ART

Chambers ou l’improbable harmonie

 Jeu de contraste, d’intensité et d’imagination, le travail de Tom Chambers est l’un des plus intriguant de ce vingt et unième siècle. Photographe arrangeur exposant en Europe et en Amérique principalement, l’artiste  allie l’improbable et le réalisme avec une finesse exquise.

Blue Fox

Sa nouvelle série de photographie nommée ”Illuminations” vient de voir le jour en cette année 2O12, voici donc le moment idéal pour découvrir ou redécouvrir ce talent venu de Pennsylvanie. Exposant principalement en Europe et en Amérique, Tom Chambers s’inscrit dans la lignée des artistes modernes qui usent des nouvelles technologies avec doigté. Son approche évoluant aux fil des découvertes graphiques et numériques, l’ancien designer et publiciste qu’il était à ses débuts dans les années 90 a fait place à l’actuel photo-monteur qui s’adonne à cette approche artistique depuis maintenant quatorze ans. Son univers s’articule autour de mises en scènes improbables mais jamais dérangeantes, où tous les éléments, bien qu’éloignés de leur usages communs, entrent en parfaite harmonie dans la composition de ces images, puisque le terme de photographies ici n’est plus approprié. Baignant ces scènes d’une lumière douce qui rappelle bien souvent celles habitant les toiles de la Renaissance, et notamment celles de Taddeo Gaddi et Giotto di Bondone, ses maîtres de l’époque, l’originalité de Chambers tient en des nuances elles aussi improbables, entre contraste impossibles comme dans ”Blue fox” où le sol semble irradier à contrario du ciel, et ces gammes chromatiques à peine enfuies de l’imagination qui laissent s’achever d’eux mêmes les contours des objets sensibles, rendant des airs d’infinis aux perspectives ainsi désamorcées.

 

Absorbée par la recherche d’une esthétique de la subjectivité, chaque œuvre de Chambers peut être prise indépendamment des autres, et recèle de plusieurs interprétations. Cette liberté d’appréhension est une des caractéristiques à laquelle l’artiste accorde le plus d’importance, d’autant plus que cette série est, comme l’indique Chambers dans une interview ”about aesthetics and personal meaning, and less about socio-political ideas” ”tournée vers l’esthétique et le sens personnel, et moins vers les idées socio-politiques”, thème qui l’avait inspiré jusqu’ici.

N’oubliant cependant pas ses origines et son enfance rurale, puisqu’il est né et à grandit dans une ferme, l’on retrouve dans les images de Chambers de nombreux éléments faisant référence à la nature, qu’il s’agisse d’arrières plans bucoliques où inquiétants, ou d’animaux en tout genre. Ces scènes placées dans des extérieurs très aboutis, mettent ainsi l’accent sur l’intensité faussement primaire du message délivré par l’artiste, où il convient de se laisser submerger par les émotions suggérées par cette harmonie de la discontinuité pour comprendre réellement la portée de l’oeuvre.

Way out west

Résidant actuellement à Londres, Tom Chambers s’est vu récompensé de nombreuses fois pour son travail esthétique, et a même inspiré un duo d’artiste, Chris Calla (Death Cab for cutie) et J.Robbins (Jawbox, Burning Airlines) pour la création d’une de leur chanson ”Mercury” basée sur la photo nommée Black dog’s retreat, représentant un chien perché sur un canoë regardant une maison se faire engloutir par les eaux. L’image et le reste des séries de Tom Chambers est consultable sur son site officiel http://www.tomchambersphoto.com/.

Maître ès lettres. Passionnée par la littérature et les arts | m.roux@mazemag.fr

You may also like

More in ART