CINÉMA

12 Years A Slave : l’Amérique face à son histoire

Peu de films sur l’esclavage existent. Après Hunger et Shame, Steve McQueen a pris le risque de traiter ce thème en réalisant 12 Years a Slave, un drame inspiré d’une histoire vraie et vraiment bouleversante. Depuis le 22 Janvier, nous pouvons aller voir en salles les performances inégalables de Chewitel Ejiofor dans le rôle de Solomon Northup et de Michael Fassbender.

Solomon Northup, musicien et originaire de New-York, est un homme libre. Lors d’un séjour à Washington, celui-ci se fait kidnapper avant d’être vendu en tant qu’esclave. Ce sera le début de douze années de torture, passées à essayer de garder sang froid, fierté et espoir. 12 Years a Slave  est en fait l’adaptation du livre qu’a écrit Solomon après avoir enduré son calvaire. C’est terriblement émouvant, vous ne serez pas sans verser une larme si vous ne vous retenez pas. Cependant, le scénario ne fait pas tout. La mise en scène, la beauté de la photographie et les jeux d’acteurs sont tout justes impressionnants. Des plans sont à couper le souffle et Ejiofor nous livre une prestation des plus poignantes. Pour couronner le tout, une bande originale signée Hans Zimmer. Autant vous le dire maintenant plutôt qu’attendre la fin de l’article : 12 Years a Slave est un chef d’œuvre. Le magazine Premiere emploie “choc cinématographique” et le film a reçu le prix de meilleur film dramatique aux Golden Globes, on comprends pourquoi.

Au travers de ce film très touchant et réaliste, on a énormément de violence. Certaines scènes sont vraiment très dures à regarder. Ces coups de fouet qui font si mal c’est tout juste horrible. Or, il n’y a pas que la violence physique dans tout ça, la violence morale est tout autant atroce. La liberté n’existe pas, les esclaves sont arrachés à leurs familles, ils ne savent même plus s’ils veulent vivre. C’est révoltant, vous l’aurez compris. 12 Years a Slave est un film très riche, certains personnages sont plus approfondis que d’autres et c’est vraiment très intéressant. Celui de Fassbender est très subtil et légèrement caricaturé. On a beaucoup d’intensité de par tous les sentiments qui y sont traités : le courage, la bravoure, la fierté, l’angoisse, le désespoir, la honte… L’ancien système est dénoncé comme jamais, et le portrait des esclavagistes est vraiment émouvant. A noter que le jeu de l’actrice Lupita Nyong’o est sensationnel. La souffrance, ce n’est pas facile à incarner, mais elle le fait à merveille. On trouve dans ce film, trois rapports maître/esclave, en passant du “bon” au plus cruel, ou disons du plus humain au moins humain. Pourtant, Steve McQueen n’est pas tellement d’accord. Pour nous, le maître qui semble le plus bon, est pour lui le pire des personnages. Il le considère comme le pire des hypocrites car il est conscient mais ne fais rien et le Fassbender sauvage aurait selon le cinéaste, “le mérite d’être clair”. C’est un point de vue très intéressant et l’étude de tous les personnages pourrait prendre un temps fou.

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http://www.salon.com

Il semble que ce soit une adaptation fidèle du roman éponyme de Solomon Northup, selon les lecteurs. La vérité est que les films les plus durs et les plus dramatiques sont souvent les meilleurs. Ici, on trouve une légère touche de romance, mais juste ce qu’il faut. On apprécie les silences somptueux. Ce film est vraiment rempli de beauté. On est là, loin du blockbuster. Quelques longueurs à signaler, mais rien de grave. C’est difficile d’écrire une critique sur un film comme celui là. Toujours est-il que Steve McQueen brise les tabous : à son actif trois films sur l’emprisonnement politique, l’addiction au sexe, et l’esclavage. Il marque les esprits. Ses films sont beaux tant dans la forme que le fond.

Vous serez captivés du début à la fin en allant voir 12 Years a Slave. C’est une vraie claque, ne le manquez surtout pas. Âmes sensibles s’abstenir, frissons garantis.

21 ans. Passionnée de cinéma et étudiante en Audiovisuel. Rédactrice cinéma et musique à Maze.

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