ART

Esthétique de la route

Entendue de manière plus ou moins bien traitée, vue et revue en images successives, mais aussi dépeinte, peinte et photographiée, l’allée vers le connu et l’inconnu hante de multiples supports. C’est que la route questionne et ouvre la voie à de multiples solutions, à des destins divers. Aussi bien synonyme de liberté, de voyage que de danger, elle possède un aspect particulier selon le doigté et l’idée que s’en fait son modeleur.

La vision de la route peut donc apparaître de diverses manières. Elle peut-être sujet comme support. Nombreux sont ceux qui sont sur la route pour réaliser leurs aspirations. Dans le monde du street art, beaucoup s’essaiment de part et d’autre du globe. Si la route n’est pas ce qu’ils font couler de leur doigts, ils la foulent pourtant dans leur export. Nombre de photographes entretiennent ce même rapport. D’autres ont fait du voyage et de cette exploration leur obsession visuelles, qu’ils nous délivrent à l’envie. De ces deux pratiques un lien réside, il y a l’inspiration certes, mais aussi le périple des festivals.

Paul Verlaine, Les voyages forment la jeunesse, La Revue blanche, 1er semestre 1897

Paul Verlaine, Les voyages forment la jeunesse, La Revue blanche, 1er semestre 1897

L’art, vecteur d’expression, de libération, de transgression, d’innovation et même de provocation. Moyen de changement, mais aussi possibilité de partage. Entre le public et l’auteur d’une œuvre, mais aussi entre les différents acteurs de cette branche culturelle ou ses divers amateurs. Partage entre les cultures et possibilité d’échanger des visions, afin de pouvoir apprivoiser celle du voisin, de pouvoir l’observer, la comprendre ou l’apprécier. En ce sens la mondialisation a ses bénéfices et ses avantages. La route et ses axes deviennent l’immense réseau de la communication humaine, physique et artistique.
L’émergence des festivals au tournant du 19ème siècle et leur fort développement durant la seconde moitié du XXème siècle comme leur multiplication dans ces premières décennies du XXIème, ont facilité ce désenclavement culturel. La route, c’est aussi celle des festivals, celle empruntée par les artistes du monde entier pour se retrouver au sein d’un événement. Pour exposer souvent, mais aussi parfois pour créer in situ de nouvelles œuvres. Partout l’art s’immisce et les observateurs du monde entier tissent leur toile au gré des manifestations.

The Darjeeling Limited - Wes Anderson - Twentieth Century Fox

The Darjeeling Limited – Wes Anderson – Twentieth Century Fox

De l’Europe à l’Asie, il existe dorénavant une manifestation pour chaque discipline. Dans l’art, en épargnant musique et cinéma résident festivals de théâtre et de photographie, parmi lesquelles nous pouvons citer les grands français que sont Avignon ou Arles. Festivals de théâtre de rue ou de cirque sont aussi du manège : le Festival International du théâtre de rue d’Aurillac par exemple, où troupes et compagnies défilent au gré des éditions. La route y est prégnante puisque rue, goudron, et asphalte se font les territoires des mises en espace et des prestations. Théâtre à ciel ouvert malléable, source de bien des rêves d’adultes ou d’enfants.
De toutes ces éditions ressort une ambiance magique, palpable de par leur caractère éphémère. Une fois le baptême festivalier passé, le chemin à parcourir n’a plus d’importance, beaucoup d’efforts peuvent être effectués afin d’y parvenir. Le voyage y est autant physique, culturel que spirituel.
Les troubadours des temps modernes font le pont, la jonction entre deux mondes. Partir en expédition et capturer l’essence du voyage. Une différence en apparence flagrante mais à la frontière poreuse que transgressent beaucoup d’artistes jouant sur les deux fronts.

En amour avec la diversité artistique, immergée dans les images et les sonorités, en quête d'une fameuse culture hybride, à la croisée des idées. Sur la route et sur les rails, entre la France et les festivals.

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