CINÉMA

Annecy 2017 – « Cars 3 », on the road again

Troisième volet d’une trilogie de films les moins intéressants de Pixar, Cars 3 a été présenté au Festival d’Annecy en avant-première française et le jour de sa sortie américaine. Sans être le plus mémorable du studio, cet opus renoue avec un traitement exigent et sérieux de son histoire.

La séquence d’ouverture donne le ton. Avec un zapping des victoires de Flash McQueen le film repose les bases de la saga pour ceux qui arriveraient en court de route. Tout d’un coup le ton devient crépusculaire et une course se conclue par l’accident du héros. La vitesse et le bruit des moteurs font place au ralenti et au silence, de quoi rendre le choc encore plus violent. A partir de ce rebondissement, le film délaisse le ton rigolard des précédents (le personnage de Martin est mis de côté) pour un traitement plus sérieux et recentré sur le parcours de son personnage.

L’accident de Flash McQueen confondant de réalisme – Copyright 2017 Disney•Pixar.

Make road movie great again

Cars 3 renonce à la voie du film d’espionnage empruntée par le second volet pour renouer avec le genre du road movie de l’original. Comme analysé par Jean- Baptiste Thoret, ce genre cinématographique a pour but de faire reproduire aux personnages la conquête du continent opéré par les pionniers américains. À travers ce voyage, c’est un retour aux sources qui est recherché pour retrouver son identité. C’est ce que va faire Flash McQueen en retournant dans l’Amérique profonde pour retrouver ce qui faisait sa force. L’histoire est alors plongée dans une douce atmosphère d’Americana rafraîchissante.

Le scénario dresse une success-story a priori classique mais qui est renouvelée de l’intérieur. Traditionnellement dans ce genre d’histoire, le héros va vivre des échecs, mais surtout des petits succès au fur et à mesure, jusqu’à l’accomplissement final. Ici le film prend un malin plaisir à accumuler les séquences écrites sur le même mode : une victoire que l’on pense inévitable qui est brusquement interrompue systématiquement par un échec. Alors que l’on pensait cette succession répétitive et vaine, le final va habilement convoquer toutes ces scènes pour en faire la synthèse. Surtout, et sans dévoiler la fin, le dénouement s’écarte de la tradition pour proposer une conclusion alternative.

L’autre élément qui retient notre attention est la manière dont est dépeinte l’écurie dans laquelle Flash va commencer son entraînement. Dès son arrivée on lui déroule le tapis rouge, on le flatte avec ses multiples victoires, on lui présente de nouveaux outils dernières générations etc… En creux on devine une description des manœuvres opérées par les studios hollywoodiens (dont Disney et Pixar) pour attirer les talents.

Conflit de génération – Copyright 2017 Disney•Pixar.

 

Animation vrombissante

Comme toute production de Disney Pixar, l’animation est irréprochable. La grande diversité de paysages et de conditions météorologiques est confondante de réalisme. Il faut souligner le travail sur une lumière plus tamisée qu’à l’accoutumée (sur la plage ou à travers le brume) qui augmente l’effet de réel. Sans compter les éclaboussures et la boue qu’on croirait avoir été filmées en live. La sensation de vitesse sur les circuits, déjà présente dans les précédents, semble ici décuplée.

Quant à la mise en scène, elle lorgne encore plus sur celle des films en live action, notamment avec l’utilisation de la longue focale et des panoramiques rapides. Relevons la ressemblance troublante (disons une coïncidence) d’un plan avec celui de Speed Racer des Wachowski, qui voyait une voiture se retourner sur elle-même en passant par-dessus une autre au ralenti.

Sans être d’un souvenir impérissable, Cars 3 a le mérite de se concentrer sur ses personnages et de raconter une histoire avec sincérité. L’âge d’or de Pixar n’est pas encore retrouvé, mais face à la production concurrente, c’est déjà beaucoup.


Cars 3, de Brian Free, sortie le 2 août 2017

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