CINÉMA

« Le secret des Marrowbone » – Horror ibérique

Énième héritier de l’école de Guillermo Del Toro dans le genre horrifique, Sergio S. Sanchez réalise son premier long métrage avec Le secret des Marrowbone. L’occasion d’insuffler dans le genre codifié de maison-hantée une approche espagnole.

Quatre frères et sœurs emménagent précipitamment dans une maison au bord de l’océan avec leur mère. Lorsque celle-ci vient à mourir, ils n’ont d’autre choix que de se cacher pour ne pas être séparés. La maison devient alors de plus en plus menaçante envers ses hôtes.

Avant de se lancer dans la réalisation, Sergio S. Sanchez avait travaillé en tant que scénariste sur les films de son compatriote Juan Antonio Bayona. L’Orphelinat traitait déjà d’un drame familial sur fond de maison-hantée, et The Impossible d’une famille éclatée.

On ressent toute l’influence du cinéma d’épouvante espagnol de ces dernières années dans le traitement à la fois visuel et narratif de l’histoire. On ne s’étonnera donc pas de retrouver une imagerie similaire à L’Orphelinat, Juan Antonio Bayona officiant ici en tant que producteur.

 

© Metropolitan FilmExport

 

L’épouvante retrouvée

La première réussite du film est de retrouver une approche épurée des scènes d’épouvantes. Le genre horrifique est dominé depuis plusieurs années par les réalisations de James Wan (Insidious, Conjuring) et sa manie de souligner au feutre gras n’importe quel élément surnaturel. Ici la mise en scène est posée, dégraissée de tout superflu pour mieux faire remonter à la surface l’épouvante.

A ce titre le film nous offre quelques beaux moments de tension authentique. Chaque cadre, chaque contre champ, chaque élément sonore vient ajouter une nouvelle pierre à l’édifice. Pour son premier film, Sergio S. Sanchez privilégie donc une approche sincère et classique du genre.

© Metropolitan FilmExport

 

Tel est pris qui croyait prendre

L’autre bonne surprise du film est le caractère ludique du scénario. Tout habitué du film de maison-hantée sait que l’histoire cache une importante révélation finale (le secret du titre). Le spectateur va alors chercher à dénicher tous les éléments qui lui permettent de deviner le final.

Le scénario va alors laisser traîner derrière lui des indices. Dès la moitié du film, tous ceux qui sont intimes avec cette tradition du genre penseront avoir deviné le final. Alors que le spectateur se croyait plus malin que le film, celui-ci va l’enfermer dans son propre piège. On se rend alors compte que depuis le début plutôt que d’avoir une longueur d’avance, nous étions manipulé.

Sans avoir l’ambition de tout révolutionner, Le secret des Marrowbone offre une relecture honnête et respectueuse du genre. Une preuve supplémentaire, s’il en fallait, que l’Espagne accouche depuis une décennie de cinéastes prometteurs qui compteront dans le cinéma d’épouvante de demain.

 

 

Le secret des Marrowbone, de Sergio G. Sánchez, sortie le 7 mars 2018, 1h51, © Metropolitan FilmExport

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