CINÉMA

Liste subjective des scènes de sexe les plus inspirantes du cinéma

Le mois de février rime avec amour et pour un plus grand nombre d’entre nous avec désespoir. Vous avez compris de quoi il s’agit, nous allons évoquer la fête des amoureux, la fameuse Saint-Valentin. A l’occasion de cette fête attendue et redoutée, nous avions envie de faire une liste très subjective des dix meilleures scènes de sexe au cinéma. L’occasion pour nous de vous donner des idées ou de vous faire fantasmer. Que le lecteur se rassure tout de suite, nous ne parlerons pas de Fifty Shades of Grey. Promis.

Zabriskie Point, Michelangelo Antonioni (1970)

Michelangelo Antonioni, trois ans après son chef-d’oeuvre Blow-Up, choisit de filmer l’Amérique des années 1960 dans un contexte de rébellion étudiante et de libération sexuelle. Il choisit pour cadre principal la Vallée de la Mort où une étudiante et un jeune militant se rencontrent. À cette occasion, Antonioni nous livre probablement l’une des scènes de sexe les plus chaudes du cinéma. Au cours de cette scène qui dure 6’16 (chronomètre en main), Mark et Daria s’embrassent, se dénudent… Une scène au départ intimiste qui se transforme très vite en orgie dans le désert où les corps dénudés en plein coït prolifèrent et se roulent dans la poussière. Tout au long de cette hallucination, la musique de Jerry Garcia monte crescendo. L’un et le multiple se mêlent sur les dunes de sables de la Vallée de la Mort. Une véritable consécration du sexe qui semble évoquer le repeuplement de l’humanité entière et nous donne envie de croire en une société nouvelle. Notons également que Pink Floyd a composé quelques musiques de la bande originale. Un film qui, quarante ans plus tard, est stupéfiant de modernité.

La Reine Margot, Patrice Chéreau (1994)

« C’est avec la Reine Margot que j’ai appris à faire du cinéma » disait Patrice Chéreau. Ce film, adapté du roman d’Alexandre Dumas, est un chef-d’oeuvre incontournable du cinéma français. On se souvient d’abord de cette scène d’ouverture déconcertante des « noces vermeilles » où Marguerite de Valois (catholique) est forcée par sa mère Catherine de Médicis d’accepter pour époux le roi Henri de Navarre (protestant) afin d’apaiser les tensions religieuses qui règnent dans la Cour. Nous sommes en 1572, le film traite des six jours suivants le mariage jusqu’au massacre de la Saint-Barthélemy. Mais c’est une toute autre scène qui nous concerne. Dans la première partie du film, Marguerite de Valois, interprétée par la sublime Isabelle Adjani, se promène masquée et y rencontre La Môle (Vincent Perez, sexy comme jamais). Celui-ci vient de se faire voler son argent, mais qu’il se rassure : « Pour toi ça sera gratuit », lui dit Marguerite. S’en suit une scène courte, mais intense, de sexe entre les deux protagonistes contre le mur froid d’une petite ruelle. Pour autant, la scène n’en est pas moins torride… Attention tout de même, c’est Marguerite qui insiste : « Pas la bouche ! ».

Love, Gaspar Noé (2015)

Projeté à la dernière édition du Festival de Cannes en séance de minuit, le film Love a su faire parler de lui et, comme tous les films de Gaspar Noé, divise. Le film traite d’un triangle amoureux avec des scènes explicites réalisées sans trucages et tournées en 3D. Si l’on peut reprocher à Gaspar Noé son narcissisme tout au long du film, la scène d’ouverture de Love mérite sa place dans ce classement. Ouverture en fondu, Murphy et Paula se masturbent lentement devant l’objectif. Une scène de sexe frontale très élégante, sublimée par la Troisième Gnossienne d’Erik Satie qui vient teinter cette scène d’une douce mélancolie. Un plan-séquence intimiste d’une classe terrible où ces deux corps nus sous un éclairage simple nous envoûtent et nous hypnotisent, jusqu’au moment où Murphy jouit enfin dans les mains de sa partenaire… et que s’achève les dernières notes de la Gnossienne de Satie.

Les Amants, Louis Malle (1958)

Dans Les Amants, Jeanne Moreau interprète une femme mariée au directeur d’un journal, qui s’ennuie dans sa vie luxueuse à Dijon. Elle se rend une fois par mois à Paris pour voir sa meilleure amie et son amant, joueur de polo. À sa sortie le film va faire scandale dans les milieux catholiques qui essaient de faire interdire le film. Lors de sa distribution aux États-Unis les procès vont s’enchaîner, à tel point que la Cour Suprême a du définir ce qu’était la pornographie à l’écran afin de juger si le film était pornographique ou non. La raison de tout ce scandale ? La scène que nous avons choisi de mettre dans ce top, scène considérée comme “première scène d’amour du cinéma français” selon François Truffaut. Cet extrait se compose d’un seul plan qui va suivre la main de Jeanne Moreau. Tout le potentiel érotique de cette scène repose sur le hors-champ dans lequel se déroule l’action. On commence notre périple en regardant le visage de Jeanne Moreau, visiblement exaltant de plaisir. Sa main va lentement descendre entraînant la caméra avec elle, jusqu’au moment où elle va s’arrêter pour laisser Jeanne Moreau prononcer cette phrase : “Prends ma main” faisant surgir une mystérieuse main du haut de l’écran pour attraper celle de Jeanne Moreau et permettant au spectateur de comprendre que son partenaire est en train de réaliser un cunnilingus. Mais la présence de Jeanne Moreau dans cette scène ne suffit-t-elle pas à résumer le potentiel érotique de l’extrait ?

Sailor et Lula, David Lynch (1990)

© The Samuel Goldwyn Company

© The Samuel Goldwyn Company

C’est l’amour fou entre Sailor et Lula. Mais pour vivre pleinement leur amour, ils doivent s’éloigner de Marietta, la mère de Lula qui s’oppose à cette union. En route vers le Texas. Le film met en scène Nicolas Cage (Sailor) veste en croco et lunettes de soleil noires qui sort tout juste d’un centre correctionnel pour avoir tué un homme et Lula interprétée par une Laura Dern d’une sensualité folle. Aucun doute, ce film est le plus rock’n’roll de la filmographie de David Lynch. Une scène particulièrement sensuelle : les retrouvailles, en début de film, de Sailor et Lula… Des riffs endiablés de heavy metal, un filtre rouge incandescent… La scène sexe la plus rock de notre top se terminant sur l’image d’une cigarette qui s’allume une fois le sexe consommé…

Antichrist, Lars Von Trier (2009)

© Zentropa

© Zentropa

Que serait un film du cinéaste danois Lars von Trier sans polémique ? Antichrist, présenté en Sélection Officielle au Festival de Cannes en 2009, a suscité de nombreuses réactions à la suite de sa projection, pour la plupart négatives. Le film nous plonge dans la vie d’un couple qui vient de perdre leur enfant et se réfugie dans une cabane au fond d’une forêt. Antichrist choque notamment pour ses scènes violentes de sexe, non simulées. Le prologue du film, filmé en noir et blanc et au ralenti (1 000 images par secondes !) est d’une beauté esthétique à couper le souffle, le tout accompagné d’une aria de Georg Friedrich Haendel « Lascia ch’io pianga ». Dans cette scène, Willem Dafoe et Charlotte Gainsbourg sont en plein ébats sexuels dans la salle de bain tandis que leur enfant saute par la fenêtre. Ceux qui connaissent le cinéaste savent que chez Lars von Trier le sexe n’a rien de romantique mais est plus lié à la mort ou à la perte. Ici la mort du fils est mise en parallèle avec l’orgasme de la mère.

J’ai tué ma mère, Xavier Dolan (2009)

J’ai tué ma mère, sorti en 2009, est le premier long métrage de Xavier Dolan. Le film raconte l’histoire d’Hubert (joué par Xavier Dolan lui-même) qui se retrouve étouffé dans une relation amour-haine avec sa mère, jouée par la sublime Anne Dorval. Il est ici question de l’étreinte amoureuse entre Hubert et son petit copain, Antonin (joué par François Arnaud), durant une séance de peinture au bureau de la mère d’Antonin, le tout sous l’œil de Jackson Pollock et Valérie Damidot. Je vous l’accorde cela n’annonce rien de bien sexy mais les inserts de peintures projetés sur les murs au rythme de la musique de Noir Désir, les plans zénitaux sur ce couple faisant l’amour sur des journaux qui servent autant à protéger le sol qu’à s’y agripper… Tout cela donne à voir une scène de sexe multicolore, clipesque comme Xavier Dolan sait bien le faire et qui aura servi de fantasme à toute une jeunesse homosexuelle.

Eyes Wide Shut, Stanley Kubrick (1999)

© Hobby Films / Pole Star / Stanley Kubrick Productions / Warner Bros.

© Hobby Films / Pole Star / Stanley Kubrick Productions / Warner Bros.

Eyes wide shut est le dernier film de Stanley Kubrick. Sorti en 1999, il met en scène Tom Cruise et Nicole Kidman, jeune couple bourgeois, dans un New-York nocturne. On va suivre le docteur Bill Harford (Tom Cruise) qui est bouleversé lorsque sa femme Alice (Nicole Kidman) lui annonce qu’elle avait envisagé de le tromper. Outre les nombreuses scènes d’orgies masquées, le Dr. Bill Harford va avoir des visions de sa femme en plein adultère. Ce sont ces scènes oniriques qui vont attirer notre attention. Elles se répètent plusieurs fois tout au long du film. Chaque scène se compose d’un plan filmé en noir et blanc avec un filtre bleu. On y voit sans artifice Nicole Kidman en plein ébat avec un marin. Ces scènes qui relèvent de l’imaginaire et du fantasme du Dr. Bill Harford vont nous apparaître à la limite du kitsch et pourraient être tout droit sortie d’un film érotique.

Une Histoire immortelle, Orson Welles (1968)

Ce film réalisé par Orson Welles est une commande de l’ORTF (cocorico), c’est aussi le premier film en couleur réalisé par Welles, on va y retrouver (de nouveau) Jeanne Moreau qui va nous éblouir de sa présence. Welles joue Charles Clay, un vieux marchand américain sentant venir la fin de sa vie, qui va payer deux inconnus afin de donner vie à une vielle légende. La scène d’amour que nous avons choisi est la première scène de sexe explicite de la carrière d’Orson Welles. On se retrouve dans le lit avec Jeanne Moreau et Norman Eshley qui lui saute dessus pour lui faire l’amour après une discussion concernant la vraie identité du personnage joué par Jeanne Moreau. Les plans vont être saccadés, le montage brut. S’enchaînent ensuite les plans sur les visages des protagonistes puis sur leurs corps, jusqu’au moment où Jeanne prononce un très sexy  « It’s an earthquake ! Did you feel that ? », lorsque Norman Eshley commence à lui faire l’amour.

Alors inspirés ?

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