CINÉMA

Ciné news – César 2019 : « Jusqu’à la garde » en majesté, « Le Grand bain » délaissé

Chaque semaine, la rédaction vous résume l’actualité du cinéma, dominée cette fois par la 44e cérémonie des César.

César 2019 : Jusqu’à la garde au sommet

Il était attendu, mais ça ne rend pas son triomphe moins éclatant. Jusqu’à la garde, film qui dénonce les violences conjugales, réalisé par Xavier Legrand est le grand gagnant de cette 44e cérémonie. Quatre prix, dont meilleur film et meilleure actrice pour Léa Drucker. Un film pour dénoncer les violences conjugales : « quand on a tourné le film en 2016, il y avait 123 femmes qui avaient été assassinées par leur conjoint et ex-conjoint. Aujourd’hui, depuis le 1er janvier 2019, 25 femmes ont été assassinées, ce qui veut dire qu’on est passé à une femme tous les deux jours, alors qu’en 2016 c’était une tous les trois jours », a rappelé Xavier Legrand. A noter également, le carton de Shéhérazade, de Jean-Bernard Marlin : meilleur film, et meilleurs espoirs féminin et masculin pour Kenza Fortas et Dylan Robert, acteurs non-professionnels.

Jamais deux sans trois pour Jacques Audiard, de nouveau lauréat du César du meilleur film pour Les Frères Sisters : « je suis ému (…) J’admire mes confrères et mes consœurs. Si je fais du cinéma, c’est parce que vous en faites », a déclaré le réalisateur. Au rang des récompenses principales, Alex Lutz emporte le César de meilleur acteur pour sa performance et sa transformation physique dans Guy ; Les Chatouilles d’Eric Métayer et Andréa Bescond glane deux récompenses, meilleure adaptation et meilleur second rôle féminin pour Karine Viard.

Le grand perdant de la soirée, c’est Gilles Lellouche et son film dix fois nommé Le Grand Bain qui n’obtient qu’une seule récompense, le meilleur acteur dans un second rôle, pour Philippe Katerine.

Bruno Ganz est redevenu un ange

Le week-end dernier a été marqué par la disparition de l’acteur suisse Bruno Ganz à l’âge de 77 ans. Grand comédien venu du théâtre, il était dépositaire depuis 1996 de l’anneau de Iffland, plus haute distinction en langue allemande. Au cinéma, il aura incarné plus de 80 rôles, de l’ange gardien des Ailes du Désir de Wim Wenders à son rôle récent, aux antipodes, de Verge, passeur des enfers (The House That Jack Built de Lars Von Trier), en passant par sa troublante incarnation d’Hitler dans La Chute d’Oliver Hirschbiegel. Après avoir tourné devant la caméra de Rohmer, Bertolucci, Herzog ou Coppola, il devrait apparaître une dernière fois à l’écran dans le prochain film de Terrence Malick, Radegund, dont la sortie est prévue cette année. Une ultime façon de rendre hommage à un talent immense, d’une grande humilité mais inoubliable.

Copyright Wim Wenders Stiftung 2017

Synonymes et Grâce à Dieu récompensés par la Berlinale

La Berlinale a rendu cette semaine son verdict ! Le jury présidé par Juliette Binoche a ainsi couronné De l’Ours d’Or Nadav Lapid et le controversé Synonymes, qui dresse le portrait de Yaov, ancien combattant de Tsahal qui cesse de parler hébreu et se lance dans une quête obsédée de la langue française pour marquer son opposition à la politique d’Israël. C’est la première fois qu’un réalisateur israélien reçoit la plus haute distinction décernée par la Berlinale. François Ozon a quant à lui reçu le Grand Prix du Jury pour Grâce à Dieu qui a bouleversé la Berlinale. Le film retrace l’histoire des fondateurs de l’association stéphanoise (St Etienne) « La Parole Libérée » qui ont médiatisé les abus sexuels perpétrés notamment par le père Preynat lors de camps scouts dans la région de Lyon. Un film qui résonne profondément, dérange et bouleverse les consciences, à quelque mois du sommet historique sur la « protection des mineurs » qui se tiendra du 21 au 24 février prochain au Vatican. En témoignent les accusations d’un des avocats du père Preynat, visant François Ozon et son film et demandant le recul de la sortie de celui-ci, car jugé à charge contre le père Preynat dont le procès n’a pas encore eu lieu. La justice s’est heureusement prononcée en faveur du film d’Ozon qui est bien sorti ce mercredi 20 février dans les salles.

Un casting étoffé et une date de sortie pour le Dune de Denis Villeneuve

C’est lancé : Dune de Denis Villeneuve sortira le 20 novembre 2020 aux États-Unis. Ce futur space opera, adapté du roman culte de Frank Herbert, continue de faire frétiller d’impatience mais aussi d’anxiété les fans et les détracteurs du réalisateur canadien. À cette annonce vient s’ajouter la participation de Jason Momoa (Game of Thrones, Aquaman) au casting en tant que Duncan Idaho, le maître d’armes de la famille Atréides. Le hawaïen rejoint donc les récents Javier Bardem en tant que Stilgar le Fremen et Josh Brolin en Gurney Halleck, l’instructeur du jeune Paul Atréides. Ce casting exceptionnel se veut être à l’image de ceux rassemblés par Jodorowsky dans les années 70 et par David Lynch pour sa version de 1984. Le tournage du nouveau Dune débutera ce printemps.

James Bond 25 repoussé de deux mois

La prochaine mission de l’agent secret favori de Sa Majesté semble parcourue de soubresauts. En effet, après l’écartement de Danny Boyle (Trainspotting) du projet – qui était censé réaliser cette nouvelle aventure de 007 – le script est appelé à être remanié, repoussant la date de sortie initialement prévu en février 2020. Scott Z. Burns (La vengeance dans la peau) a été choisi pour réécrire le matériau de base rédigé par Neal Purvis et Robert Wade. Une telle manœuvre n’est jamais rassurante pour l’équilibre artistique d’un film à gros budget. Très mystérieux et toujours sans titre, ce 25ème volet sera la dernière apparition de Daniel Craig dans le rôle du magnétique agent en costard. Si tout se passe comme prévu, le film sortira en avril 2020, avec Cary Fukunaga à la réalisation (True detective saison 1). Vodka martini please !

Casino Royale 2006 Real : Martin Campbell Daniel Craig COLLECTION CHRISTOPHEL

Freddie Highmore et Uma Thurman invités d’honneur de Séries Mania– Lille

Après Kad Merad et Patrick Duffy l’année passée, Freddie Highmore et Uma Thurman seront les invités d’honneur de la deuxième édition du festival Séries Mania. La célèbre Mariée de Kill Bill viendra présenter Chambers, sa nouvelle série produite par Netflix. Freddie Highmore, l’ancien serial killer de Bates Motel devenu un Good Doctor sur ABC sera aussi de la partie. Aux côtés de ces deux figures du petit (et du grand) écran américain, Charlie Brooker et Anabel Jones, les deux showrunners de la série Black Mirror. Tous deux animeront une masterclass très attendue. Côté jury, nous pourrons retrouver Julianna Margulies (Urgences), Audrey Fleurot (Engrenages), le réalisateur Thomas Lilti (Première AnnéeHippocrate) et la romancière Delphine de Vigan. À la présidence du jury, Marti Noxon, connue et reconnue pour son travail d’écriture et sa casquette de productrice sur Buffy contre les vampires,Grey’s AnatomyGlee ou encoreUnREAL. En plus de ce name dropping impressionnant, la programmation du festival promet de jolies surprises : une soixantaine de séries programmées, des projections, des avant-premières, des ateliers, des expos, un escape game… Du beau monde donc et de nombreux événements gratuits, à retrouver entre le 22 et le 30 mars à Lille !

César 2019 : Alain Attal, producteur de l’année

Quelques jours seulement avant la cérémonie des Césars, le producteur Alain Attal (Trésors Films) a reçu le prix de producteur de l’année ce mardi 19 février. Ce Prix Daniel Toscan du Plantier lui a été remis pour les films Le Grand bain de Gilles Lellouche et Pupille de Jeanne Herry, deux films qui ont été salués au cours de l’année. Le premier est nommé dix fois et le second sept fois pour cette 44e édition. Alain Attal n’a pas manqué de remercier son co-producteur Hugo Sélignac (Chi-Fou-Mi Productions) dans son discours : «  un grand merci au producteur Hugo Selignac, cette année pour moi, c’est lui et moi et notre collaboration, avec nos talents. C’est un rapport producteur, réalisateur qui est ce soir plébiscité et je trouve ça ‘chanmé’ d’etre aussi proches et fusionnels de réalisateurs comme Gilles Lellouche et Jeanne Herry, qui sont talentueux et qui, en plus, ont oublié d’être relou. Ces deux-là ont kiffé et on les a fait kiffer, merci beaucoup ! »

© Bestimage
J'entretiens une relation de polygamie culturelle avec le cinéma, le théâtre et la littérature classique.

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