CINÉMA

Cannes 2017 – Avec le cinéma, on parle de tout

“ Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d’autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout.” Jean-Luc Godard avait raison et cette citation résonne encore. Lui qui bien que physiquement absent était plus que jamais présent pour cette 70ème édition du Festival de Cannes. Magnifiquement interprété par un Louis Garrel métamorphosé dans Le Redoutable de Michel Hazanavicius (reparti bredouille de cette compétition), le Maestro du cinéma a brillé par sa non présence dans le touchant documentaire d’Agnès Varda et du photographe JR où il apporte une certaine contribution au scénario.

Et si on peut parler de tout au cinéma, on parle aussi de sujets qui résonnent avec l’actualité. Ce n’est pas un hasard si une grande majorité des journalistes français – nous compris – avaient l’espoir que la fresque de Robin Campillo, sur le combat d’Act up, 120 battements par minute reparte avec la Palme d’or. Au même moment où Cyril Hanouna stigmatisent humilie la communauté gay, montrant que l’homophobie est malheureusement plus que présente aujourd’hui en France. Le film repartira finalement avec un Grand Prix largement mérité.

Mais finalement après dix jours de cinéma, de débats interminables dans des files d’attentes elles-aussi interminables, de coups de soleil, d’un nombre incalculable de cafés gratuits pour tenir, de pronostics vains, de coups de cœur et de déception, le jury a tranché et c’est le film The Square de Ruben Östlund qui repart palmé. Un résultat que l’on ne comprend toujours pas. Notre autre gros coup de coeur du festival, L’Amant double qui méritait amplement d’enfin récompenser le réalisateur français François Ozon est quant à lui reparti les mains vides. Mais nous avons été heureux et en accord avec le jury pour Sofia Coppola (prix de la mise en scène pour Les Proies), Diane Kruger (prix de l’interprétation féminine pour Aus dem nichts de Fatih Akin) et Joaquin Phoenix (prix d’interprétation masculine pour You were never really here de Lynne Ramsay). Mise à mort du cerf sacré de Yorgos Lanthimos (prix du scénario ex-aequo) et Happy end de Michael Haneke continue quant à eux de diviser notre rédaction mais que serait le cinéma sans ces désaccords ?

Et si il y a bien un film pour lequel nous sommes montés au septième ciel, c’est Jeune Femme de Leonor Séraille avec la fascinante Laetitia Dosch, qui repart de la Croisette avec la Caméra d’or. Parce que c’est un premier film, parce que c’est un film fait par des femmes, parce que c’est un film qui parle des femmes, parce que comme l’a souligné l’actrice Jessica Chastain le Festival de Cannes ne met pas encore assez en avant les femmes d’aujourd’hui que l’on croise tous les jours mais qu’on a bon espoir. Un jour on arrêtera de souligner la présence de femmes à des postes importants d’un tournages parce que ce sera devenu banal. On attend ce jour avec impatience et le 71ème festival nous donnera peut-être raison.

J'entretiens une relation de polygamie culturelle avec le cinéma, le théâtre et la littérature classique.

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