CINÉMA

Dragons 2 réchauffe nos coeurs d’enfants

Force est de constater que, depuis sa création en 1994, DreamWorks Animation a fait preuve d’ambitions artistiques pour le moins déconcertantes. En effet, les productions privilégiaient constamment un humour approximatif et un rythme artificiel.  Pendant tout ce temps, du Monde de Nemo à Wall-e en passant par Les Indestructibles, le studio rival Pixar Animation offrait sans cesse des films définitifs. Pourtant, depuis 2008 avec le réjouissant Kung Fu Panda, une remise en question de fond a été opérée pour voir émerger, à quelques accidents près comme Megamind en 2010, des films plus ambitieux et qui, surprise, se préoccupent de raconter une véritable histoire avec de véritables personnages. C’est dans cette optique qu’est sorti en 2010 le très agréable Dragons, et le 2 juillet chez nous, sa suite logique.

L’enjeu de cet opus est simple : notre héros Harold accompagné de sa créature Krokmou, partent à la recherche d’un mystérieux Drago qui est en train de former une armée de dragons. Cependant sur leur chemin, le jeune homme va faire la rencontre de sa mère, qu’il n’a jamais connu. Le postulat est ainsi posé : Dragons 2 place ses personnages au centre de ses enjeux pour ne jamais les quitter, même lors des effets pyrotechniques de mise en scène. En effet, les relations entre les différents protagonistes et surtout le trio familial avec le père, sont traitées avec justesse, sincérité et respect. Cette volonté ne sera à aucun moment trahie, et encore moins lors des séquences d’actions qui ne sont pas pensées comme des scènes closes, indépendantes du reste, mais un lieu où les rapports entre les personnages y trouvent un formidable écho et développement.
L’autre bonne surprise est le fait que ces personnages se retrouvent également au centre des problématiques de mises en scène. Ainsi, au détour d’un plan qui vient intelligemment iconiser le destin du héro, le réalisateur Dean DeBlois tente de traduire le cœur de son histoire, de ses personnages et plus généralement de son univers par un moyen propre au cinéma, l’image. En effet on ne compte plus les cadres pensés et travaillés, comme celui où au premier plan les deux chefs se battent et à l’arrière le combat entre leurs dragons respectifs, vus comme leur prolongement. Force est de constater que le film recèle de vrais petits moment de cinéma, dont la première apparition de la mère au milieu des nuages digne d’un Miyazaki, ou plus généralement tous les plans de vols magnifiés par la 3D. D’ailleurs, au détour d’un mouvement de caméra ample au milieu d’un champ de bataille, on se met à rêver à l’utilisation du relief dans les prochaines scènes dantesques de guerre par Peter Jackson dans son dernier Hobbit, en fin d’année. On peut également citer les décors dont le travail et l’inspiration transpirent à chaque image, loin des arrière- plans passe-partout d’un Age de glace. Cette réussite s’explique, à certains égards, par la petite collaboration amicale du grand Guillermo Del Toro, remercié au générique de fin, dont les combats entre les alphas – de gigantesques dragons – rappellent ceux des kaijus dans son galvanisant Pacific Rim.  Certains dialogues en font directement référence : “il faut des dragons pour tuer des dragons” au lieu de “pour combattre des monstres on a créé des monstres”.

Droits Réservés

Droits Réservés

Toutefois, on pourra légitimement émettre des réserves sur des seconds rôles souvent inintéressants et pas franchement utiles dont une ado travaillée par ses hormones ou encore le design des différents dragons. En effet, à vouloir constamment arrondir les visages, leur “effet Pokémon” a du mal à susciter une quelconque intimidation et le fait que ce soit un film à destination des enfants n’est pas une justification. Malgré tout, rien de suffisant pour entacher le sentiment d’une “envie de travail bien fait” qu’inspire le film. Face à un studio Pixar qui enchaîne les suites sans âme tel que Monstres Academy et les projets consensuels comme Rebelle, DreamWorks est bien en train de devenir l’un des studios actuels majeurs de l’animation U.S osant s’aventurer sur le terrain de l’émotion pure.

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