CINÉMAFestival de Cannes

Cannes 2017 – Okja : un divertissement engagé

Film Netflix, objet de scandale – avant même sa projection – Okja le dernier film de Bong Joon-ho est en compétition dans la sélection officielle de cette 70e édition. À la fois comédie et critique sociale, Okja aurait pourtant pu  recevoir un bon accueil dans les salles. Surtout quand on se penche sur ce casting plutôt particulier qui réunit Tilda Swinton, Jack Gyllenhaal et Paul Dano.

Avant même sa projection au Festival de Cannes, Okja, le dernier film du réalisateur coréen Bong Joon-ho, était déjà au centre de la polémique à cause de son distributeur : Netflix. Ce dernier avait annoncé quelques mois avant l’ouverture du festival qu’Okja ne serait pas diffusé en salles mais bel et bien réservé aux abonné•e•s. Il ne fallait pas plus que l’annonce d’un film en compétition pour la Palme d’or non diffusé dans une salle de cinéma pour alimenter un scandale cannois. Seul•e•s les festivali•er•ère•s ont donc ce privilège de l’avoir vu au cinéma. Alors que le film était diffusé à la séance du matin de 8h30, l’apparition du logo Netflix a quand même déclenché les sifflets d’une partie de la salle.

Cette comédie de Bong Joon-ho délivre pourtant un message politique important qui mériterait d’être vu par tou•te•s. La multinationale américaine Mirando (dont le nom  est d’ailleurs  très proche de Monsanto) tente de redorer son image en mettant en place la reproduction d’énormes cochons génétiquement modifiés qu’ils garantissent pourtant “naturels et sans OGM”. La directrice de cette entreprise familiale, Lucy Mirando (Tilda Swinton) organise alors un énorme show télévisé (animé par Jack Gyllenhaal) en envoyant ses cochons dans différentes filiales aux quatre coins du monde afin d’élire le meilleur super cochon. L’un d’eux nommé Okja grandit en Corée avec une petite fille et son grand-père. Ce n’est donc absolument pas un remake de Babe, puisque ce cochon là ne ressemble pas au petit cochon rose. Okja est plutôt un énorme hippopotame assez monstrueux mais aussi le meilleur ami de Mija avec qui il vit depuis dix ans dans la montagne.

Un disney politique

Ramené à la réalité, le cochon est repris par Miranda et ramené à New-York. La jeune fille part alors à sa poursuite, bien décidée à ramener son compagnon en Corée. Elle est aidée dans sa quête par un groupe de défense des animaux (dirigé par Paul Dano) qui veut dénoncer les actions de la multinationale à travers le traitement des animaux dans les abattoirs ou encore les OGM. Cette comédie prend à ce moment deux tournures. Visuellement et via cette histoire d’amitié entre l’enfant et l’animal, le réalisateur nous entraîne à la fois dans un Disney et dans un dessin animé asiatique.

Mais c’est aussi une critique sociale très ancrée dans la réalité. Puisque Bong Joon-ho se fait ici le porte-parole de la cause animale et dénonce les pratiques des grandes multinationales. Pour cela, il utilise une humour très satirique parfaitement ancré dans le personnage interprété par Tilda Swinton – toujours aussi magnétique.

Malgré ce message fort, Okja reste un divertissement et un film qui ne marquera pas forcément ce 70e festival. De plus, le scandale qui l’entoure risque de lui donner un désavantage au moment de la décision du jury.

J'entretiens une relation de polygamie culturelle avec le cinéma, le théâtre et la littérature classique.

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