensé à moi, mais je suis sous contrat et je ne suis pas disponible ! ». Le changement de destination a été remarquable et une fois que j’avais compris le processus d’animation, j’ai réalisé qu’une grande partie de mon expérience était directement en lien avec l’animation. Tout d’abord en reconnaissant que l’art de l’animation était un outil pour raconter des histoires : c’était du divertissement.

T. C. : Peut-on alors dire que votre vie est depuis ce jour une « vie animée » ?

M.H. : C’est du cliché ! (rires) J’ai réussi à développer une carrière qui m’a emmené tout autour du monde, m’a fourni un langage universel : celui de « l’animation ». C’est un lien, une connexion, qui est comme « un passeport artistique », un visa qui permet de communiquer dans un même lieu commun. Je remercie cette opportunité tous les jours.

T.C. : Pouvez-vous nous dire quel est votre plus précieux souvenir de quand vous aviez entre 18 et 25 ans ?

M.H. : J’ai travaillé sur beaucoup de grandes productions au théâtre, l’une sur le travail de Noël Coward (dramaturge et acteur, il est l’une des influences les plus importantes du théâtre du XXème siècle à la fois au Royaume-Uni et aux Etats-Unis). Il avait 70 ans et j’avais 20 ans, je ne l’ai rencontré qu’une seule fois, mais être illuminé par son travail durant le spectacle, qui a duré près de deux ans, ça a changé ma vie. Aussi, à 25 ans, je suis allé en Australie pour la première fois. Quel pays remplis de gens merveilleux qui sont devenus des amis pour la vie, et ils jouent au cricket ! Un jeu que j’aime et auquel je joue encore.

Max-Howard

T.C. : Maze Magazine est un magazine écrit par des jeunes entre 17 et 25 ans. (Le magazine a remporté cette année le prix pour le meilleur contenu aux “Dot Award 2013”). C’est un magazine fait par des jeunes pour des jeunes (mais pas que). Qu’aimeriez-vous nous transmettre ?

M.H. : Learn what you can and then be yourself. Apprenez ce que vous pouvez et soyez vous-même. Vivez dans le présent, mais créez l’avenir. Comprenez les règles pour ensuite les contester. Et n’oubliez jamais, quand vous vous poserez cette question : vous passerez le relais en le remettant avec une joie dans votre cœur et vous ne vous ferez pas cette réflexion que « c’était mieux quand c’était vous », car ça n’aura jamais été le cas. N’oubliez jamais que de toute façon vous aviez fourni une aide aux jeunes désireux d’entendre vos paroles.

T.C. : Pour les futurs réalisateurs, animateurs, producteurs … quel serait votre conseil ?

M.H : Mon conseil en tant que producteur : Équilibrez la vision créative avec les ressources dont vous disposez, en vous rappelant qu’il n’y a jamais assez de temps et jamais assez d’argent. Le secret est de savoir comment vous utilisez le temps et la façon dont vous dépensez l’argent. Comprenez cela et vous apprécierez ce que vous ferez. Évitez les frustrations en embrassant des deux côtés de la réalité du cinéma : la créativité et la productivité, elles sont vos partenaires.

T.C. : Avez-vous un film que vous avez découvert dernièrement et qui vous a diverti ?

M.H : Django Unchained … Je suis un enfant des années 60 et ce film m’a rappelé ces grands « westerns spaghetti » que j’appréciais tant à l’époque. C’est aussi du Tarantino et je suis en quelques sortes une « ventouse de ses films ». Il obéit à toutes les règles classiques de narration, explore les thèmes familiers mais apporte une sensibilité unique et fraîche avec lui. Je sais que vous vouliez peut-être de l’animation … Le Tableau est un de mes films préférés « indépendant ». J’ai aimé l’exploration du préjudice. J’ai vraiment aimé ParaNorman et à peu près n’importe quoi venant de Paris et de la brillante équipe de MacGuff.

T.C. : Ai-je oublié de vous demander quelque chose ?

M.H : Peut-être cela : Sur quoi travaillez vous actuellement et quand pourrons-nous acheter un billet ?

Je travaille sur plusieurs films dans différentes étapes de procédures, et, bien que je ne puisse pas parler des projets eux-mêmes, je peux partager avec vous que je travaille avec un certain nombre de studios et de producteurs indépendants pour les aider à atteindre leur objectif de création de longs-métrages, à un prix raisonnable, qui auront d’excellentes chances de rentrer en résonance avec un public international.

Je tenais à remercier particulièrement Max Howard pour le temps qu’il nous a accordé et Rosemary Healy, ainsi que Max howard consulting group.

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