Déjà présent l’an dernier avec L’inconnu du lac (dans la catégorie “Un certain regard”), Alain Guiraudie est le premier français de cette édition à présenter son film dans la compétition officielle. Tout sourire, le réalisateur et ses acteurs ont dansé un peu de french cancan en haut des marches hier soir.
Si l’on veut résumer l’histoire de ce film quelque peu loufoque, c’est celle d’un looser (interprété par Damien Bonnard) qui rencontre une femme dans une prairie (India Hair) et se retrouve avec un bébé sur les bras. Vu comme ça, ce n’est peut-être pas très attirant, mais le film a la force de briser toutes les limites et tous les codes pour créer un univers riche et stimulant pour le spectateur. En effet, si le film se présente d’abord comme une histoire très simple, celle d’une rencontre amoureuse et d’une naissance, il accélère très vite et passe la barrière du fantastique pour proposer des séquences et des retournements narratifs parfaitement fous. Pour autant, le recours à ces éléments absurdes qui délivrent le film de sa direction originelle n’apparaissent pas comme de simples béquilles scénaristiques car ils acquièrent une certaine cohérence d’ensemble qui fait du film dans son ensemble un drôle de rêve. De plus, on ne peut que saluer la photographie du film (notamment les scènes de nuit) et le travail remarquable des acteurs. Aussi, c’est un vrai plaisir de découvrir les paysages français ruraux sur grand écran, d’explorer cette géographie délaissée du cinéma que sont les campagnes profondes.
Rester Vertical, c’est peut-être le film dont on avait besoin à l’heure des Nuits Debout, de la crise politique et de l’essoufflement du cinéma français. “Rester Vertical”, c’est peut-être aussi la devise du film lui-même tant il ne s’arrête jamais pour regarder en arrière. En bref, le film d’Alain Guiraudie apparaît comme une sorte d’éléctron libre qui échappe aux genres, aux codes et à la mollesse actuelle du cinéma français ; c’est le coup de poing déjanté dont on avait besoin.
