ARTCINÉMA

Exposition Antarctica : l’empire des sens

Des manchots qui dansent, une plongée dans les profondeurs de l’antarctique ou un coucher de soleil sur la banquise, petits et grands en rêvent. En 2005, Luc Jacquet offrait au monde l’immense film documentaire La Marche de l’Empereur et montrait comment un manchot faisait de la luge. En 2016, au Musée des Confluences, l’équipe du cinéaste nous invite dans le monde des profondeurs glaciales avec Antarctica, une exposition-expédition époustouflante.

Passer un palier de décompression

La première salle est une invitation à entrer en douceur dans l’exposition, à se préparer avant d’entrer dans l’obscurité des profondeurs. L’équipe nous présente tout, dans les moindres détails. A trop fantasmer l’héroïsme d’une telle équipe d’explorateurs, la réalité prend un tout autre sens : matériel image de très haute qualité, protections contre le froid, combinaisons de pointe, la fameuse caméra sous-marine… Avant même de nous présenter leur travail, l’équipe se dévoile à nous, nous montre l’avant, ce qu’il y a derrière les images et le rêve, nous rappelant ainsi que, comme le visiteur, l’équipe était aussi faite de chair et d’os. Cette idée se confirmait à travers les quelques mots prononcés par les membres de l’équipe, que nous pouvions écouter et voir grâce à deux écrans présents dans la pièce. Au début de l’expédition, ils étaient surs d’une seule chose : se préparer était vital et indispensable. D’une autre manière, ils nous préparaient aussi à la suite, commençaient à nous raconter une histoire, leur histoire.

Être en proie à la Narcose

Au-delà du rideau séparant la première pièce du reste, nous entrons dans les profondeurs ; « le monde du silence » comme l’appelait le commandant Cousteau. Dans certaines salles, l’exposition nous plonge complètement dans l’obscurité et nous invite à contempler, assis, des images d’une qualité et d’une précision incroyable. Les images ne sont pas seules, elles ont toujours comme meilleurs compagnons des sons d’ambiance, alliant les vents puissants aux sons de de la faune et de la mer.

Dans d’autres salles, Antarctica nous invite à s’amuser, à rire et à rester fasciné de ce qui semble être à la fois de l’ordre du génie et de la bêtise. En effet, voir des manchots qui sortent à toute vitesse de la mer avant de s’écraser dans un plat majestueux sur la banquise aux allures de sucre glace invite forcément à l’extase. Certains visiteurs s’esclaffaient tellement que l’on aurait pu les croire en proie à la narcose, ces hallucinations visuelles et auditives que seuls les plongeurs et apnéistes connaissent.

Crédits : Vincent Mugnier

Crédits : Vincent Mugnier

Un autre dispositif pour le documentaire : précurseur ?

Dans la dernière salle immense d’Antartica, devant des couchers de soleil incroyables captés par l’équipe de Luc Jacquet et projetés à 360°, quelques ventilateurs au plafond viennent soulever nos cheveux et effleurer nos peaux : le sensible est poussé jusqu’au toucher. L’exposition se veut totale, et arrive à installer une ambiance et des sensations. Avec ce projet, la forme documentaire vient trouver un autre espace que nos téléviseurs et nos salles de cinéma. Image, montage, son, mise en scène et narration s’y mêlent intelligemment, ajoutés à quelques explications scientifiques nécessaires. Le cinéma documentaire, ici, donne alors une nouvelle liberté au visiteur/spectateur : il se voit offrir la possibilité de se balader comme bon lui semble entre les images, de revenir en arrière, de s’attarder, de contempler, de courir à la dernière salle. Fidèle au projet d’origine du musée des Confluences souhaitant donner davantage d’autonomie au visiteur, l’exposition Antartica, bien que trop courte, est une expérience merveilleuse.

Exposition à découvrir jusqu’au 31 décembre 2016.

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