CINÉMA

«  My Beautiful Boy » – Deux acteurs au sommet

Après cinq longs métrages nominés ou récompensés, My Beautiful Boy, le dernier film de Felix Van Groeningen, a suivi le même chemin avec des nominations aux SAGAwards, aux Golden Globes et au Festival International du Film de Toronto, entre autres.

My Beautiful Boy est tiré de Beautiful Boy : A Father’s Journey Through His Son’s Addiction de David Sheff et de Tweak : Growing Up on Methamphetamines de Nic Sheff. Deux points de vue d’une même histoire, celle de David et de son fils prometteur Nic, et de la descente aux enfers de ce dernier à travers la drogue.

C’est le premier film américain de Felix Van Groeningen. Le réalisateur belge a également écrit le scénario avec Luke Davies (scénariste de Lion) Pour ce film, comme pour les cinq derniers, le directeur de la photographie Ruben Impens et le chef monteur Nico Leunen collaborent avec Felix Van Groningen et Brad Pitt est notamment un des producteurs du film.

Du côté du casting, on retrouve Maura Tierney (la série The Affair) dans le rôle de Karen, ainsi qu’Amy Ryan, dans le rôle de l’ex-femme de David. Pour l’anecdote, Maura Tierney a fait une apparition dans la série The Office, tandis que Steve Carell et Amy Ryan y jouait un couple barré.

Le charismatique Timothée Chalamet (Call me by your Name) incarne Nic. L’acteur franco-américain a d’ailleurs été nominé plusieurs fois dans le rôle du meilleur acteur dans un second rôle pour son rôle dans My Beautiful Boy. Il livre une prestation très touchante d’un personnage perdu. Steve Carell, qui joue David, est depuis peu un habitué des rôles dramatiques et cela lui va bien. Du personnage comique de Michael Scott de The Office à celui, très différent, de David Sheff de My Beautiful Boy, Steve Carell est bluffant. Il est bouleversant dans le rôle du père meurtri. Les deux acteurs offrent une prestation poignante toute en finesse, se livrant sans retenue, corps et âme.

La relation qui unit le père et le fils est très profonde. De la plus tendre enfance de Nic à son adolescence, les deux individus se portent une réelle affection, un amour immense et une complicité que l’on peut rarement apprécier au cinéma entre un père et un fils. On a l’image de deux hommes vulnérables, s’aimant d’un amour incommensurable, l’un papa poule, l’autre fils au bord de l’abîme. C’est d’ailleurs cela qui est très beau et touchant à voir. Cependant, plus l’histoire avance et plus le lien entre Nic et David se délie. Nic grandit, torturé et, plongé dans l’addiction, dans son monde, se coupe de sa famille. Et en particulier de David, qui regrette les moments que lui et son fils partageaient. Le père reste impuissant face aux rechutes systématiques de son fils, blessé même, par cet enfant qui est la source de ses tourments. La honte et la pensée de décevoir son père empêche Nic de demander l’aide dont il aurait besoin. Seul l’intérêt fait revenir Nic vers son père et non l’amour, la drogue étant désormais l’unique chose dont ait besoin l’adolescent – en apparence en tout cas.

La famille que David a construite avec Karen patit bien sur de ce rapport entre lui et son fils. Sans cesse rongé par l’inquiétude, David consacre moins de temps à ses autres enfants et Karen souffre de voir son mari aussi angoissé mais le soutient autant que possible.

La musique est un des liens qui relient David et Nic  : en effet, on voit le père dans les bureaux du magazine Rolling Stone pour lequel il écrit, les posters dans la chambre de Nic à l’effigie de divers d’artistes, et les souvenirs où le père et le fils écoutent de la musique ensemble… La bande son vient appuyer cela, étant composée uniquement de morceaux déjà existants de groupes rocks, punks ou grunges. Et bien sur la chanson Beautiful Boy de John Lennon.

David et Nic sont les deux personnages principaux du film, ce dernier n’est pas plus axé sur l’un ou l’autre des personnages. My Beautiful Boy innove aussi par le fait que les thèmes de l’addiction et de la drogue se situent dans un milieu plutôt aisé, généralement présenté dans des milieux précaires, tout comme le film Ben is Back, sorti en janvier. Les deux films d’ailleurs, se ressemblent sur plusieurs points.

La réalisation du film, sans être exceptionnelle, présente de très beaux plans, et surtout, de ravissants décors. Malgré son rythme irrégulier, l’histoire reste tout de même intéressante mais sans tenir en haleine le spectateur. Ce drame dépeint un amour douloureux et poignant, d’un père et son fils, et du chemin ardu à se sortir d’une addiction. Le jeu des acteurs est vraiment exceptionnel, et le film vaut d’être vu pour ça. Une histoire qui peut même faire couler quelques larmes, alors, si vous êtes sensible, prévoyez les mouchoirs.

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