CINÉMA

Arthur Dupont : « J’aimerais jouer un boxeur ou un vrai méchant »

Il est plutôt discret et pour cause il choisit très bien ses scénarios. Il est adorable mais voudrait jouer un personnage méchant. Il est plutôt joyeux mais interprète un croque-mort dans Grand Froid le premier long métrage de Gérard Pautonnier. Maze a rencontré le comédien Arthur Dupont et on a parlé de sa vision du personnage au cinéma.

Arthur, tu es à l’affiche de Grand Froid avec Jean-Pierre Bacri et Olivier Gourmet c’est le premier long métrage de Gérard Pautonnier. Dans ta filmographie il y a beaucoup de premiers longs, c’est un choix ou une pure coïncidence ?

Oui c’est vrai qu’il y a plusieurs réalisateurs dont c’était le premier long. Je pense à François Pirot et Mobile Home, Patrick Bossard. Mais c’est un pur hasard car ce sont des choix que je fais. Je réagis au scénario et pas parce que c’est un premier film. Si le scénario me plaît et qu’il y a quelque chose à faire de bien avec, je me lance.

Comment s’est faite la rencontre avec Gérard Pautonnier ?

Par casting. Je passais l’audition pour le court-métrage L’Étourdissement qui est en festival en ce moment.  Pour le long métrage, ça s’est fait naturellement. C’était plus facile de commencer par le court pour ensuite faire le long. D’ailleurs c’est aussi l’adaptation d’un bouquin de Joel Egloff comme Grand Froid.

Tu dis que tu es très attaché à l’écriture qu’est ce qui t’as plu dans ce scénario un peu particulier ? Tu partages cette idée qu’on peut rigoler de la mort ?

Il faut en rigoler. Justement, ce qui m’a plu, c’est l’ambiance suspendue entre la vie et la mort. Les personnages sont perdus avec des questionnements métaphysiques qui les hantent mais ils sont présentés avec beaucoup de tendresse et d’humour. Le scénario est déjà agréable à la lecture.

Et le livre tu l’avais lu ?

Non je ne l’avais pas lu parce qu’on voulait se fier à l’adaptation et non au bouquin. Je pense que je vais le lire maintenant d’ailleurs.

Comment vous avez travaillé ce trio de croque-morts avec Olivier Gourmet et Jean-Pierre Bacri ?

On a d’abord fait des lectures pour être clair sur les doutes qu’on pouvait avoir, poser les questions qu’on voulait, émettre des propositions sur un mot plutôt qu’un autre ou sur un texte. Ensuite, sur le plateau on a beaucoup rigolé pour créer ce lien entre nous. Non pas qu’il faut absolument rigoler pour créer un lien mais dans ce cas-là le rire nous a quand même aidé. C’est un lien très agréable le rire. Pour travailler, nous nous sommes  appuyés sur le texte et sur les personnages qu’on joue. La construction se fait entre ce qu’on se dit du personnage, ce que l’on sait de lui et ce que l’on voit de l’autre personnage en face de nous par l’échange qu’on peut avoir avec nos partenaires. C’est comme ça qu’on a travaillé.

Tu peux nous dire qui est ton personnage ?

Eddy, il n’est pas arrivé là par vocation ou par choix. Ce n’était pas un but en soi de bosser dans les pompes funèbres. Il avait besoin d’argent pour vivre et il a le permis alors que le rôle de Jean-Pierre Bacri ne l’a pas. II faut bien un chauffeur pour les enterrements. Mais lui, c’est quelqu’un d’optimiste, il est dans la vie. Il est curieux il ne regarde pas derrière mais devant, quitte à voir des formes dans le ciel. Au final, il n’est pas naïf mais plutôt candide. Et en même temps Eddy apprend à travers les autres personnages comment l’humanité a peur de mourir ; et surtout par Georges que joue Jean-Pierre Bacri. Il grandit aussi, il sort un peu de sa candeur à la fin et ça l’aide à faire des choix.

Chaque comédien à sa méthode, comment tu t’appropries un personnage toi ?

Pour moi, c’est le texte, les situations et comment le metteur en scène te dirige dans les premiers instants, en lecture. C’est ça le personnage aussi, si tu es tout seul avec un personnage ce n’est pas évident mais si tu as un metteur en scène avec toi ça te permet d’avoir un regard, de pouvoir bouger et d’être malléable. Tu deviens aux yeux de l’autre le personnage. Donc le texte, c’est aussi se raconter comment il réagit aux choses. Parce que tu ne vas pas réagir pareil si tu es quelqu’un de timide, d’extraverti, quelqu’un qui a peur ou qui est lâche. Il faut remplir les cases du personnage.

Dans ta filmographie quel est le personnage qui se rapproche le plus de toi ? Et pourquoi ?

Celui de Mobile Home. Ce film c’est une super aventure et François Pirot est un super scénariste et auteur et il se trouve que le personnage me ressemble. Parce qu’il a mis de la musique dedans, parce qu’il y a le rapport à la famille. Je ne suis plus ce personnage là aujourd’hui mais il m’a beaucoup ressemblé.

Et est-ce qu’il y a un personnage que tu n’as jamais joué et que tu aimerais bien interpréter ?

Moi, j’aimerai jouer un boxeur ou un vrai méchant. C’ est ça que j’aimerai chercher en moi, ce truc. J’aimerai aller plus loin dans l’être humain. Un personnage plus rentre-dedans, plus costaud même. Être sur un rôle où je dois prendre de la masse à un moment donné pour un personnage ou me teindre les cheveux. Je voudrais travailler pour que ce soit un personnage, pas simplement que ce soit un tel dans tel film. Mais plutôt, c’est un tel qui joue tel mec. Et c’est ce mec-là qui est important.

Dernière question, tu parlais de ton rapport à la musique tout à l’heure et une génération de jeunes s’est quand même identifiée au film Bus Palladium où tu as composé et chanté les chansons. Tu as des projets dans la musique ?

Oui j’ai un groupe avec un pote, ça s’appelle KA music, d’ailleurs on fait quelques concerts en ce moment. Tu peux aller écouter sur soundcloud.

 

J'entretiens une relation de polygamie culturelle avec le cinéma, le théâtre et la littérature classique.

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