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Les Utopiales 2017 – Un événement hors du temps

Le récit d’une jeune passionnée de science-fiction au festival des Utopiales de Nantes en l’an de grâce 2017, pour parler du Temps et s’en mettre plein les pupilles.

Se rendre au festival des Utopiales, c’est comme faire un bond d’une longueur inconnue dans un futur incertain, ou mettre des lunettes déformantes pour voir notre présent. Le festival international de la science fiction et de l’imaginaire réunit chaque année à Nantes, pendant une semaine, une foule d’artistes, d’écrivains, de médecins, scientifiques, scénaristes, dessinateurs, éditeurs, entrepreneurs, réalisateurs, venant du monde entier pour partager nos visions du présent, et nos rêves (ou cauchemars) du futur.

Un événement hors-normes

Dans un énorme hangar, vous trouverez pêle-mêle : des conférences en veux-tu en voilà sur tous les sujets possibles comme la machine à voyager dans le temps, la problématique des vaccins dans nos sociétés, l’humour dans la science fiction, le réchauffement climatique, les fake news ou le concept de mémoire. Mais aussi des rencontres avec des auteurs tel que Lewis Trondheim, auteur mi-figue mi-raisin du philosophique Lapinot et de l’épopée spatiale décalée d’Infinity 8, Emma Newman autrice de science fiction qui sort son premier space opéra et entend bien s’imposer dans ce genre un peu (trop) masculin, Francis Eustache, scientifique et spécialiste de la mémoire et des neuroscience, et Hao Jingfang écrivaine chinoise dont le livre Folding Beijing raconte la ségrégation de la capitale chinoise sur un plan spatial mais aussi temporel !

Il y a des projections en avant-premières, notamment dans le cadre du concours des courts (et longs) métrages des Utopiales. Mais aussi des séances spéciales où plusieurs films, plus ou moins connus et plus ou moins vieux sont projetés pour le plus grand plaisir des cinéphiles. Une exception cette année avec le bientôt mythique Mutafukaz, œuvre hybride franco-japonaise, au rythme et dessins haletants, qui n’a malheureusement toujours pas trouver de distributeurs en France et n’est réservé pour l’instant qu’aux heureux festivaliers.

On peut trouver dans cette formidable caverne d’Ali-Baba moult expositions, et nous citerons celle de Laurent Durieux, illustrateur de renom et auteur de l’affiche des Utopiales cette année, ainsi que celle sur La Horde du Contrevent signée Eric Henninot, scénariste et dessinateur de cette nouvelle Horde reprise à Alain Damasio sous forme de bande dessinée.

Des expériences plus étranges mais non moins excitantes ont lieu comme la reconstruction d’une Nantes futuristes en lego, ou « La Tram du Temps », reconstruction historique de notre planète avec ses différentes ères correspondant à différents arrêt de tramways au sein même de la ville de Nantes.

Et enfin toutes une variétés de jeux-vidéo en ligne ou sur plateaux avec son lot de conférences et de réflexions sur le secteur en question.

Des Etats Généraux pas si imaginaires

Les Utopiales c’est aussi l’occasion des Etats Généraux de l’imaginaire : comment améliorer et faire évoluer le domaine de la science fiction et des littératures de l’imaginaire en France ? Un panel d’écrivains, de libraires, d’éditeurs, de bibliothécaires et de lecteurs se trouvait dans la salle Tschaï au matin de ce samedi 4 novembre pour discuter du futur de ce secteur qui leur est si cher. Une question revient comme un leitmotiv : comment intéresser et toucher plus de population sur le monde de la SF ? Comment déconstruire le cliché galvaudé du geek enfermé dans sa mansarde pour dévorer livres, jeux-vidéos, et autres supports racontant des histoires abracadabrantesques ? Plusieurs maisons d’éditions comme La Volte, l’Atalante, ou encore Lune d’encre (et bien d’autres) s’escriment avec force et courage pour étendre toujours plus loin l’influence de la science fiction, mais ils ne sont pas encore au bout de leurs peines. Peut être faudrait-il rappeler que la science fiction est avant tout basée sur le réel, sur l’expérience d’un vécu qui s’extrapole la durée d’un livre. Cette expérience du présent permet à des artistes d’imaginer d’avoir un point de vue critique sur nos décisions actuelles et ce qu’elles pourraient donner, dans une galaxie « far far away… ».

Ou alors que c’est un merveilleux moyen de rêver.

Docteur en curiosité, conteuse d'histoire, adepte des vidéos de vulgarisation sur youtube, et fan incontestée d'Alain Damasio, je veux changer le monde (entre autre) et faire dégonfler mes chevilles !

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