CINÉMA

Marie et les naufragés – La Bretagne, ça vous gagne

Pour son quatrième long-métrage, Sébastien Betbeder nous fait le portrait de naufragés. Autant naufragés sur une île, tel des Robinson Crusoe, que dans la vie, les trois protagonistes (Siméon, Antoine et Oscar) tentent tant bien que mal de donner un sens à leur existence. Et cette quête de sens ne pourrait-elle pas être une course-poursuite après une fille, Marie (la toujours géniale Vimala Pons) qui les mènera sur une île bretonne ?

Le film a déjà commencé et d’un coup il semble se mettre sur pause. Un personnage (tour à tour Siméon, Antoine, Marie, Oscar) se retrouve seul face au spectateur et commence à dérouler sa biographie, comme une personne que l’on rencontrerait un jour et dont on se dépêcherait d’aller consulter son compte Facebook pour tout savoir de son parcours. Mais si le passé des personnages intéresse Sébastien Betbeder, leur présent et leur futur aussi ! Déjà son précédent long-métrage, le sublime 2 automnes 3 hivers, nous donnait à vivre une proximité presque inédite au cinéma avec chacun des personnages. Le procédé est prolongé dans ce nouveau film qui prend tout de même la forme d’un récit plus classique.
Le cinéma de Sébastien Betbeder semble marqué par le dérèglement, des règles narratives classiques tout d’abord, mais aussi celui qu’exerce la vie sur les personnages et leur besoin d’aller ailleurs pour se dérégler à nouveau. L’ailleurs est vraiment ce qui anime ce cinéma : que ce soit un séjour à la montagne dans 2 automnes 3 hivers, l’île de Groix dans Marie et les Naufragés et le Groenland dans Le Voyage au Groenland (à venir). L’île de Groix est moins envisagée comme un simple décor que comme un personnage à part entière.

Un véritable goût du romanesque anime ce cinéma. Celui d’un récit qui étonne constamment, ne semble pas toujours savoir où il va, de la même manière que les personnages du film. Les nombreux personnages sont toujours essentiels, par leur utilité de révélateur d’un personnage principal par exemple. Mais même le moindre personnage secondaire n’est pas négligé et peuvent apporter une véritable illumination au film, comme celui de Wim (Wim Willaert) au début du film. L’épaisseur de chaque personnage doit beaucoup au casting du film : de Pierre Rochefort à Eric Cantona en passant par l’hilarant Damien Chapelle et André Wilms qui incarne un démiurge pop d’inspiration Sébastien Tellier période Pepito Bleu. C’est d’ailleurs le compositeur de La Ritournelle qui signe la très bonne BO qui transforme le final de Marie et les naufragés en un moment extatique.

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