Les expositions du palmarès de la 59e World Press Photo ont débuté dans de nombreuses villes autour du globe depuis mi-avril. Ce concours, mettant à l’honneur le photojournalisme, récompense depuis 1955 les images les plus marquantes sur l’actualité du moment.
Cette année, le palmarès rassemble plus de 40 sujets différents, comme la situation en Syrie, le tremblement de terre au Népal, le réchauffement climatique. Les expositions proposées en ce moment à Berlin, Edimbourg ou encore Amsterdam nous permettent de nous plonger dans l’actualité et, bien plus encore, de vivre les moments forts de l’année dans le monde entier à travers des images bouleversantes.
Le photojournalisme va au-delà du journalisme et de l’information. Ces photos récompensées par le prix World Press Photo sont des photographies qui regroupent l’information, l’émotion et la qualité artistique. Ces photographies deviennent des œuvres à part entière qui jouent un rôle important dans le témoignage de notre histoire. Parmi les photos les plus célèbres récompensées, celle de la petite fille au Napalm prise en 1972 par le photographe Nick Ut Cong Huynh, ou bien encore l’Homme de Tian’anmen surnommé « l’homme au tank », prise en 1989 par Jeff Widener. Ces photos sont devenues des symboles de grand moment de l’histoire et sont maintenant étudiées au même titre que des peintures de David ou des films de Charles Chaplin pour représenter une période de notre histoire. Il s’agit de plus que d’écrire un article dans un journal ou sur un site web qui sera lu puis jeté ensuite et qui aura pour seul rôle d’informer de la situation par des faits et des chiffres. Il s’agit de créer un témoignage vivant qui informe sur un sentiment, une émotion vécue quelque part dans le monde. Elle est ainsi retransmise à l’autre partie de la planète et donne une information plus sensible d’une situation.
Le concours World Press Photo récompense les photos les plus frappantes suivant différents thèmes : les sujets contemporains, les spots d’information, les protagonistes de l’actualité, l’information générale, la vie quotidienne, la nature, les sports, et les projets à long terme. Parmi les événements importants de cette année, les attentats de Charlie Hebdo. La photo prise par Corentin Fohlen lors du regroupement place de la République après les événements devient un témoignage poignant où l’on capte l’expression des visages de chaque personne dans la foule. La lumière, le cadrage des pancartes et les slogans visibles qui sont portés sont mis en scène pour rendre compte le mieux possible du moment présent par l’œil du photographe. De même, la situation en Syrie n’a pas manqué à l’événement du World Press Photo. Sujet crucial et marquant de l’année 2015, la folle aventure des réfugiés syriens que nous avons vécue cet été grâce à des messages enflammés sur le web et la photo de cet enfant syrien mort sur la plage qui a fait le tour de la toile. Les photographes Francesco Zizola et Warren Richardson été sur les lieux et ont vécu avec eux. Leur photos sont pleines d’émotions et nous donne une vision réelle et touchante de la vie des réfugiés syriens.
La photo gagnante du World press photo 2016, en tête de cet article, est celle du photographe australien Warren Richardson. Sa photo représente un homme faisant passer un bébé à travers une clôture barbelée à un réfugié syrien.
Elle a été prise à une frontière serbo-hongroise, près de Röszke le 28 Août 2015. « J’ai campé pendant cinq jours avec les réfugiés à la frontière », explique Warren Richardson. « J’étais épuisé quand j’ai pris la photo. J’ai arpenté le fossé dans tous les sens, pataugeant dans la boue, remontant sur le bord, redescendant, pour photographier ce qui se passait. Il devait être trois heures du matin et je ne pouvais pas utiliser le flash, car la police était à l’affût : ces gens auraient été immédiatement repérés. Je ne pouvais donc me servir que de la lueur de la lune ».
Finalement, on se rend compte que le photojournalisme, c’est plus que de l’information mais aussi plus qu’une création artistique : ce sont les deux ensembles qui soulèvent des problèmes majeurs dans le monde. Ces images sont touchantes, frappantes, parfois terrifiantes, et ce qui est le plus difficile mais les rend aussi plus fortes, c’est leur réalité. Il n’y a ni mise en scène, ni décor dans le photojournalisme. Ce sont des faits – des faits vu par l’œil d’un être-humain.
Vous pouvez retrouver la suite du palmarès sur le site worldpressphoto.org