CINÉMA

Dans la cour

Une bonne comédie avec une Catherine Deneuve impériale et un Gustave Kervern au sommet.

Antoine est un chanteur qui ne trouve plus goût à la vie. Il a des petites tendances dépressives et il est plutôt bien porté sur la boisson. Au chômage, il trouve un job de gardien d’immeuble. C’est par ce prisme que l’on observe différentes vies, que différents portraits sont réalisés. C’est ainsi que née la relation entre Antoine et Mathilde, maniaco-dépressive et délicieusement folle. Intelligemment le film traite de la dépression quotidienne, qu’elle soit plus ou moins grave et du sentiment de solitude que peut entraîner le quotidien. Il aborde les problèmes de M. Toutlemonde, qui se focalise sur un petit quelque chose de stupide pour changer sa routine. Il fait cela habilement, de manière subtile et avec beaucoup d’humour. Mais sa grande force est de mêler à cet humour de chaque instant un zeste de dramatique. On ne fait pas que rire de ce problème, on est aussi ému car on voit qu’il touche énormément de personnes, de manière de plus ou moins prononcée. Et puis bien sûr, même si les personnages sont caricaturaux pour nous amuser, on se retrouve par moments chez eux (ce qui peut être assez inquiétant !).

Derrière cette comédie, se cache aussi un film plein de références cinématographiques. On retrouve derrière ce couple étonnant Deneuve-Kervern celui de Fenêtre sur cour, avec Grace Kelly et James Stewartt. Dans le film d’Hitchcock c’est pour l’enquête que l’on observe l’immeuble. Ici on observe aussi le fonctionnement et le quotidien des habitants mais d’un œil plus sociologique. L’autre grande référence vient du personnage de Mathilde. Elle est obnubilée par la fissure qui orne le mur de son appartement. Et dans Répulsion, de Roman Polanski toujours avec Deneuve, elle devenait totalement folle à cause d’une fissure. Sauf qu’ici on en rigole alors que dans Répulsion, cela prend un tour psychologique bien plus déstabilisant.

Que dire justement du duo improbable Kervern-Deneuve. Entre celui qui vient de Groland, qui a tout de l’apparence clichée du cinquantenaire gauchiste et celle que l’on considère comme la grande dame du cinéma français, symbole mythique de l’élégance à la française, se lie une complicité étonnante. Ils sont tous les deux impeccables dans leurs rôles et épaulés par une très bonne flopée de seconds rôles.

Dans la cour s’inscrit dans la lignée des bonnes comédies française, à la réalisation classique mais propre et aux dialogues jubilatoires. Elle n’est pas exempt de tout reproche, ce n’est évidemment pas le film de l’année mais avec ce film une chose est sûre : le cinéma français va bien.

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